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Faut-il avoir peur de la technique ?

Publié le 10/02/2005

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technique

Le progrès technique et scientifique consiste en l'acquisition d'aptitudes et de connaissances nouvelles qui dépassent celles qui les précèdent. Le progrès est une amélioration, une évolution positive des techniques et des sciences dont l'homme est l'instigateur. Dans le domaine des sciences et de la technique, le progrès résulte souvent de découvertes, qui parfois se révèlent imprévisibles et surprenantes. Le progrès, parce qu'il s'enracine dans un mystère inhérent, peut alors parfois faire peur. « Qu'allons-nous découvrir ? « Peuvent s'interroger les chercheurs du fond de leurs laboratoires. Le progrès, en tant que dépassement, nous confronte à l'incertitude de nos acquis et à la fragilité de notre connaissance. Faut-il pour autant avoir peur du progrès scientifique et technique ? Si l'on s'en tient à la définition stricte et nominale du progrès, il ne peut être qu'un bienfait, toutefois, dès lors qu'on l'inscrit dans un rapport avec le monde, sa relativité peut le rendre menaçant. Pourtant, nous verrons que la peur de la technique s'avère plus à craindre que le progrès lui-même, dans lequel il faut garder espoir.

Introduction :

Le progrès technique et scientifique consiste en l'acquisition d'aptitudes et de connaissances nouvelles qui dépassent celles qui les précèdent. Le progrès est une amélioration, une évolution positive des techniques et des sciences dont l'homme est l'instigateur. Dans le domaine des sciences et de la technique, le progrès résulte souvent de découvertes, qui parfois se révèlent imprévisibles et surprenantes. Le progrès, parce qu'il s'enracine dans un mystère inhérent, peut alors parfois faire peur. « Qu'allons-nous découvrir ? « Peuvent s'interroger les chercheurs du fond de leurs laboratoires. Le progrès, en tant que dépassement, nous confronte à l'incertitude de nos acquis et à la fragilité de notre connaissance. Faut-il pour autant être effrayé par le progrès scientifique et technique ? Si l'on s'en tient à la définition stricte et nominale du progrès, il ne peut être qu'un bienfait, toutefois, dès lors qu'on l'inscrit dans un rapport avec le monde, sa relativité peut le rendre menaçant. Pourtant, nous verrons que la peur du progrès s'avère plus à craindre que le progrès lui-même, dans lequel il faut garder espoir.

1ère partie : Le progrès en soi est positif.

- Le progrès a d'emblée une connotation positive, en tant qu'il se donne comme amélioration. Il signifie l'évolution positive, le développement, la croissance, appliqué ici aux techniques et aux sciences. Le progrès technique et scientifique s'illustre dans les nouvelles découvertes, des techniques toujours plus performantes. Dans cette acception, le progrès suscite alors non pas la peur, mais l'espoir.

- En fait, ce dont on peut avoir peur dans le progrès, c'est du changement qu'il implique. Platon a montré à travers l'allégorie de la caverne dans le livre XII de La République, que les hommes préféraient rester dans le confort de leur croyances plutôt que d'être éblouis par la vérité qu'on les obligerait à contempler. Cette illustration montre que l'homme a peur de voir ces croyances anéanties, quand bien même on lui montre la vérité. Le progrès scientifique et technique risque de la même manière de mettre à mal ce qu'on tenait pour vrai en affirmant de nouvelles thèses, et changer ainsi une certaine vision du monde chez les individus, qui sont déstabilisés. Platon met en garde contre cette attitude renfermée qui consiste à se satisfaire des opinions que l'on s'est approprié au détriment de la vérité. Il ne faut donc pas avoir peur d'être « secoué « dans ses certitudes, donc ne pas craindre le progrès, car il est porteur de vérité, et nous élève.

On ne doit donc en aucun cas avoir peur du progrès, mais il est humain de redouter le bouleversement qu'il va produire et la difficulté que l'on risque d'avoir à l'accepter. En effet, Galilée n'a pas réussi à faire admettre par l'opinion publique, comme Copernic avant lui, que la terre tourne autour du soleil et qu'elle n'est pas le centre de l'univers, car cette découverte opérait une véritable révolution dans la vision ethnocentriste des hommes du 16ème siècle. Pour progresser, il faut donc accepter d'être perturbé et de remettre en cause ces certitudes donc ne pas avoir peur du changement.

2ème partie : Mais le danger réside dans l'utilisation que l'on fait du progrès technique et scientifique.

- « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme «, disait déjà Rabelais en son temps. En effet, si le progrès à d'emblée une connotation positive, tous dépend ensuite de l'utilisation que l'on fait de la science acquise, et de l'exploitation des nouvelles découvertes. La peur du progrès peut alors s'inscrire dans une méfiance à l'égard des savants eux-mêmes, ou de puissants qui se réapproprieraient les nouvelles découvertes à des fins néfastes ou immorales. On voit par exemple ce qu'a donné la découverte de l'énergie atomique quand elle est utilisée à des fins guerrières et destructrices.

- En effet, le progrès incessant dont témoigne l'évolution des techniques et des sciences jusqu'à ce jour peut procurer à l'homme une sensation de toute puissance, et un désir de s'améliorer toujours plus, et d'accroître sa force toujours davantage. Cette dérive entraîne l'homme au vice, c'est-à-dire à l'excès dans la recherche inassouvie de bien et de puissance. Parce qu'il sait que le progrès est possible, alors plus rien ne résiste au désir de l'homme, qui laisse aller à rechercher l'inaccessible, et révèlent ses penchants les plus vils, tels que le désir de domination. Platon explique ainsi au livre II de La République, à travers le mythe de l'anneau de Gygès qui rend son porteur invisible, qu'un homme qui aurait la puissance de faire ce qu'il veut en étant garanti de son impunité ne se priverait pas de faire le mal. Le progrès, tout comme l'anneau de Gygès, peut parfois jouer ce rôle de puissance capable de répondre à tout problème, et c'est parce que l'homme a une puissance absolue et aveugle dans la puissance du progrès, qu'il ne se limite plus dans ses désirs et sombre dans le vice.

- La confiance absolue dans le progrès peu porter préjudice au progrès lui-même, et c'est alors l'absence de rigueur scientifique qu'il faut redouter. En effet, persuadés que le progrès ne peut être qu'amélioration, les hommes en oublient les considérations morales et les problèmes éthiques que les avancées scientifiques peuvent susciter. Ainsi, ce n'est pas parce que l'on connaît le moyen de cloner un humain qu'il faut le faire pour autant. Ce dont il faut avoir peur dans le progrès, c'est donc de son application, et de son appropriation par les hommes dans le domaine pratique. Le progrès ne doit jamais se départir d'une réflexion et d'une considération morale sur ces enjeux et ses conséquences dans toutes les sphères possibles de son application.

3ème partie : Craindre le progrès technique et scientifique serait ne pas estimer l'homme.

- Avoir peur du progrès technique et scientifique, c'est avoir peur de la puissance humaine, de sa capacité à développer son savoir-faire et à accroître ses connaissances. Il peut alors paraître absurde de craindre l'action de l'homme, car cela signifierait en définitive que l'on ne fait pas confiance à l'homme, et à son humanité, donc son bon sens et sa raison.

- En outre, une telle crainte suppose que l'homme puisse se laisser dépasser par sa propre création, et confère une réalité propre et autonome au « progrès «, qui apparaît comme une menace indépendante des hommes dont il est pourtant issu.

- Par ailleurs, en restant dans la peur du progrès, on s'expose à l'immobilisme, et à la stagnation scientifique. Craindre le progrès, c'est préférer s'en tenir aux découvertes acquises, et refuser le développement des techniques et l'accroissement du savoir. Le philosophe Pascal critique cette attitude qui consiste, dans le domaine des sciences, à se soumettre aux autorités, c'est-à-dire aux savants qui nous ont précédé, sans chercher à dépasser leur théorie en les passant au crible de la critique, mais en acceptant leurs thèses comme admises une fois pour toute. Pour Pascal, cette « soumission aux anciens « n'est pas correcte car, en refusant de critiquer les techniques et savoirs établis, c'est-à-dire d'interroger la validité de ces acquis, elle consiste à mépriser ces savants qui eux-mêmes ont critiqué leurs prédécesseurs pour affirmer leur théories. De plus, c'est faire bien peu de cas d'une découverte que de ne pas chercher à la dépasser ou à l'améliorer, sous l'éclairage d'une nouvelle époque, qui est susceptible d'apporter des éléments dont les anciens n'avaient possession et qui peuvent permettre de faire progresser et de développer leurs découvertes. Pour Pascal, en aucun cas il ne faut craindre le progrès scientifique et technique, mais au contraire, garder à l'esprit ce désir d'avancer, en s'appuyant sur les anciens.

