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Faut-il opposer la liberté morale à la liberté politique ?

Publié le 29/03/2004

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morale

La liberté politique se comprend au sein d'une communauté, d'un Etat. Elle se saisit comme  dépassement de la liberté naturelle. La liberté politique se comprend comme l'exercice de la  liberté de l'arbitre dans la limite de la coexistence de la liberté d'autrui. La liberté morale, elle se définit comme auto-détermination de l'arbitre. Elle est fondée sur l'autonomie. Cependant, s'il y a lieu de penser une opposition c'est bien le lien qu'il y a entre la liberté  naturelle et la liberté politique. En effet, la liberté politique est la liberté de faire ce que  je veux dans la limite de la limitée d'autrui qui est sanctionnée par le droit comme norme. Or la morale justement n'est pas faire ce que je veux en tant que l'autonomie fondant la liberté morale ne doit pas être soumise à des maximes hétéronomiques comme peuvent être les passions. En  ce sens, la liberté peut se développer à l'aune de l'impératif catégorique. Pourtant au lieu  d'une opposition ne pourrait-on pas plus simplement parler d'une subordination ? En effet, la  liberté est elle-même une. Il n'y a pas lieu de penser une opposition de la liberté avec la liberté. Plutôt il s'agit d'une réduction qui est une subordination de politique par la morale. Cependant le problème reste entier si l'on pense une opposition entre la liberté politique comme  possibilité de se conformer et éventuellement la désobéissance civile que pourrait impliquer la  liberté morale ? Dès lors s'explique la nécessité la subsomption de la politique par la morale.

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« C'est dans le « Contrat social » que l'on trouve l'une des affirmations les plus radicales de Rousseau concernant la liberté comme bien inaliénable, définissant l'homme en propre. L'idée que la liberté est un bien inaliénable, et que nul ne peut consentir à y renoncer pourappartenir à l'Etat, est une thèse centrale de la pensée politique de Rousseau .

Elle sous-tend tout le « Contrat social », où il s'agit de déterminer comment les hommes peuvent véritablement s'associer, obéir à un pouvoir commun, à des lois valant pour tous, sans abdiquer leurimprescriptible liberté. Cette fameuse formule s'inscrit dans un contexte polémique.

Rousseau vient de montrer, en accord avec Hobbes et les partisans de l'école du droit naturel, que toute société, tout Etat, ne peut reposer que sur des conventions : « Puisqu'aucun homme n'a une autorité naturelle sur son semblable, et puisque la force ne produitaucun droit, restent donc les conventions pour base de toute autorité légitime parmi leshommes. » Rousseau entend maintenant se démarquer de ses prédécesseurs en refusant toute espèces de pacte de soumission qui lierait le peuple à des gouvernants, qui soumettrait la liberté des hommesà celle d'un autre.

C'est pourquoi il entend prouver que renoncer à sa liberté conduit à se détruireen tant qu'être humain, et que, par suite, nul ne peut le vouloir. Mais sans doute faut-il comprendre que la liberté pour Rousseau est constitutive de l'humanité : être humain, c'est être libre.

On peut aller jusqu'à dire que la liberté pour Rousseau prend la place du cogito chez Descartes .

Descartes considérait les animaux comme de simples automates, des machines, et la pensée seule assurait l'homme de sa différence essentielle avec les bêtes.

A cela Rousseau rétorque, faisant sienne les thèses sensualistes : « Tout animal a des idées puisqu'il a des sens […] et l'homme ne diffère à cet égard de la bête que du plus ou moins. » Mais, alors que l'animal est régi par l'instinct, par des règles de comportement innées, fixées par la nature, l'homme est libre : « et c'est surtout dans la conscience de cette liberté que se montre la spiritualité de son âme ».

Ce qui fait la grandeur de l'homme , sa spécificité, sa spiritualité, ce qui le définit en propre, ce n'est plus la raison, c'est la liberté. A partir de ces fondements, mis à jour dans le « Discours sur l'origine et les fondements parmi les hommes » (1755), Rousseau va s'employer à démontrer tous les arguments qui tentent de justifier l'esclavage privé et la sujétion politique. Il entend d'abord réfuter le parallèle établi par Grotius (1583-1645) entre l'esclavage privé et la soumission des peuples.

