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Faut-il se conformer à l'opinion générale ?

Publié le 02/03/2004

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Or la vertu politique réside dans la compréhension objective et lucide des conditions de l'action et de l'organisation des Etats qui puissent les soustraire aux prétendus « coup du sort ». La cohésion sociale se fonde sur le respect de l'opinion générale Que l'opinion d'un seul soit imposée à tous, voilà ce qui définit l'autocratie. Que l'opinion générale, naturellement, s'impose à tous, voilà qui définit la démocratie. Si l'on est véritablement démocrate, il faut se conformer à l'opinion du plus grand nombre. C'est l'opinion générale qui, en démocratie, a force de loi. C'est elle qui doit s'imposer afin que la politique soit l'affaire de tous. Souveraineté démocratique et opinion générale En démocratie, le peuple est souverain cad que c'est lui qui doit faire les lois ou choisir les représentants qui les feront. A partir du moment où une loi est votée par la majorité, laquelle exprime idéalement l'opinion générale, nul ne peut en contester la légalité ni la légitimité. Partant, il faut bien accepter de se conformer à ce qu'a voulu le peuple en son ensemble. Rousseau développera ce thème avec le concept de volonté générale.

« celle des grands et du peuple.

Or si les grands sont possédés du désir d'opprimer, le peuple, lui, est habité parle désir « négatif » de ne pas être asservi.

Ce qui est remarquable, c'est que Machiavel, non seulement fassede cette division de classes une division universelle, valable en tout temps et en tous lieux, mais que, de plus,il la tienne pour responsable d'une classification inédite des régimes politiques.

Là où la tradition parlait demonarchie, d'aristocratie, de démocratie et de régimes mixtes, Machiavel ne repère que monarchie, républiqueet « anarchie », désordre ou encore licence.Le cas de la république sera examiné dans un ouvrage aussi peu connu du grand public que passionnant, etdans lequel les convictions républicaines de Machiavel se font jour : « Discours sur la première décade deTite-Live ».

Or on y retrouve des énoncés similaires à celui du « Prince », toujours très favorable au peuple :« Dans toutes les républiques il y a deux parties : celle des grands et celle du peuple ; et toutes les loisfavorables à la liberté ne naissent que de leur opposition [...] Rarement les désirs d'un peuple libre sont-ilspernicieux à la liberté.

Ils lui sont inspirés communément par l'oppression qu'il éprouve ou par celle qu'ilredoute.

» (Livre I, chapitre 4).Dans le cas de la monarchie, le prince est appelé au pouvoir soit par le peuple soit par les grands.

Or le but deMachiavel est de montrer que dans tous les cas, le prince doit s'assurer du soutien populaire, afin deconsolider son pouvoir, et d'assurer une réelle stabilité politique.

La virtuosité du prince doit consister à seplacer en tiers dans le conflit qui oppose le peuple et les grands, à soustraire son autorité à la rivalité desprivilégiés, et à jouir seul du pouvoir.

Mais s'assurer du soutien populaire veut dire faire droit au désir dupeuple de ne pas être asservi, le protéger contre les grands.Si, dans tous les cas, il faut s'appuyer sur le peuple, c'est en fonction de toute une série d'arguments.Tout d'abord on ne peut se fier aux grands qui sont par définition des rivaux du prince, puisque leur désir estun désir de domination, et qu'ils se sentent potentiellement les égaux du Prince.

« Car il se trouve prince aumilieu de force gens qui lui paraissent être ses égaux, et par là il ne peut ni commander ni manoeuvrer à saguise.

» Ainsi l'action politique est-elle plus difficile à celui qui se lie aux grands, dans la mesure où sa positionde tiers face à la division sociale n'est plus assurée.

Or seule celle-ci peut permettre une stabilité politiqueeffective et éviter la licence, l'affrontement.

« En outre, on ne peut honnêtement et sans faire tort à autruicontenter le désir des grands, mais oui certes le peuple : car le voeu du peuple est plus honnête que celui desgrands, ceux-ci voulant opprimer et ceux-là ne pas être opprimés.

