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Faut-il opposer engagement et liberté ?

Publié le 26/02/2004

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L'engagement est une soumission à des passions collectives, à des causes politiques temporelles. La véritables liberté de penser, de créer, n'est soumise, quant à elle, qu'à des exigences internes. MAIS, il n'y a pas de liberté concrète sans engagement. Les pouvoirs, les institutions ont toujours une propension à restreindre les libertés. Ce n'est pas le penseur en chambre qui peut changer cet état de fait.

  • I) Il faut opposer engagement et liberté.

a) L'intellectuel engagé trahit sa mission. b) La liberté est avant tout une valeur intellectuelle. c) Une oeuvre ne peut pas être engagée.

  • II) Il ne faut pas opposer engagement et liberté.

a) Il faut être prêt, au nom de la liberté, à s'engager. b) Plus qu'elle ne se pense, la liberté se vit. c) Liberté et engagement sont les deux facettes d'une même réalité.

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« divague, elle rêve, elle entrave la connaissance.

Face au beau qui n'est pas l'objet d'un jugement deconnaissance (en langage kantien déterminant ) l'accord entre l'imagination et l'entendement ne suit aucunerègle.

Par exemple lorsque nous écoutons une œuvre musicale, nous associons aux sons des images, cesimages s'organisent et prennent un sens mais d'autres associations seraient possibles, un autre sens pourraitjaillir et c'est pour cette raison que le désir d'écouter l'œuvre ne s'épuise pas.

Le plaisir naît de ce libre accordet finalement pour Kant de l'expérience intérieure de la liberté de nos facultés.

Ce qui plaît est la liberté.L'expérience esthétique est une expérience de la liberté comme absence de contraintes, intellectuelles (règlesde l'accord des facultés en vue d'une connaissance), morales (le beau n'est pas le bien), sensibles (le beaun'est pas l'agréable), utilitaires (le beau n'est pas l'utile).Il n'y a pas de grandes oeuvres d'art sans totale liberté de création.

La belle œuvre d'art est une fin en soi.Kant justifie la thèse de l'art pour l'art.

Il n'est pas vrai, moral, agréable, il n'a pas d'autre fin que lui-même.Plus l'art est engagé, moins grande est sa liberté créatrice. [La liberté n'est jamais un bien définitivement acquis.

Il faut toujours s'engager pour la conserver ou la reconquérir.

Une liberté qui n'est qu'intérieure, qui n'est qu'une idée, n'a pas grande valeur.] Il faut être prêt, au nom de la liberté, à s'engagerUn véritable engagement est en soi un acte libre, explique Sartre dans Qu'est-ce que la Littérature? L'hommeest « condamné à être libre », mais il n'est pas seul au monde ; il ne peut être libre qu'avec ou contre lesautres.

Si l'existence est absurde, si les valeurs ne sont qu'illusion ou mystification pour qui ou pour quoi agir ? L'expérience de la guerre et de ses atrocités, la découverte du totalitarisme, la présence dans le monde dit «libre » de formes ouvertes ou dissimulées d'exploitation de l'homme — du prolétaire aussi bien que du colonisé—, révèlent la présence massive et incontournable du mal.

La bonne conscience, la fuite dans l'anonymat du «on » n'est plus possible à moins de se ranger dans la catégorie des « salauds », ces « gros pleins d'être » quifeignent de trouver l'existence naturelle et qui continuent à vaquer à leurs affaires et à leurs amours.

Certainschoisissent — à titre individuel — de faire le bien : accomplir scrupuleusement leur devoir de père, de citoyen,voire secourir un voisin dans la détresse, mais cela n'empêche aucunement la mauvaise foi.

Les hommes nesont pas placés côte à côte comme des petits pois dans une boîte : ils entretiennent entre eux des relationsétroites, même si elles sont masquées par l'idéologie individualiste, même si elles sont exposées à uneréification.Sartre reprend ici les analyses du marxisme qui sont focalisées sur la pleine conscience des réseaux multiplesde détermination constitutifs de la trame sociale de l'existence.

Toutefois le marxisme privilégie l'action et laprise de conscience collectives : je ne peux modifier la situation de l'homme dans le monde pour rendrechacun maître de son existence que si je m'engage consciemment dans une action collective (la révolution)qui transformera les bases de la société, par exemple en supprimant la propriété privée des moyens deproduction.

En définitive, je devrais pour réaliser cette fin, utiliser tous les moyens à ma portée, y compris lemensonge et la violence.

Ici éclate le paradoxe de la morale que l'oeuvre littéraire de Sartre, (théâtre,romans, essais) s'attache à exprimer : ou bien je vais traiter (selon l'expression kantienne) quelques-uns demes proches comme des fins et je vais garder les « mains pures », mais je me condamne à accepter tout cequi ne dépend pas de moi ; ou bien je vais m'engager dans un parti strictement révolutionnaire et par-là mêmeje me condamne à traiter tous les hommes en moyens pour une fin (la société sans classe, réconciliée) dontje ne verrai jamais la réalisation effective, et ce faisant j'aurai les « mains sales ». « Celui qui prend conscience en lui de cette contradiction explosive — entre ce qu'il est pour lui-même et cequ'il est aux yeux d'autrui — celui-là connaît la vraie solitude, celle du monstre raté par la Nature et la société; il vit jusqu'à l'extrême, jusqu'à l'impossible, cette solitude latente, larvée qui est la nôtre et que noustentons de passer sous silence ».C'est dans les situations extrêmes lorsqu'aucun modèle ne vient orienter notre choix que l'homme feraauthentiquement acte de liberté.

Sartre revient à plusieurs reprises dans son oeuvre sur l'exemple de laRésistance.

Les résistants, lorsqu'ils étaient pris n'avaient le choix qu'entre le silence (l'héroïsme) et ladénonciation (l'abjection) : entre les deux extrêmes de la condition humaine au-delà desquels il n'y a plus rien.Mais l'existence humaine doit à tout instant être rachetée, sauvée, justifiée contre toutes les tentations del'existence «brute », naturelle, qualifiée (aussi bien dans « l'Être et le Néant » que dans « Les Mouches ») d'«obscène », « fade » et « visqueuse », qui procède par classification, distinctions bien tranchées du bien et dumal, du permis et du défendu.L'existence humaine n'a de sens et de valeur que pour autant qu'elle accepte ou du moins qu'elle tente deréconcilier, dans une action particulière, les deux termes de la dichotomie.

« Ou bien, la morale est unefaribole ou c'est une totalité concrète qui réalise la synthèse du Bien et du Mal...

la séparation abstraiteexprime simplement l'aliénation de l'homme.

Reste que cette synthèse dans la situation historique n'est pasréalisable.

Aussi toute morale qui ne se donne pas explicitement comme impossible aujourd'hui, contribue à la. »

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