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Faut-il défendre l'ordre à tout prix ?

Publié le 12/03/2004

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On oppose l'ordre au désordre, et en ce sens, l'ordre est pour nous la manière dont les choses nous apparaissent, telles qu'on les connaît ou plus simplement, l'ordre se base sur un principe psychologique de l'habitude et de la perception. Et c'est bien ce que montre Bergson dans l'Evolution créatrice (chapitre IV). La notion d'ordre est en elle-même métaphysique et se développe du point de vue logique tel qu'un système A soit toujours égal à A en tout temps et en tout lieu. Défendre donc l'ordre à tout prix ce serait refuser la vision angoissante du vide, celle du désordre, compris comme chaos, absence d'ordre. Mais cette compréhension de l'ordre n'est qu'une vue de l'esprit, une représentation de l'imagination et ceci « en vertu de l'illusion fondamentale de notre entendement ». b) Ainsi, comme le montre Bergson dans l'Evolution créatrice, la notion d'ordre est toute pratique et la notion de désordre « correspond à une certaine déception d'une certaine attente, et ne désigne pas l'absence de tout ordre, mais la présence seulement d'un ordre qui n'offre pas d'intérêt actuel. » En ce sens, l'opposition habituelle entre ordre et désordre n'est qu'apparente et la question de l'ordre peut donc constituer un faux problème dans la mesure où cette notion d'ordre est construite a priori d'après une certaine expérience du réel ou de la représentation que nous en faisons. En ce sens, le désordre est simplement un nouvel ordre, mais tel qu'on ne s'y attendait pas ou qui ne rend pas compte de nos habitudes perceptives et pratiques. Dans ce cas, il faut donc comprendre la notion d'ordre dans une disposition dynamique et pas seulement statique. C'est donc insister sur la notion fondamentale de changement, donc du mouvement de la durée, caractéristique de la vie, à travers notre représentation de l'ordre.

On peut définir l’ordre à la fois comme l’agencement d’un ensemble d’éléments divers et le principe d’unité de cet ensemble. Il est donc ce par quoi une réalité échappe à l’arbitraire, au chaos ou plus simplement au désordre. En ce sens, on ne peut pas dissocier l’ordre de la loi qui définit une relation nécessaire entre plusieurs éléments de l’ensemble de ce système. l’ordre assigne ainsi à chaque élément sa place au sein du système qu’il régit. Dès lors, on peut définir l’ordre comme un ensemble cohérent, déterminé par des lois, stable et immuable. Alors, l’ordre implique aussi la présence d’une hiérarchie, d’un certain pouvoir, ce qui est particulièrement clair dans son sens politique. Dans ce cas, il apparaît que le terme d’ordre est équivoque, on parle d’ordre de la nature, d’ordre social, économique, moral etc. Qu’y a-t-il de commun entre eux ? Par ordre, on veut signifier alors un principe d’organisation et une structure fixe, l’essentiel étant de pallier tout désordre. Or c’est bien à l’aune de ce rapport entre ordre et désordre que prend toute son acuité l’interrogation : « faut-il défendre l’ordre à tout prix ? «.

« favorablement la Révolution française c'est-à-dire l'émergence d'un ordre nouveau, que faut-il en conclure alors ?De même, s'il faut défendre l'ordre cela n'implique pas nécessairement de défendre n'importe quel ordre, et cela posenotamment le problème de l'interprétation et de l'équivocité de la notion.

De plus, cette volonté d'ordre ne masque-t-elle pas une angoisse du désordre ? Est-elle fondée ? II - Limites et risques a) Si par définition on peut définir la notion d'ordre comme un ensemble cohérent en tout point, ayant une relativesystématicité, une stabilité etc.

il n'en reste pas moins que la notion d'ordre semble rester relative et sujette àinterprétation.

En effet, s'il est apparu possible de défendre l'ordre, voire à tout prix, il faut noter que la notiond'ordre peut laisser place à certain discours ou certain raisonnement qui sous prétexte de défendre un ordre,notamment celui de la nature se révèle dangereux ou intenable comme c'est le cas avec l'exemple de Calliclès dans le Gorgias de Platon .

C'est bien au nom du respect de l'ordre de la nature que Calliclès souhaite fonder la justice ; un ordre de la nature qu'il interprète comme la loi du plus fort.

Dès lors, on peut voir toute la dérive du discours surl'ordre tel que nous le montre cet exemple.

Et c'est donc l'équivocité du terme d'ordre qui pose ici problème :défendre l'ordre certes mais peut-être pas n'importe lequel.b) D'une autre manière, c'est bien le problème que pose le cas de la désobéissance civile.

