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Faut-il douter de tout ?

Publié le 16/03/2004

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Il se peut qu'aucun de nous deux ne sache rien de beau ni de bon; mais lui croit savoir quelque chose, alors qu'il ne sait rien, tandis que moi, si je ne sais pas, je ne crois pas non plus savoir. « Platon, Apologie de Socrate, ive s. av. J.-C. « La formule "je suspends mon jugement" signifie pour nous que le sujet est incapable de dire à quelle chose il convient d'accorder ou au contraire de refuser sa créance. « Sextus Empiricus, Hypotyposes pyrrhoniennes, Ile-Ille s. « Je pensai qu'il fallait E...] que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait point, après cela, quelque chose en ma créance qui fût entièrement indubitable. « Descartes, Discours de la méthode, 1637.
Nos connaissances ne sont pas fondées en raison, elles ne sont pas plus justifiées par les sens. Il faut douter de tout. Le premier pas vers la vérité est le scepticisme. Mais, le doute intégral aboutit à l'impossibilité de penser et d'agir. Or,, qui doute, pense comme le montre Descartes. On ne peut donc douter de tout. Le doute doit seulement être passager, sans quoi l'homme ne pourrait ni agir, ni connaître.
  • I) Il faut douter de tout.
a) Il faut distinguer scepticisme et ignorance. b) Le sceptique n'est ni déiste ni athée. c) Le scepticisme est le contraire de la superstition.
  • II) On ne peut pas douter de tout.
a) On peut douter de tout, mais pas que l'on pense douter ! b) Sans la foi, l'homme est un être perdu. c) Même la science repose sur la foi.
..../...

« [III.

Objections possibles] On pourrait être tenté d'objecter que l'existence quotidienne n'en demande pas tant, ou qu'elle a des exigencesincompatibles avec l'exercice d'un tel doute.

Ce serait comprendre le doute comme une situation durable, pendantlaquelle, quoi qu'en prétende l'esprit qui doute, le corps doit par exemple être nourri (comment dès lors douter quel'on a un corps ?)...

Mais le doute n'a pas à s'installer dans la durée : il est une expérience mentale effectuée unefois pour toutes et qui n'interdit nullement de vivre comme tout le monde (Descartes doutant respirait, et sonfonctionnement organique était bien assuré).

Il est l'aboutissement d'une réflexion qui, en tant que tel, ne supposepas d'être longtemps maintenu : ce qui compte, c'est sa leçon, et la possibilité de le revivre éventuellement.

Demême, lorsque Leibniz en vient à poser la question la plus complète : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? l'esprit n'a pas à se complaire indéfiniment dans l'interrogation.Ce qui peut faire obstacle à l'affirmation de la nécessité du doute, c'est plutôtl'ensemble des discours sociaux fondés sur la croyance à l'existence devérités indubitables, que celles-ci soient acquises ou révélées.

Dans lepremier cas, un scientifique réagirait en considérant que les connaissancesacquises par les sciences ne peuvent être massivement révoquées : n'ont-elles pas fait leurs preuves suffisamment ? Il est vrai qu'elles semblent devenirindubitables – à ceci près que la science – c'est Nietzsche qui en fait laremarque – prétend s'opposer à toutes les croyances fausses ou naïves, enméconnaissant qu'elle repose elle-même sur une croyance fondamentale : quela capacité de comprendre le monde nous est donnée.

Douter même desvérités scientifiques peut alors paraître assez insensé, mais a au moinsl'avantage de révéler cette croyance fondatrice.

De plus, le scientifique lui-même, dans son activité, passe périodiquement par la mise en doute de cequ'il sait : ainsi lorsqu'il rencontre un phénomène encore inexpliqué et qu'il doitformuler une hypothèse capable d'en rendre compte.Dans le cas des vérités qualifiées de « révélées », qui concernent lescroyances religieuses, la situation est plus tranchée puisque, pour un espritreligieux, il n'est pas possible de douter de tout : affirmer le contraire, c'estappartenir au camp des impies, des incroyants, des mécréants, qui s'enprennent au plus sacré.

Douter de l'existence de Dieu ne peut que faire naîtrela fureur du fanatique, ou, au moins, l'incompréhension du croyant. [Conclusion] Douter de tout peut ainsi présenter l'avantage de révéler les limites que l'esprit peut parfois imposer à ses proprescapacités d'examen, par référence à une autorité « supérieure ».

L'esprit qui doute ne reconnaît aucune autorité «supérieure » à la sienne : il est autonome ou libre.

Et c'est aussi en quoi l'expérience du doute sans contrainte estnécessaire : elle est pour l'esprit l'occasion de découvrir sa liberté dans ce qui constitue peut-être sa version la pluspure.. »

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