4 ième L'avenir de nos sociétés dominées par la technique dépend de nous.

Selon Hans Jonas dans le Principe de responsabilité, la technique a transformé en profondeur l'essence de l'agir humain. La technique a considérablement augmentée la portée de l'agir humain. La portée causale déborde tout ce que l'on a connu autrefois. La promesse technique s'est transformée en menace, ce que l'homme pourra faire à l'avenir n'a pas d'équivalence par le passé. Elle a fait apparaître de nouveaux devoirs. L'éthique antique est inopérante à l'heure de la technique. Aujourd'hui, les conséquences de certains actes ne seront visibles que dans quelques centaines d'années. L'exemple de la pollution, de la surexploitation des ressources forestières, des pêches abusives, de la disparition des déchets nucléaires) .Aussi tous nos pronostics à long terme sont incertains. Le principe responsabilité voudra donc que l'on favorise les hypothèses pessimistes au profit des hypothèses optimistes. Le mal est toujours certain.   Le principe responsabilité dit « Agis de telle façon que les effets de ton action soient compatible avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre. «   Il s'agit d'un droit à l'existence d'une vie pas encore actuelle. Ce principe est programmatique, il vise quelque chose qui ne s'est pas encore produit. L'homme s'est vu remettre une essence, il en est responsable. Il faut donc une prescience, une anticipation. Il faut une métaphysique que n'a pas encore la science. Le principe responsabilité pressent l'impossible, il veut le limiter. Il doit aller au devant des abus. Tous les possibles demeurent une fois que l'action s'est produite. Il faut que les conséquences des actions soient voulues. Il faut pour cela que des principes soient voulus pour que les conséquences soient voulues. Il faut donner à l'agir humain une dimension de volonté et qu'elle soit au principe de ses réalisations. Car la réalité humaine correspond à quelque chose de non- voulu. L'agir a pris des dimensions cosmologique. La menace des civilisations technologiques repose sur l'idée que la technologie domine aussi l'homme comme elle domine la nature. C'est l'étant dans sa totalité qui est menacé. Les sociétés modernes où la technique est omniprésente doivent pour continuer d'exister se protéger contre sa propre disparition en préservant ce qu'il y a de plus fondamentale sans quoi rien d'autre ne puisse exister. Notre avenir dépend de notre attention, cette responsabilité qui doit être prise est ce sans quoi rien ne peut exister, c'est le socle de toute avenir de la civilisation.

Conclusion :

Le progrès, en tant qu'amélioration, ne semble pas à craindre. Ce que l'on peut craindre dans le progrès, c'est le changement de mentalité qu'il peut engendrer, et le risque de voir nos certitudes ébranlées et dépassées par les nouvelles découvertes. Ce que l'on doit craindre, en revanche, c'est un progrès départi de toute conscience morale, un progrès tout puissant qui ferait fi des enjeux humains qui en dépendent, et conduirait de surcroît l'homme à rechercher la puissance au détriment de toutes les valeurs qui font son humanité. Mais s'il n'y a pas de « risque zéro «, rien ne justifie cependant que l'on craigne le progrès en lui-même, lorsque, encadré de gardes fous qui le prémunissent de toute dérive inconsidérée, il ne peut nous porter qu'à la conquête de nouvelles connaissances, et d'un savoir toujours plus étendu.

 

  • 1ère partie : Le progrès en soi est positif.
  • 2ème partie : Mais le danger réside dans l'utilisation que l'on fait du progrès technique et scientifique.
  • 3ème partie : Avoir peur de la technique  serait ne pas estimer l'homme.
  • 4 ième partie : L'avenir de nos sociétés dominées par la technique dépend de nous.
technique

« n'avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingt épingles,peut-être pas une seule, dans sa journée, cad pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, et pas peut-être laquatre mille huit centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, en conséquence d'une division etd'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

»SMITH, « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ». Pour montrer l'efficacité de la division du travail, Smith prend comme exemple une fabrique qui produit des « objetsde peu de valeur » et qu'il est donc utile de produire en grand quantité.Dans cet exemple, la division du travail possède deux aspects : d'une part, « fabriquer des épingles » devient unmétier particulier alors qu'auparavant le forgeron fabriquait des épingles et aussi d'autres produits.

D'autre part cemétier lui-même est divisé en autant de métiers qu'il y a d'opérations à effectuer.L'habitude accroît l'habileté pour chacune de ces opérations, permettant ainsi une plus grande rapidité dans letravail.

