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Faut-il mépriser la technique ?

Publié le 26/01/2004

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technique
Ainsi, pour Aristote, la théorie comme « connaissance des causes » s'oppose à la technique qui ne requiert que la pure et simple habileté pratique acquise par habitude.      Aussi cette idée sera tenace et corroborée par l'évolution des procédés techniques de la civilisation industrielle et capitaliste. La mécanisation a enlevé à l'homme une partie de son pouvoir d'action. Il a l'impression par la division du travail, sa parcellisation qu'il n'est plus l'auteur, l'instigateur des objets qu'il fabrique. Il n'est plus qu'un exécutant, qu'une branche du mécanisme à l'instar de Charlot dans le film les Temps Modernes. Ce processus porte le nom d'aliénation et l'un des problèmes majeurs de l'activité technique et en particulier ouvrière.  L'aliénation désigne la privation réelle et objectivement observable du droit de disposer de son sol, de ses richesses, de sa capacité de travail, etc., au profit d'une autre puissance, et le sentiment d'altération qu'éprouve un peuple dans la conscience qu'il prend de son identité en tant que personnalité collective. Les révolutions du Tiers Monde ont ainsi repris au prolétariat européen le terme d'aliénation, non seulement pour l'étendre à de nouvelles situations, mais pour le déplacer de la conscience ouvrière sur la conscience nationale ; le déplacement tend à devenir un véritable changement de genre, lorsque la conscience d'aliénation, alléguée par telle ou telle ethnie ou entité nationale, ne présente plus qu'une analogie lointaine avec l'aliénation qui affecte d'abord, et à titre principal, le travailleur comme producteur de biens ou de services à caractère économique.   2) En vérité ce n'est pas la technique qui est à craindre mais l'usage qui en est fait.

C’est une question qui repose en partie sur le préjugé que la technique ne serait qu’une activité subalterne de l’homme, qui ne nécessiterait pas d’utiliser des facultés humaines élevées, elle serait aliénante pour l’homme, polluante. Mais cette question suppose que ce mépris de la technique pourrait apporter quelque chose à l’humanité, que ce mépris serait un devoir afin que l’humanité progresse par exemple, qu’elle soit plus heureuse, or n’est-ce pas l’inverse que l’on devrait penser, que la technique est l’une des conditions pour que l’humanité ait un développement harmonieux ?

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« 2) En vérité ce n'est pas la technique qui est à craindre mais l'usage qui en est fait.

Selon Martin Heidegger dans la question de la technique dans Essais et conférences : « Elle aussi est un dévoilement.

C'est seulement lorsque nous arrêtons notre regard sur ce trait fondamental que ce qu'il y a de nouveaudans la technique moderne se montre à nous.Le dévoilement, cependant, qui régit la technique moderne ne se déploie pasen une production au sens de la poiesis .

Le dévoilement qui régit la technique moderne est une provocation par laquelle la nature est mise en demeure delivrer une énergie qui puisse comme telle être extraite et accumulée.

» C'est ce qu'il appelle l'arraisonnement du monde.

Cet arraisonnement n'a rien envérité de technique. Il fait la différence entre le commettre et le dévoilement. Cet arraisonnement entrave le véritable dévoilement qui n'est possible endéfinitive qu'avec l'art.

La technique provoque la nature, Un paysan parexemple en labourant sa terre ne la provoque pas.

Il n'y a plus d'accord entrel'homme et la terre, il doit la transformer pour en tirer une énergie, unematière qui ne se trouve pas comme telle disponible.

Construire un barrage,une carrière de minerais, une centrale nucléaire est une provocation.

Aussi letravail du paysan sera dit proche de la nature, et la technique moderneéloigne l'homme de la nature en vérité puisque l'homme cherche à enoutrepasser les limites, à la dépasser, à en retirer quelque chose qu'elle nedonne pas naturellement.

On comprend que ce n'est pas tant pas latechnique qui est à craindre mais tout simplement l'idéologie, le projet quiconduit la technique.

Il n'y a pas de neutralité de la technique pour cette cause.

Mais en soi, il n'y a rien à mépriserd'une technique bien orientée ou utilisée à bon escient.

Il ne faut pas tomber dans un mépris de la technique, etplutôt voir en elle un instrument de progrès et non pas être soi-même l'instrument de la technique.Sciences & techniques obéissent à un destin commun qui est celui de la rationalité.

Le principe fondateur de celle-ciest le principe de raison selon lequel l'homme doit rendre raison de tout ce qui est.

L'homme se trouve soumis à unimpératif dont il ne perçoit plus l'origine.

Il est alors exposé à un danger suprême: celui de perdre toute possibilitéd'entendre le sens d'être autrement que dans son acception technique.

Pour la technique, le réel est un fondsdestiné à l'arraisonnement.

La technique peut se retourner contre la nature après en être issue et constituer un danger pour elle, et ce en un sens qui n'est pas exclusivement matériel, mais qui est aussi spirituel.

Dans son analyse de latechnique, Heidegger , très au-delà de la bonne conscience écologique, met en lumière une certaine relation d' « arraisonne ment » : à force de vouloir se rendre « maître et possesseur de la nature », comme le disait Descartes , l'homme met, selon la riche métaphore heidegger ienne, la nature « à la raison » : Heidegger parle aussi d' « arraisonne ment » , comme si la technique abordait la nature en pirate ; Qu'est-ce à dire ? Dans sa conférence titrée « La question de la technique », Heidegger part de la question suivante : « quelle est donc l'essence de la technique moderne pour que celle-(ci puisse s'aviser d'utiliser les sciences exactes de la nature ? » Pour répondre à cette question, il faut inverser le rapport traditionnel entre science et technique.

En apparence, la technique suit les sciences exactes dela nature ; en réalité, la relation est presque inverse : c'est l'application technique qui renforce un certainaspect de ces sciences naturelles : « La physique moderne n'est pas une physique expérimentale parce qu'elle applique à la nature des appareils pour l'interroger, mais inversement : c'est parce que la physique–et déjà comme pure théorie- met la nature en demeure de se montrer comme un complexe calculable etprévisible de forces que l'expérimentation est commise à l'interroger », ajoute Heidegger .

Et peut-être en effet peut-on aller jusqu'à dire que lorsque la science travaille, elle a déjà en vue les applicationstechniques, qui peut-être alors l'orientent dans ses travaux : c'est bien ce que veut dire Heidegger quand il dit que c'est pour appliquer son « questionnement », sa mise à la question, que la physique est expérimentale. La technique humaine, explique-t-il plus largement, accomplit un destin remontant à la philosophie grecque et au nom duquel elle organise la nature en objet : ce faisant, l'homme viole et épuise un certain« fonds », non pas celui des réserves quantitatives de minéraux, mais celui d'une réserve de dévoilement et d'étonnement.

est-il d'ailleurs si faux que notre rapport à la nature soit devenu à ce point médiatisépar la technique que nous ayons du mal à voir ce qu'est la nature ? Bref, c'est cet enjeu de la techniquequi, aux yeux de Heidegger , illustre le mieux l'oubli de l'Etre dont il veut se faire le penseur.

Mais, dire que la technique contribue à l'oubli de l'Etre, ce n'est certes pas le rejeter en tant que telle : ce serait ungrand contresens que de voir pour autant chez Heidegger une diabolisation ou un refus de la technique.. »

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