Si l'on pouvait comprendre qu'un homme se vende pour pouvoir survivre, il n'en resterait pas moins incompréhensive qu'un peuple se donne à un maître qu'il devra nourrir.Rétorquer que le peuple gagne au moins sa sécurité revient à dire, selon Rousseau , que les compagnons d' Ulysse étaient en sécurité dans l'antre du Cyclope : ils attendaient tranquillement d'être dévorés chacun à leur tour.

Enfin, même si u peuple pouvait se donner, il ne pourrait en aucun cas engager la liberté de ses enfants, nés libres, car en admettant que l'on puisse disposer de sa liberté, on ne peut engager celle des autres. Rousseau commence ici à démontrer les arguments fallacieux qui justifient l'emprise du pouvoir sur les hommes, et les privent de leur bien le plus précieux au nom d'une prétendue sécurité.

Mais il va plus loin en montrant que même un contrat de soumission est, en fait, juridiquement nul,moralement inconcevable. Un contrat suppose un échange de biens entre contractants, or renoncer à sa liberté, c'est renoncer à tout, c'est échanger un bien un bien infini(ma liberté) contre un avantage qui sera par définition disproportionné.

Si je donne tout, que pourra-t-on me restituer en échange ? Ce contrat estun contrat de dupe.

Je renonce à tous mes droits, je les donne à une autre qui en use à sa guise.

Qu'aurais-je à réclamer contre lui ? Que pourrais-jefaire s'il veut me nuire ? « C'est une convention vaine et contradictoire de stipuler d'une part une autorité absolue et de l'autre une obéissance sans borne.

» Renoncer à ma liberté revient à promettre d'obéir inconditionnellement à un autre, donc à me considérer comme un simple instrument, un simpleobjet, une chose dont l'autre peut disposer à sa guise.

Or, vouloir être un objet, un esclave, est impossible Je n'abdique pas alors simplement mesdroits, mais que je renonce aussi à mes devoirs, que je me détruis comme être moral.

Si celui auquel j'ai promis d'obéir m'ordonne de faire une action que je juge atroce, de deux choses l'une, ou bien j'obéis, mais alors j'abdique tout jugement, me considère comme une machine, et me niecomme être moral, je ne suis alors (à mes propres yeux) qu'un instrument animé, ou bien je refuse d'obéir et dans ce cas je fais éclater au grandjour que ce contrat de soumission est intenable, que je n'ai jamais pu véritablement vouloir obéir inconditionnellement. Ne pas être libre signifie ne pas accomplir sa volonté mais celle d'un autre.

Or, Rousseau montre que la liberté définit l'homme comme tel, et que nul e peut vouloir renoncer à sa liberté, cad nul ne peut vouloir véritablement se soumettre.

Ce serait « renoncer à sa qualité d'homme », vain &contradictoire : autant dire qu'un homme voudrait devenir un esclave, un instrument, une chose.

L'importance de la conception de Rousseau n'est donc pas tant de montrer que l'homme est naturellement libre que d'affirmer que cette liberté est inaliénable, et doit perdurer sous les lois, sous lepouvoir.

La liberté ne s ‘échange pas, on n'échange pas tout contre rien.

Sont ainsi disqualifiées toutes les théories qui, sous couvert d'assurer àl'homme sa sécurité, sa simple survie biologique, le privent en réalité de l'essentiel.

Cette sécurité est illusoire, cette survie est dégradante, en tantqu'elle transforme l'homme en chose et le prive de toute moralité.

En ce sens, La pensée de Rousseau se veut libératrice : « Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir d'en sortir ; ils aiment leur servitude comme les compagnons d'Ulysse aimaient leur abrutissement. » Rousseau anticipe sur le premier article de la « Déclaration des droits de l'homme » : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » Faire ainsi éclater l'illégitimité de toute forme d'esclavage ou de soumission impose de penser une forme d'Etat où la liberté soit préservée.

Mais. »

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