Mais la spécialisation a pour contrepartie l'incapacité à exercer le métier de forgeron dans toute sa diversité.Et plus la division du travail augmente, plus chaque opération est simplifiée.

La dextérité acquise par la répétitiond'une tâche particulière n'est pas équivalente à l'habileté de métier.Si Smith souligne ici l'utilité économique de la division du travail, à un autre endroit de son livre il en montrera lanocivité pour le travailleur : « Un homme dont toute la vie se passe à exécuter un petit nombre d'opérations simples[...] n'a aucune occasion de développer son intelligence ni d'exercer son imagination [...] Il devient en général aussiignorant et aussi stupide qu'il soit possible à une créature humaine de le devenir.

» Au début du XX ième , Taylor invente « l'organisation scientifique du travail », qui vise à augmenter la productivité en rationalisant le travail.

Le travail est divisé de telle sorte que chacun n'effectue plus qu'une parcelle de l'objet.

Letravailleur répète toujours les mêmes gestes.

Aucune habilité de métier n'est plus nécessaire, les tâches simplifiéespeuvent être exécutées sans formation.

Ce qui entraîne pour l'ouvrier une activité dénuée de sens et ennuyeuse,simple moyen de gagner sa vie.

L'idée d'aliénation semble particulièrement adéquate pour désigner ces phénomènes.La « rationalisation » du travail, est critiquée comme déraisonnable d'un point de vue humain. D'autre part, au nom de l'égalité entre les hommes, il est possible de reprocher à la rationalisation du travaild'accentuer la division entre travail intellectuel et travail manuel et entre tâches de commandement et tâchesd'exécution.

En effet, l'organisation de la fabrication du produit doit être pensée entièrement à l'avance et laproduction décomposée en un certain nombre de gestes : ce travail préalable de conception n'est pas le fait deceux qui exécuteront le travail.

De plus, l'exécution d'une tâche dépendant de l'exécution d'une autre, les rythmesde production doivent être strictement respectés et donc contrôlés. La technique aliène l'hommeC'est dans la phase initiale de sa pensée que Marx écrit : « Ce qui est animal devient humain, ce qui est humain devient animal ».Ce qui est humain, c'est le travail.

Or, dans les « Manuscrits de 1844 »,encore marqués par l'influence de Hegel, si le travail est principiellementformateur, sa forme contemporaine (le travail à la chaîne) devient aliénante,abêtissante, inhumaine.

En clair, le travail de vient animal.Les « Manuscrits » appartiennent à la phase initiale de la pensée du jeuneMarx.

Notre auteur n'y est pas encore en possession des principalescatégories de sa pensée.

Le matérialisme historique n'est pas parvenu à laformulation qu'il acquerra dans la maturité.

D'une part, Marx s'y montre plusproche d'une réflexion proprement politique, qui passera ensuite au secondplan (ou se verra réélaborée après les analyses économiques du « Capital »).D'autre part, Marx y est encore tributaire d'une lecture essentialiste, moinshistorienne que par la suite.

C'est ainsi qu'il prétend définir une essence dutravail qui se voit pervertie par les formes modernes de production.Marx est alors très marqué par un passage de la « Phénoménologie de l'esprit» de Hegel, la dialectique du maître & de l'esclave.

Dans ce mouvement, quifait suite à l'épisode de la lutte à mort pour la reconnaissance, Hegel montreque la libération véritable de l'humanité ne vient pas du maître, qui ne domineque symboliquement le monde, mais de l'esclave.

C'est par la disciplinequ'impose le travail que l'homme s'éduque et domine, réellement cette fois, lamatière.Si le travail, qui est humain, devient animal, c'est tout d'abord que seul l‘homme, au sens propre, travaille.

Certes, certains animaux « fabriquent » ; castors, abeilles « construisent ».

Maiscette activité est instinctive, la règle de construction est, si l'on veut, donnée par la nature.

Le travailspécifiquement humain est tout autre.

Comme le dit Marx dans le « Capital » :« Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la celluledans sa tête avant de la construire dans la ruche .

» La perfection de la ruche n'est que la contrepartie d'une activité instinctive, « machinale », non pensée, non voulue.Le travail spécifiquement humain n'émerge que lorsque est en jeu la totalité de nos capacités.

Il faut imaginer etconcevoir ce que l'on va produire.

L'existence de l'objet est tout d'abord idéelle, c'est un projet, une anticipation,. »

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