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Faut-il craindre les passions ?

Publié le 01/09/2004

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Ce n'est pas comme devant la tombe des êtres qui nous furent chers, un deuil qui s'attarde aux pertes personnelles et à la caducité des fins particulières: c'est le deuil désintéressé d'une vie humaine brillante et civilisée. « L'histoire apparaît comme cette « vallée des ossements « où nous voyons les réalisations «les plus grandes et les plus élevées rabougries et détruites par les passions humaines «, «l'autel sur lequel ont été sacrifiés le bonheur des peuples, la sagesse des Etats et la vertu des individus «. Elle nous montre les hommes livrés à la frénésie des passions, poursuivant de manière opiniâtre des petits buts égoïstes, davantage mus par leurs intérêts personnels que par l'esprit du bien. S'il y a de quoi être triste devant un tel spectacle, faut-il, pour autant, se résigner, y voir l'oeuvre du destin ? Non, car derrière l'apparence bariolée des événements se dévoile au philosophe une finalité rationnelle : l'histoire ne va pas au hasard, elle est la marche graduelle par laquelle l'Esprit parvient à sa vérité. La Raison divine, l'Absolu doit s'aliéner dans le monde que font et défont les passions, pour s'accomplir. Telle est: « la tragédie que l'absolu joue éternellement avec lui-même: il s'engendre éternellement dans l'objectivité, se livre sous cette figure qui est la sienne propre, à la passion et à la mort, et s'élève de ses cendres à la majesté«. Ainsi, l'histoire du devenir des hommes coïncide avec l'histoire du devenir de Dieu. Etats, peuples, héros ou grands hommes, formes politiques et organisations économiques, arts et religions, passions et intérêts, figurent la réalité de l'Esprit et constituent la vie même de l'absolu . « L'Esprit se répand ainsi dans l'histoire en une inépuisable multiplicité de formes où il jouit de lui-même.

Quel est l’effet des passions ? Une passion, par définition, est susceptible d’accaparer totalement un homme, d’anéantir son pouvoir de raisonner. Alors il faut redouter d’être ainsi accaparé, et cela est fondé par un souci de voir ses conduites réglées par la seule raison. Pourtant, une vie sans passion est-elle concevable ? Est-ce simplement une vie, que de réprimer toute passion ? Il y a une hésitation permanente entre une crainte des passions et un refus de les annihiler totalement. Comment résoudre cette hésitation ? Il faut peut-être chercher un moyen de maîtriser les passions sans les refuser totalement, et considérer que la crainte des passions et leur refus, comme la soumission totale à elles, sont deux voies extrêmes entre lesquelles il faut trouver un juste milieu.

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