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Faut-il rechercher tout plaisir ?

Publié le 16/03/2004

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Il échappe donc à toute crainte, à toute autorité. C'est la raison pour laquelle l'un des slogans politiques de la jeunesse en révolte de Mai 68 était «Jouissez sans entraves«. Le plaisir est liberté et la liberté ne doit pas être contrainte.   [Le plaisir, selon Épicure, n'est pas la débauche des sens ni la richesse, mais l'état de tranquillité de celui qui évite la douleur et les égarements de l'âme. Il faut fuir les plaisirs artificiels du luxe et se contenter de quelques plaisirs naturels.] Le plaisir, c'est l'absence de douleur Epicure dit bien que «le plaisir est le but de la vie«. Mais c'est pour restreindre aussitôt sa définition du plaisir: «Le plaisir que nous avons en vue est caractérisé par l'absence de souffrances corporelles et de troubles de l'âme«. Le plaisir du sage n'est pas celui des débauchés ou des ambitieux; c'est le plaisir tranquille de celui qui évite les occasions de souffrir. Une des constances de la philosophie d'Epicure est de vanter le plaisir. On retrouve la formule « Le plaisir est notre bien principal et inné « dans la « Lettre à Ménécée «.

Il est naturel que le corps jouisse. Le plaisir est bon en soi, il est une expression de la liberté individuelle. C'est pourquoi il ne doit être soumis à aucune contrainte.

MAIS...

La débauche, la richesse, les plasirs excessifs sont mauvais. Seules les plaisirs naturelles, ceux qui évitent le trouble de l'âme, doivent être recherchés.

  • I) Tout plaisir est bon et doit être recherché pour lui-même.

a) Le plaisir est source de bonheur. b) Le corps est fait pour jouir ! c) Le plaisir est toujours libérateur.

  • II) Il ne faut pas rechercher tout plasir.

a) Le plaisir c'est l'absence de douleur. b) Trop de plaisirs tue le plaisir! c) Il faut rechercher les moyens de se rendre digne du bonheur.

.../...

« vie présente.

Bien vivre notre existence veut dire parvenir au bonheur ici-bas, et cela n'est possible que parun bon usage des plaisirs et des désirs.L'homme est un être de désir, et selon qu'il parvient ou échoue à satisfaire ses désirs, il est heureux oumisérable.Or, le bonheur est d'abord l'absence de souffrance physique ou psychologique.

C'est pourquoi Epicure déclare: « Une théorie non erronée des désirs sait rapporter tout choix à la santé du corps et à la tranquillité del'âme puisque c'est là la perfection même de la vie heureuse.

Car tous nos actes visent à écarter lasouffrance et la peur.

»Eprouver du plaisir, c'est d'abord combler un manque : boire quand on a soif, se rassurer quand on a peur.

Ensoi, un plaisir est toujours bon, une souffrance, un désir non comblé, toujours mauvais.Ainsi Epicure nous incite à classer nos désirs, et à adopter face à eux une stratégie telle que nous seronsfacilement comblés et rarement insatisfaits.Il y a d'abord les désirs naturels (dont certains sont naturels et nécessaires et d'autres seulement naturels) ;et ensuite les désirs vains.

Les désirs naturels et nécessaires comprennent tous les désirs tels que, s'ils nesont pas satisfaits, nous mourons (boire, manger, dormir).

Les désirs seulement naturels peuvent être le désirde manger tel ou tel plat, ou encore le désir sexuel, etc.Mais il importe de comprendre qu'il y a des désirs vains ; désir de richesse, de gloire, d'immortalité, etc.

Cesdésirs ont une particularité importante ; ils sont insatiables, illimités, ils n'ont jamais de fin.Quand je connais un désir naturel, il cesse d'être dès qu'il est satisfait.

Une fois que j'ai mangé, je n'ai plusfaim.

Ces plaisirs sont naturels parce qu'ils sont bornés : ils ont une limite naturelle.

A l'inverse, les désirs nonnaturels peuvent être dits vains parce qu'ils ne seront jamais comblés ; ils résident dans le principe du «toujours plus », l'illimité.

L'homme qui veut être riche, admiré, aimé, n'en a jamais fini de son désir.Il est facile de comprendre que si je veux parvenir au bonheur, à la santé du corps et à la tranquillité de l'âme,je dois éliminer les désirs vains.

Le plaisir naît de ce qu'un désir est comblé.

Mais les désirs vains sont pardéfinition illimités.

Le plaisir que leur satisfaction procure est illusoire et ne sert qu'à les relancer.