»Pour surprenant que semble l'argument sous la plume du « cynique » Machiavel, il s'agit bien de qualifier «moralement » les désirs qui définissent le peuple et les grands.

Or ceci est d'autant plus intéressant que lePrince exerce bien, lui aussi, une domination.

La « ruse », l'astuce veut que la domination du prince, sonautorité politique, son désir de diriger seul, coïncide avec le désir du peuple de ne pas être asservi par lesgrands.

Le peuple peut retirer une protection contre l'oppression des privilégiés.Là encore, s'il faut s'appuyer sur le peuple, c'est afin de briser l'opposition frontale du peuple et des grands, ladivision sociale, et lui substituer une relation tripartite.

Le prince doit parvenir à tirer parti de la « lutte desclasses », or, la seule façon de le faire est de ménager le désir du peuple et faire taire celui des grands.Enfin, et l'on retrouve là un effet du réalisme machiavélien, la puissance populaire est trop grande pour êtrenégligée : « Avec un peuple hostile, un prince ne peut jamais être en sécurité car ils sont trop.

»Ainsi le Prince doit-il avant tout s'assurer du soutien populaire et prendre le peuple sous sa protection.

Ceuxqui déclarent « qui se fonde sur le peuple, se fonde sur la fange » n'ont pas compris que le peuple, pourvuqu'il soit correctement dirigé, est le meilleur rempart : « Mais si celui qui se fonde sur lui est un prince quipuisse commander, qui soit homme de coeur et ne se trouble pas dans l'adversité, qui ne néglige pas lesautres préparatifs et qui [...] entretienne l'ardeur de la population, jamais il ne se trouvera déçu par le peuple,et il verra qu'il a bien placé ses fondements.

»Dans la mesure où le but de Machiavel peut être de donner les conditions d'existence d'un Etat fort et surtoutstable, il indique toujours la nécessité de se fonder sur le peuple.

Le Prince doit diriger, et diriger seul.

Maisprécisément pour cela il doit savoir reconnaître la division sociale qui traverse toute société, la lutte socialequi régit toute cité.

Or face à l'opposition entre peuple et grands, le prince doit savoir préserver son rôle detiers et s'assurer du soutien populaire, en faisant droit au désir du peuple de ne pas être asservi par lesgrands.

C'est « bien placer ses fondements ». Machiavel n'a rien d'un cynique ou d'un réaliste froid qui défendrait le pouvoir à tout prix.

Ses analysespolitique souvent d'une finesse extrême et guidées par le double souci de la stabilité politique et de la libertédes Etats.

Si Machiavel a débarrassé la politique de considération morales hypocrites et étrangères à cedomaine, c'est pour tenter de donner une morale propre, interne au champ politique.

Le maître mot du «Prince » est la « virtù » (force virile).

Or la vertu politique réside dans la compréhension objective et lucidedes conditions de l'action et de l'organisation des Etats qui puissent les soustraire aux prétendus « coup dusort ». La cohésion sociale se fonde sur le respect de l'opinion généraleQue l'opinion d'un seul soit imposée à tous, voilà ce qui définit l'autocratie.

Que l'opinion générale,naturellement, s'impose à tous, voilà qui définit la démocratie.

Si l'on est véritablement démocrate, il faut seconformer à l'opinion du plus grand nombre.

C'est l'opinion générale qui, en démocratie, a force de loi.

C'estelle qui doit s'imposer afin que la politique soit l'affaire de tous. Souveraineté démocratique et opinion généraleEn démocratie, le peuple est souverain cad que c'est lui qui doit faire les lois ou choisir les représentants quiles feront.

A partir du moment où une loi est votée par la majorité, laquelle exprime idéalement l'opiniongénérale, nul ne peut en contester la légalité ni la légitimité.

Partant, il faut bien accepter de se conformer à. »

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