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Faut-il opposer le rêve à la réalité ?

Publié le 02/03/2004

Extrait du document

Bien que peu de critères nous amènerons à distinguer radicalement le rêve de la réalité. Nous pourrons alors établir la distinction nécessaire à poser entre les deux. Mais cette distinction est-elle d'emblée posée essentiellement ? Il se pourrait qu'elle ne soit pas posée préalablement mais qu'elle se trouverait dans le fait de pouvoir construire la réalité.            

I / PLATON : Dans le rêve s'expriment des désirs sans limites, maîtrisés dans la réalité            

Ce que Platon rappelle dans un extrait du livre X de la République, et que Freud reprendra bien des siècles plus tard, c'est cette présence de désirs et de plaisirs déréglés en chaque homme. Il entend par « déréglés « les désirs de la partie bestiale qui n'ont aucune pudeur ni aucune raison. Alors que ces désirs n'ont pas n'ont pas libre cours lorsque nous sommes éveillés, ils ne sont plus guidés par la partie raisonnable lorsque nous dormons. Ainsi, ils se laissent alors aller à tous les débordements possibles, et le rêve est le moment de ces débordements. La réalité est donc le  moment où les désirs peuvent être réglés, alors que le rêve est celui où ils échappent à tout contrôle de la partie raisonnable. Réalité et rêve se distinguent donc par le pouvoir d'extirper ces désirs déréglés.

 

            I / PLATON : Dans le rêve s’expriment des désirs sans limites, maîtrisés dans la réalité

          

            II/ DESCARTES : Nous pouvons douter de nos sens au point de ne plus distinguer rêve et réalité.

           

            III/ BERGSON : Seul l’art nous dévoile le réel

 

« Pascal, Pensées : « Cette partie dominante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et defausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours, car elle seraitrègle infaillible de vérité, si elle l'était infaillible du mensonge. Mais, étant le plus souvent fausse, elle ne donne aucune marque desa qualité marquant du même caractère le vrai et le faux.

Je ne parle pas desfous, je parle des plus sages, et c'est parmi eux que l'imagination a le granddroit de persuader les hommes.

La raison a beau crier, elle ne peut mettre leprix aux choses.

» L'imagination est la plus grande puissance d'erreur qui se puisse trouver enl'homme, et dont il ne peut se défaire.

Si elle était toujours fausse, il suffiraitd'en prendre le contre-pied pour trouver la vérité, mais nous ne savons jamaissi ce qu'elle nous représente est réel ou irréel.

N'étant pas la règle infaillible dumensonge, elle ne peut l'être de la vérité.

Elle représente le vrai et le faux avecla même indifférence.

Sa puissance de persuasion est infinie, même auprès deshommes les plus sages et les plus raisonnables.

Elle emporte l'assentiment parsurprise et sans difficulté.

Les plus beaux discours de la rhétorique ne sont pasceux qui parlent à notre raison mais à notre coeur.

La raison calcule, soupèse, compare, mesure, établit des rapports, mais elle est incapable de "mettre le prix aux choses".

C'est l'imagination quinous fait estimer, blâmer, aimer ou détester, et non pas la raison dont elle se joue sans efforts.

L'imagination aproduit en l'homme une seconde nature : "Elle remplit ses hôtes d'une satisfaction bien autrement pleine et entièreque la raison." III – Mais le rêve entretient pourtant certains rapports avec le réel 1) Ce qui nous apparaît est toujours du réel Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception : « Si le mythe, le rêve, l'illusion doivent pouvoir être possibles, l'apparent et le réel doivent demeurerambigus dans le sujet comme dans l'objet.

On a souvent dit que par définition la conscience n'admet pas laséparation de l'apparence et de la réalité et on l'entendait en ce sens que, dans la connaissance de nous-mêmes,l'apparence serait réalité : si je pense voir ou sentir, je vois ou sens à n‘en pas douter, quoi qu'il sen soit de l'objetextérieur.

Ici la réalité apparaît tout entière, être réel et apparaître ne font qu'un, il n'y a pas d'autre réalité quel'apparition.

» 2) Le rêve, source de création artistique Bachelard, La poétique de la rêverie : « Je suis un rêveur de mots, un rêveur de mots écrits.

Je crois lire.

Unmot m'arrête.

Je quitte la page.

Les syllabes du mot se mettent à s'agiter.

Desaccents toniques se mettent à s'inverser.

Le mot abandonne son sens commeune surcharge trop lourde qui empêche de rêver.

Les mots prennent alorsd'autres significations comme s'ils avaient le droit d'être jeunes.

Et les motss'en vont cherchant, dans les fourrés du vocabulaire, de nouvellescompagnies, de mauvaises compagnies.

Que de conflits mineurs ne faut-il pasrésoudre quand, de la rêverie vagabonde, on revient au vocabulaireraisonnable.

» Ce pouvoir de négation que révèle l'imagination est positif.

L'imagination estune puissance majeure pour l'homme.

Comme l'avait montré Kant, elle n'est passimplement "reproductrice" mais également productive.

Bachelard élève cettefaculté, qui précède l'expérience à une puissance d'anticipation de l'avenir.En ce sens, l'imagination nous détache du passé et du présent et ouvre lechamp du futur.

La fonction de l'irréel nous permet de dépasser le donné pournous projeter vers ce qui n'est pas encore.

L'imagination dynamise, en nousréveillant de nos habitudes et de nos automatismes.

Elle est une porte ouvertesur le champ du possible qui coexiste au champ du réel. Conclusion : Rêve et réalité ne semblent pas pouvoir se résoudre en une simple séparation.

Certes, le rêve nous met enprésence d'images illusoires qui ne sont pas réelles à proprement parler.

Mais l'illusion comme l'imaginaire nous sontnécessaires et utiles pour nous aider à vivre dans notre monde qui, lui, est bel et bien réel.. »

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