A peinecomblé, je veux autre chose, je veux plus ; je ne cesse de désirer, donc de manquer, donc de souffrir.L'homme des désirs vains, du « toujours plus », Platon le comparait déjà à un panier percé ; se condamner àne jamais être comblé.La première et principale leçon d'Epicure est donc celle-ci : ne pas céder aux désirs vains ; se contenter desdésirs naturels.

Vivre en accord avec la nature consiste d'abord à ne pas céder au vertiges des désirsillusoires.

Epicure les nomme vains, notre époque parlerait d'une course à la consommation.Il y a plus.

Certes tout plaisir est un bien en soi.

Mais certains plaisirs peuvent se révéler nuisibles.

Certestoute souffrance est un mal, mais endurer certaines douleurs peut se révéler utile.

Il ne faut pas recherchertout plaisir, ni fuir toute douleur : il faut savoir raisonner, calculer les conséquences.

Il ne faut pas céder àl'attrait de l'immédiat, mais avoir une certaine intelligence du plaisir.

On voit que nous sommes loin de l'imagedu « bon vivant », de celui qui jouit de façon primaire de tous les plaisirs qui s'offrent à lui.Epicure va même jusqu'à prôner une certaine austérité.

Il faut dit-il « savoir se suffire à soi-même » ; celaveut dire savoir se contenter de peu.

Car « Tout ce qui est naturel est aisé à se procurer, mais tout ce quiest vain est difficile à avoir.

»L'habitude de vivre simplement met à l'abri des coups du sort, tandis que l'habitude de vivre richement y rendplus vulnérable.

De plus l'habitude, par exemple, d'une bonne table, de mets précieux, transforme ce qui étaitau départ un plaisir (manger tel plat raffiné) en habitude voire en besoin.

Privé de ce superflu dont je me suisrendu dépendant, je vais en souffrir par ma propre faute.

Par contre, le sage épicurien se réjouira d'une tablesomptueuse, mais ne souffrira pas de son absence ; car il a compris que ce n'est pas l'objet qui crée le plaisir,mais la cessation du désir, du manque.

Naturellement, ce n'est pas tel grand vin qui me fait plaisir, mais de neplus avoir soif.

S'habituer aux grands crus, c'est se condamner et à y trouver moins de plaisir, et à souffrir sipour une raison ou pour une autre on ne peut plus s'offrir ce produit et à ne plus être capable d'apprécier uneboisson plus « ordinaire ».Ce souci d'autarcie, d'une vie simple qui nous rende le plus indépendant possible du hasard, des coups dusort, des autres, s'explique en partie par l'époque troublée, instable pendant laquelle Epicure écrit ; uneépoque où les solidarités traditionnelles de la cité grecque se défont, où la politique est instable, oùl'économie ne l'est pas moins.Mais cela n'invalide en rien le raisonnement d'Epicure, lequel dément l'interprétation déjà présente à sonépoque de sa doctrine : « Quand nous disons que le plaisir est notre but ultime, nous n'entendons pas par làle plaisir des débauchés ni ceux qui se rattachent à la jouissance matérielle, ainsi que le disent ceux quiignorent notre doctrine, ou qui sont en désaccord avec elle ou qui l'interprètent dans un mauvais sens.

Leplaisir que nous avons en vue est caractérisé par l'absence de souffrances corporelles et de troubles de l'âme.Ce ne sont pas les beuveries et les orgies continuelles des jeunes garçons et des femmes, les poissons et lesautres mets qu'offre une table luxueuse, qui engendrent la vie heureuse, mais la raison vigilante qui rechercheminutieusement les motifs de ce qu'il faut rechercher ou éviter, et qui rejette les vaines opinions grâceauxquelles le plus grand trouble s'empare de l'âme.

» Ceux qui vivent en cédant à l'attrait du plaisir immédiat, qui cultivent les désirs vains, qui accordent uneimportance extrême aux objets de leurs désirs, ceux-là n'ont rien compris au plaisir, et se condamnent à lasouffrance.La vraie philosophie du plaisir est celle, apparemment austère, d'Epicure.

Celle qui prône le plaisir, mais guidépar la raison vigilante.

Si le véritable épicurisme semble austère, proche de l'ascétisme, on conclura par unesentence d'Epicure : « Dans les autres occupations, une fois qu'elles ont été menées à bien avec peine, vientle fruit ; mais, en philosophie, le plaisir va du même pas que la connaissance : car ce n'est pas après avoir. »

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