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Faut-il laisser une place à l'irrationnelle dans la conduite de la vie?

Publié le 05/01/2005

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Ou l'irrationnel est-il propre à l'homme, d'une manière irréductible ? La question est multiple : a-t-on le droit (horizon de questionnement moral) etc. ? Est-il possible (question de fait) etc. ? Mais aussi est-ce nécessaire etc. ? Est-il nécessaire de laisser une place à l'irrationnel, si par essence l'irrationnel échappe à toute démarche rationnelle ? La question serait alors insensée. Si je laisse place à l'irrationnel de manière consciente et volontaire, s'agit-il encore d'irrationnel ?

« conscients de notre moi.Avec le terme de conduite, nous retrouvons un mot et une notion du langage courant.

La conduite désigne unedirection, un commandement, un gouvernement.

Il y a, dans ce terme, une idée d'autonomie, la notion d'une priseen charge et d'une action libre, émanant d'un moi-tout puissant.

Enfin, la vie signifie, ici, l'existence humaine, et nonpoint le fait de vivre, comme propriété des êtres organisés.

Le sens du sujet est donc le suivant : convient-ild'accorder un rang, une position bien délimitée à ce qui dépasse la raison ou n'est pas assimilable par elle ?Le problème posé par le sujet est celui de la valeur de l'irrationnel.

L'homme doit-il le considérer comme un élémentspécifique, fondamental et décisif de l'existence, de manière à l'intégrer à la conduite du vécu ?Quand la raison prédomine, la place de l'irrationnel est réduite à la portion congrue.

Est irrationnel ce qui échappeaux puissances de la raison ou ce qui lui est étranger, ce qui ne participe pas de son essence ou de ses pouvoirsmédiateurs, ce qui est contraire à la raison et à ses normes.

Cette sphère de l'irrationnel paraît englober tant dedimensions de notre vécu que la question même peut sembler étrange.

L'irrationnel correspond à l'énigme de notreexistence, mais aussi au mouvement infini du désir, qui dépasse la raison et ne résulte pas de son exercice, audynamisme des passions, au rêve, à l'inconscient, à toute une sphère désignant, dans le monde et en nous, unelimite permanente à l'intelligibilité.

Cette sphère est si vaste que le penseur semble destiné à se rendre aux vastespuissances de l'irrationnel et à s'y soumettre.Mais cette analyse correspond davantage à un sentiment qu'à une évidence philosophique.

En fait, la plupart desentreprises philosophiques ont pour tâche de n'accorder nulle place, où la plus réduite possible, dans la conduite del'existence, à l'irrationnel conçu comme limite permanente à l'intelligibilité.

Dans la conduite de la vie, en effet,l'irrationnel a été généralement évacué, par les grandes doctrines rationalistes.

Tout ce qui est contraire à la raisonet à ses normes, tout ce qui lui est étranger et ne peut être appréhendé par elle, désir, passions, limites del'inconscient, de la mort, de l'existence, est ainsi absorbé par l'esprit humain désireux de tout se soumettre et detout s'assujettir.

Tout doit être rationnellement intégré, compris, soumis aux puissances spirituelles.

L'irrationnel estainsi ordonné selon la raison.

Dans les grands systèmes philosophiques, la raison ne laisse nulle place à l'irrationneldans la conduite de la vie.

Loin d'être arrêtée par le mystère de l'existence et de l'esprit, elle l'intègre à sespouvoirs.De cet assujettissement de l'irrationnel par la raison, nous pouvons développer quelques exemples.

Ainsi, chezPlaton, la sphère irrationnelle des passions et des désirs est complètement niée en tant que telle et soumise aucontrôle de la raison.

Loin d'accorder une place au fond sauvage et irrationnel de notre être, Platon tente de lemaîtriser grâce aux pensées raisonnables et il le nie donc en tant que tel.

Ainsi, dans la République, est posée laquestion « Que faire de nos désirs bestiaux, irrationnels et anormaux ? ».

