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Faut-il Renoncer à l'idée De Nature ?

Publié le 11/09/2011

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L’étude de l’état de nature de l’homme peut permettre d’observer une bonté naturelle de celui-ci, c’est l’une des observations de Rousseau. L’étude de la nature humaine peut donc mener à une certaine valorisation de cette nature. Or dans son œuvre Léviathan, de 1651, Hobbes écrit « A l’état de nature, l’homme est un loup pour l’homme. «.  Là où Rousseau voit la nature humaine guidé par l’autoconservation et la pitié, Hobbes met en avant la méfiance, la rivalité et la gloire qui domineraient l’état de nature. On observe donc que l’étude de la nature humaine peut aussi bien amener à la valoriser qu’à en exposer ses risques.

« état de nature, alors il apparaît que la nature humaine s’apparente bien à cette loi du plus fort et également àcertains maux de l’humanité qui tendraient à se réduire, tels le machisme ou l’homophobie.

Par idée de nature peutêtre entendu légitimité spécifique de ce qui est naturel.

Or l’étude des hommes préhistoriques, généralementassociés à ceux qui furent le plus proche de la nature humaine, peut amener à des conclusions extrêmes.

L’idéecourante de la nature est, entre autre, celle d’une femme ayant un corps adéquat à porter les enfants, d’un hommeau corps approprié pour aller à la chasse, et d’hommes et femmes ayant des corps complémentaires pour lareproduction de l’humanité.

L’idée de nature humaine comporte donc le risque de marginaliser les femmes sansenfants ou des mères qui travaillent, on observe cette dernière marginalisation en Allemagne.

S’ajoute aux risquesd’une sacralisation de la nature humaine, la dévalorisation de la culture.

Les Lumières du XVIIIe siècle, dont Kant faitparti, mettent sur un piédestal la culture et sa diffusion.

La culture améliorerait le sort de l’humanité, soit l’histoireirait dans le sens du mieux.

Or si la culture est synonyme de progrès humain, l’idée même de nature peut être celled’une régression de l’humanité.Mais les bienfaits de la diffusion de la culture, tels que les Lumières les ont mis en avant, doivent être nuancés.Claude Lévi-Strauss évoque le risque de l’ethnocentrisme que comporte une trop grande mise en valeur d’uneculture.

La non prise en compte des autres cultures serait la cause du colonialisme.

Dans ce sens l’œuvre de JuliaKristeva, Etrangers à nous-mêmes, se base sur les études psychanalytiques de Freud pour lier une idée de culturetrop forte au nationalisme.

Elle prône le droit à la singularité qui serait bafoué par une omnipotence de la culture.L’actualité illustre ces risques de la valorisation de l’idée de culture.

Le débat sur l’identité nationale, qui corresponden grande partie à l’étude des valeurs de la culture française, est jugé susceptible de mener au nationalisme.

A tropvaloriser la culture française il y aurait un risque de dénigrer les autres cultures comme celle des pays arabes.

Ilsemble aujourd’hui que le débat sur l’identité nationale dérive sur celui de la tolérance face à la religion musulmane.L’autorisation de la construction de minarets et le port de la burqa sont remis en cause.

Certes la laïcité de laRépublique française peut justifier ces débats, mais l’apparition de ces derniers dans le cadre d’un questionnementsur l’identité française peut exposer la France à une hausse des tensions entre ses différentes communautés.

Onobserve donc un risque d’une étude de la culture prédominante de celle de la nature pour la cohésion nationale.

Làoù l’idée de nature tendrait vers une fraternité universelle, celle de culture peut amener à une désunion.

Renoncer àl’idée de nature serait alors exposer l’humanité à une certaine hostilité, un éloignement des humains selon leurculture.

Ce clivage de l’humanité rejoint la thèse de Rousseau sur les méfaits de la culture qui causerait lesinégalités entre les hommes.

Par exemple l’art de la rhétorique permet à certains hommes de dominer ceux qui sesont moins bien approprié cet art.

A l’état de nature en revanche, les hommes ne sont pas pervertis par la cultureet les antagonismes n’auraient pas de raison d’être.Face à cette opposition sur les conséquences de l’étude de la nature humaine et l’essor de la culture, le biologisteFrançois Jacob écrit Le jeu des possibles, la diversité du vivant.

Il y dénonce l’instrumentalisation politique etidéologique du débat sur l’inné, ce qui est déterminé à la naissance, et l’acquis, ce qui n’est pas naturel.

Alors queles partisans de l’acquis, comme les marxistes, soutiennent l’étude de l’influence du milieu, de l’environnement, soitde la culture ; l’idéologie conservatrice voit l’homme comme biologiquement prédéterminé.

Cette dernière visioncréationniste peut légitimer l’inégalité sociale par l’inégalité biologique.

A contrario les partisans d’une lutte contreles inégalités sont plutôt partisans de l’acquis et donc récusent les aptitudes naturelles et les conséquences del’hérédité.

Ainsi l’inégalité sociale serait injustifiée puisque la nature humaine serait dénuée de conséquence sur lesindividus.

Le débat sur les rôles respectifs du génotype et du phénotype peut donc amener à d’importantesconclusions pleines de conséquences sur la détermination la marche à suivre politique.

Renoncer à l’idée de naturehumaine serait justifier la lutte contre les inégalités, alors qu’une mise en avant des différences issues de la naturehumaine amènerait à justifier ces inégalités.

Mais François Jacob différencie « identité » et « égalité », le biologiquene doit pas se confondre avec le juridique.

Il s’oppose aux thèses progressistes et conservatrices précédentes,selon lui, c’est la diversité de la nature humaine qui justifie la recherche de l’égalité entre des êtres humainsnaturellement uniques.

Cela amène à penser que l’étude de la nature humaine n’est pas dangereuse pour l’humanitétant que l’humanité ne tente pas de l’instrumentaliser à des fins idéologiques.

La conquête de l’idée de naturehumaine doit donc se faire sans arrières pensées, avec objectivité et conscience des risques qu’elle comprend. N’étant pas impossible mais complexe, la conception de nature humaine peut passer par l’établissement del’hypothèse philosophique de l’état de nature afin de s’affranchir des transformations de l’humanité.

Cette étude dela nature humaine n’est pas dénuée d’enjeux idéologiques, politiques et sociaux.

L’idée de nature humaine impliquedonc une rigueur philosophique, face à la difficulté de la tâche, et une certaine responsabilité, face aux risques desconclusions que l’étude de la nature humaine peut amener.

Renoncer à l’idée de nature humaine n’est donc ni justifiépar sa complexité ni par ses dérives potentielles, dangers qu’il ne faut toutefois pas oublier.L’étude de la nature humaine doit également s’appuyer sur un point essentiel de l’humanité, la diversité.

Qu’elle soitnaturelle ou culturelle, la diversité ne doit ni être niée ni être redoutée.

Elle rend chacun unique et enrichitl’humanité.

Car l’humanité dénuée de ses différences tomberait dans une uniformité implacable et ennuyeuse.

Ladiversité est alors synonyme de vie et non d’inégalité.. »

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