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Un fait scientifique est-il un fait dont la cause est déterminée ?

Publié le 22/02/2004

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scientifique
Qu'est-ce qui conduisit Newton à la formulation de la théorie de la gravitation universelle ? La pomme que, paraît-il, il reçut sur la tête n'explique évidemment rien, mais on peut remarquer qu'ici comme souvent la légende de la science rejoint l'inductivisme en invoquant les « faits », fussent-ils imaginaires, à l'origine de la théorie. Il faut en vérité comprendre la nature des problèmes que la physique du temps de Newton pouvait se poser, et leurs présupposés théoriques. Pour ce faire, un aperçu de l'histoire des théories physiques du mouvement n'est pas inutile. Pour l'antiquité grecque, avec Aristote, le mouvement est par nature passager, transitoire. Son essence est de finir. Ce n'est pas un état de la matière. L'univers n'est en ordre qu'à l'état de repos.  Le mouvement est alors l'indice d'un désordre -soit comme la cessation de l'état naturel d'ordre (lancer une pierre en l'air)- soit comme tendance à rétablir l'ordre naturel (quand la pierre retombe). Cette théorie semble, il faut le souligner, tout à fait correspondre à certaines données évidentes de l'expérience : chacun peut constater qu'aucun mouvement ne dure indéfiniment.
scientifique

« effet, ce qui est de tout temps et en tout lieu ne peut correspondre à une chose demeurant, commetoute réalité perceptible, en un lieu déterminé et dans un moment déterminé.

Il montre qu'uneconnaissance indubitable doit être universelle.

Et il produit le critère de toute scientificité.Les démonstrations et les notions - par exemple, la définition du triangle -, ne sont pas des réalitésperceptibles.

Aristote en conclut : « il n'y a pas de science par la sensation ». Comme le critère d'universalité présent dans les démonstrations et les notions ne peut être perçu par lessens, il établit que la science repose sur la raison.

Rapprochons ce texte de la seconde des Méditationsmétaphysiques de Descartes*.

Ce dernier pose que seul l'entendement instruit ; Aristote indique que laperception est toujours déterminée.

S'il fonde la science en raison, disqualifie-t-il pour autant le sensible? L'exemple du triangle montre que les mathématiques universelles ne peuvent se fonder sur la perception« individuelle » - propre à l'individu percevant une figure particulière.

En observant une éclipse, nouspouvons la décrire.

Mais, particulière, cette description ne vaut pas pour une explication universelle de «la cause » de l'éclipse. L'observation ne peut fonder la science : n'est-ce pas dire que seules les disciplines purementrationnelles sont scientifiques ? Tout recours à l'expérience semble banni au profit de la seule raison.Mais Aristote ajoute que par « l'observation répétée » nous pouvons atteindre « l'universel ».

Il réhabilitel'observation puisque le raisonnement prend deux formes et atteint l'universel par deux voies : ladéduction et l'induction.

L'auteur élève au rang de science, à côté des mathématiques, la connaissancede tout ce qui concerne les phénomènes naturels. Au nom d'une rationalité de la science, Aristote sauve les sciences fondées sur l'observation.

Et c'est làl'intérêt philosophique de ce texte : faire place à l'empirisme au sein des sciences fondées sur la raison. La science explique correctement les causesPendant longtemps, la biologie a expliqué l'apparition de moisissures et autres organismes par un phénomènede «génération spontanée».

On ignorait l'existence des microorganismes qui en étaient la cause.

La théorie dela «génération spontanée» correspondait bien à un phénomène scientifiquement observable; mais elle n'étaitpas scientifique, car elle donnait de ce phénomène une explication erronée. Un fait scientifique pur n'existe pasUne pomme qui tombe n'est pas a priori un fait scientifique.

Il ne le devient que lorsqu'on l'interprète à traversla «grille» d'une théorie construite au préalable.

Intégrée à la loi de la gravitation universelle, la chute d'uncorps devient un phénomène scientifique que l'on peut expliquer par une théorie générale. Illustrons plus précisément cette idée par un exemple emprunté cette fois à la physique.

Qu'est-ce quiconduisit Newton à la formulation de la théorie de la gravitation universelle ? La pomme que, paraît-il, il reçut sur la tête n'explique évidemment rien, mais on peut remarquer qu'ici comme souvent la légendede la science rejoint l'inductivisme en invoquant les « faits », fussent-ils imaginaires, à l'origine de la théorie.

Il faut en vérité comprendre la nature des problèmes que la physique du temps de Newtonpouvait se poser, et leurs présupposés théoriques.

Pour ce faire, un aperçu de l'histoire des théoriesphysiques du mouvement n'est pas inutile. Pour l'antiquité grecque, avec Aristote , le mouvement est par nature passager, transitoire.

Son essence est de finir.

Ce n'est pas un état de la matière.

L'univers n'est en ordre qu'à l'état de repos.

Le mouvement est alors l'indice d'un désordre –soit comme la cessation de l'état naturel d'ordre (lancerune pierre en l'air)- soit comme tendance à rétablir l'ordre naturel (quand la pierre retombe).

Cettethéorie semble, il faut le souligner, tout à fait correspondre à certaines données évidentes del'expérience : chacun peut constater qu'aucun mouvement ne dure indéfiniment.

A partir du XVII ièmesiècle, les théories modernes du mouvement vont promouvoir celui-ci au rang de passage à celuid'état.

Leur principe fondamental est le principe d'inertie, selon lequel un corps a tendance à conservertout état nouveau qui lui est communiqué : lorsqu'un corps en mouvement s'arrête, c'est donc dû, noncomme le croyait Aristote à des causes inhérentes, mais à des facteurs extérieurs, tels les frottements, la résistance de l'air, etc. Or ce principe d'inertie va poser des problèmes nouveaux.

Par exemple, comment se fait-il que la Terretourne autour du soleil, puisque, selon ce principe d'inertie, elle devrait se mouvoir d'un mouvementrectiligne correspondant à une tangente de son orbite ? Pour Copernic qui, au XVI ième, ne connaissait pas le principe d'inertie, le problème ne se posait pas, et Copernic pouvait considérer alors, comme les Grecs, le mouvement circulaire des planètes comme un mouvement naturel et auto-explicatif.

A l'époque de Newton au contraire compte tenu de l'état nouveau des théories du mouvement, ce qui n'était pas un problème cent cinquante ans plus tôt en devient un.

Il faut expliquerle mouvement orbital des planètes, qui ne s'explique plus de lui-même.

La théorie de la gravitationsera cette explication.. »

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