Le fond irrationnel, loin de se voir accorderune place, un rang, dans la conduite et la direction de la vie, est dissous en tant que tel.

En effet, qui dit conduitede la vie, dit précisément rationalité, hégémonie de la partie rationnelle.

Tout en notant la présence d'uneirrationalité profonde, Platon veut la dompter et finalement la nier.II y a en chacun de nous une espèce de désir terrible, sauvage, sans frein, qu'on trouve même dans le petit nombrede gens qui paraissent être tout à fait réglés.

A la raison d'intégrer et de nier cet irrationnel, de maîtriser le désirsauvage.Dans le Stoïcisme, l'irrationnel se voit également accorder une place très limitée.

Il y a, en effet, nous dit Epictète,les choses qui dépendent de nous, nos opinions, nos jugements, nos vouloirs, nos aversions.

II y a également leschoses qui n'en dépendent pas : ce sont les corps, les biens, les réputations, les dignités.

Il est évident que leschoses qui ne dépendent pas de nous semblent renvoyer à l'irrationnel de notre existence.

Le corps signifie latemporalité, la mort, et par conséquent, ce qui est autre que la raison.

Mais aux yeux d'Epictète, cet Autre que laraison exprime, finalement, le Principe rationnel universel partout présent.

En réalité, la raison est immanente à toutle réel.

Le monde est une totalité rationnelle.

Le mal et l'irrationnel ne peuvent trouver une place dans cet universparfait.

Dès lors, les choses qui ne dépendent pas de nous, comme la mort ou les biens, sont soumises à l'ordre dujugement rationnel et ne se voient accorder nulle place dans la conduite de l'existence, Le Sage est précisémentcelui qui est en mesure de dissoudre l'irrationnel grâce à l'efficacité d'un jugement tout puissant accordé à la raison.Ainsi en est-il de toutes les grandes pensées rationalistes : Le sage est celui qui vit sous la conduite de la raison etqui pulvérise, grâce à elle, l'irrationalité illusoire liée à l'imagination et aux sens.Néanmoins, cette attitude n'est pas sans poser problème : en effet, pour un penseur rationaliste, l'irrationnel n'a pasd'existence réelle.

Il représente seulement ce qui n'est pas encore dépendant de la raison ou, plus exactement,compris par elle.

Mais, en réalité, l'irrationnel ne désigne-t-il pas autre chose, une dimension vraiment existante duréel, que la conduite de la vie doit prendre effectivement en compte, de manière à lui assigner un rang et une place? Telle est la question que nous allons maintenant poser. Quand la raison prédomine, la place de l'irrationnel est réduite à la portion congrue.

Est irrationnel ce qui échappeaux puissances de la raison ou ce qui lui est étranger, ce qui ne participe pas de son essence ou de ses pouvoirsmédiateurs, ce qui est contraire à la raison et à ses normes.

Cette sphère de l'irrationnel paraît englober tant dedimensions de notre vécu que la question même peut sembler étrange.

L'irrationnel correspond à l'énigme de notreexistence, mais aussi au mouvement infini du désir, qui dépasse la raison et ne résulte pas de son exercice, audynamisme des passions, au rêve, à l'inconscient, à toute une sphère désignant, dans le monde et en nous, unelimite permanente à l'intelligibilité.

Cette sphère est si vaste que le penseur semble destiné à se rendre aux vastespuissances de l'irrationnel et à s'y soumettre.Mais cette analyse correspond davantage à un sentiment qu'à une évidence Mais, en réalité, l'irrationnel désignepeut-être fondamentalement ce qui est autre que la raison, et ce de manière absolue et irréductible.

En effet, noustrouvons, dans le réel, une limite permanente à l'intelligibilité et il semble qu'il faille lui accorder une place dans laconduite de la vie.

Ainsi les philosophies existentielles ont-elles fort bien décrit le tissu irrationnel et dépourvu desens de toute notre existence, tissu qui forme la trame même du vécu et auquel il faut donner la première place. »

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