En effet, dans l'ordre politique, social, moral ou économique il arrive que certaines situations soient injustifiées ou que certaines loisapparaissent injustes ou non justifiée ; ou encore posent un problème moral et dans ce cas, il paraît possible voirelégitime de ne pas les suivre ni de les défendre.

Cela a notamment été le cas Thoreau n'ayant pas voulu payé l'impôtqui devait servir à la guerre au Mexique pour le maintien de l'esclavage.

Thoreau dans la Désobéissance civile montre qu'il est parfois de son devoir ne pas obéir à une loi, au risque sinon « de devenir un agent de l'injusticeexercée à l'égard d'autrui.

» Il s'agit explicitement d'un problème de conscience morale et c'est en ce sens qu'« ilfaut violer la loi ».

Et c'est bien ce que feront dans un autre registre tous les « justes » de la Seconde Guerremondiale.

Ainsi ce n'est pas toujours un devoir que de respecter la loi.

Dans ce cas, on peut voir qu'il ne faut pasnécessairement défendre l'ordre à tout prix.

Et par là comme le dit John Rawls dans sa Théorie de la justice : « cette théorie est conçue seulement pour le cas particulier d'une société presque juste, bien ordonnée dans sa plus grande partie, mais où néanmoins se produisent un certain nombre de violation graves de la justice.

» Dès lors,ne pas défendre l'ordre à tout prix peut se justifier sans nécessairement que cela conduise au chaos ou au désordre.Et c'est bien ce que l'on peut voir avec le cas extrême de l'anarchique qui se propose comme on peut le voir àtravers les figures de Proudhon ou de Bakounine de refuser l'ordre étatique.

Mais même l'anarchie qui, contrairement à la définition naïve que l'on peut en avoir comme désordre, pourtant refuse l'ordre imposé par l'Etatau nom d'une éthique de la liberté individuelle n'est pas l'absence d'ordre, mais un autre ordre, sans l'Etat.

Ledésordre est alors une crainte infondée.c) De même manière, entre ce que l'on pense généralement être un ordre de la nature (tel qu'on peut le voir àtravers la conception du déterminisme laplacien par exemple) et l'ordre politique on peut trouver un lien comme lepropose Kuhn dans la Structure des révolutions scientifiques (chapitre VIII).

En effet, génétiquement la comparaison est possible.

Ainsi, les révolutions politiques, qui sont des changements d'ordre, « visent à changer lesinstitutions par des procédés que ces institutions elles-mêmes interdisent ».

Ainsi, un changement d'ordre s'expliquepar la présence d'anomalies dans l'ordre précédent.

Pour que ce changement ait lieu, cela exige donc l'abandonpartiel d'un ensemble d'institutions politiques en faveur d'un autre.

Le changement s'explique donc par la crise, etcette crise ne pourra que l'amplifier tant que le paradigme ne sera pas renouvelé.

Autrement dit, vouloir défendre unordre à tout prix serait contre productif et ne viserait qu'à mettre en exergue ses défauts ou son inadaptation faceà des situations données.

Transition : Ainsi, défendre l'ordre à tout prix n'est pas en soi une solution à une crise et cela d'autant plus que la notion d'ordrepeut revêtir un ensemble de déterminations et de définitions qui laisse une grande part visiblement à l'interprétationsubjective de chaque individu.

Dès lors, on peut s'interroger sur la valeur même de cet ordre et de son pendant, lanotion de désordre et qui est bien ce que l'on veut éviter en défendant à tout prix un certain ordre.

III – Problème et faux problème de la notion d'ordre a) En effet, l'un des problèmes essentiels porte sur la notion même d'ordre et ses implications.

On oppose l'ordre audésordre, et en ce sens, l'ordre est pour nous la manière dont les choses nous apparaissent, telles qu'on les connaîtou plus simplement, l'ordre se base sur un principe psychologique de l'habitude et de la perception.

Et c'est bien ceque montre Bergson dans l' Evolution créatrice (chapitre IV).

La notion d'ordre est en elle-même métaphysique et se développe du point de vue logique tel qu'un système A soit toujours égal à A en tout temps et en tout lieu.Défendre donc l'ordre à tout prix ce serait refuser la vision angoissante du vide, celle du désordre, compris commechaos, absence d'ordre.

Mais cette compréhension de l'ordre n'est qu'une vue de l'esprit, une représentation del'imagination et ceci « en vertu de l'illusion fondamentale de notre entendement ».. »

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