FAUT-IL NE TENIR POUR VRAI QUE CE QUI PEUT ÊTRE PROUVÉ ?
Publié le 16/03/2004
Extrait du document
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"Qui a une idée vraie sait en même temps qu'il a une idée vraie et ne peut douter de la vérité de saconnaissance."Spinoza, Éthique, 1677.
Pour Spinoza, la vérité s'impose d'elle-même.
Il n'y a pas de signes extérieurs.
Autrement dit, pour la questionde la vérité, l'esprit n'a affaire qu'à lui-même.
Suffit-il alors de dire que l'esprit doit être en accord avec sespropres exigences pour connaître la vérité ? Pour Spinoza, les idées ne sont pas de simples représentations.
Lavérité est un processus actif et dynamique de l'esprit.
Lorsque je connais un objet, je connais et l'objet et lamanière dont je le connais.
On ne peut chercher les critères de la vérité que si l'on connaît déjà la vérité.Certes on ne peut pas prouver la valeur de la vérité, mais cela serait absurde.
La vérité, comme la lumière,s'impose d'elle-même, et ne peut pas être expliquée par autre chose qu'elle-même.
LA VÉRITÉ ET LE LANGAGE
"Le vrai et le faux sont des attributs du langage, non des choses.
Et làoù il n'y a pas de langage, il n'y a ni vérité ni fausseté." Hobbes,Léviathan, 1651.
Dans le langage courant, on dit qu'une pensée, une parole sont vraies sice qu'elles contiennent correspond à la réalité.
Un mensonge est uneparole qui ne dit pas la vérité, ou qui dit le contraire de la vérité.
Aussi,pour vérifier si quelqu'un dit la vérité, on pourra par exemple serenseigner sur les faits dont il parle.
Pourtant ce que nous dit Hobbes,c'est que les notions de vérité et de fausseté n'existent que par lelangage.
En d'autres termes, les mots, les paroles ont en eux-mêmes unpouvoir de vérité et de fausseté qui échappe à toute vérificationpossible autre que celle de la logique du langage.
Hobbes : Car vrai et faux sont des attributs de la parole, et non des choses. Là où il n'est point de parole, il n'y a ni vérité ni fausseté.
Il peut y avoirerreur, comme lorsqu'on attend ce qui n'arrivera pas ou qu'on suppose ce quin'est pas arrivé : mais ni dans un cas ni dans l'autre on ne peut vousreprocher de manquer à la vérité.
Puisque la vérité consiste à ordonnercorrectement les dénominations employées dans nos affirmations, un hommequi cherche l'exacte vérité doit se rappeler ce que représente chaquedénomination dont il use, et la placer en conséquence : autrement, il se trouvera empêtré dans les mots comme unoiseau dans des gluaux ; et plus il se débattra, plus il sera englué.
C'est pourquoi en géométrie, qui est la seulescience que jusqu'ici il ait plu à Dieu d'octroyer à l'humanité, on commence par établir la signification des motsemployés, opération qu'on appelle définitions, et on place ces définitions au début du calcul.On voit par là combien il est nécessaire à quiconque aspire à une connaissance vraie d'examiner les définitions desauteurs qui l'ont précédé, de les corriger lorsqu'elles sont rédigées avec négligence, ou bien de les composer par lui-même.
Car les erreurs de définition se multiplient d'elles-mêmes à mesure que le calcul avance, et elles conduisentles hommes à des absurdités qu'ils finissent par apercevoir, mais dont ils ne peuvent se libérer qu'en recommençanttout le calcul à partir du début, où se trouve le fondement de leurs erreurs.
De là vient que ceux qui se fient auxlivres font comme ceux qui additionnent beaucoup de totaux partiels en un total plus général sans considérer queces totaux partiels ont été bien calculés ou non ; trouvant finalement une erreur manifeste, et ne suspectant pasleurs premiers fondements, ils ne savent pas comment s'en sortir : ils passent leur temps à voleter à travers leurslivres, comme des oiseaux qui, entrés par la cheminée, se trouvent enfermés dans une pièce et volettent vers lalumière trompeuse des carreaux de la fenêtre, n'ayant pas assez d'esprit pour considérer par où ils sont entrés.
[...]Car les mots sont les jetons des sages, qui ne s'en servent que pour calculer, mais ils sont la monnaie des sots, quiles estiment en vertu de l'autorité d'un Aristote, d'un Cicéron, d'un saint Thomas, ou de quelque autre docteur, qui,en dehors du fait d'être un homme, n'est pas autrement qualifié.
Avez-vous compris l'essentiel ?
1 Qu'est-ce qui est vrai ?2 Suffit-il de parler pour dire la vérité ?3 À quelle condition le langage peut-il dire la vérité ?
Réponses:
1 - Jamais les choses en elles-mêmes, qui ne sont ni vraies ni fausses.
On peut se tromper en supposantfaussement ce qui n'arrive pas, mais c'est toujours ce jugement ou cette proposition qui sera faux, non ce qui arriveou pas.2- Oui, en un sens : la vérité ne s'attribue jamais qu'à des paroles, elle ne se déploie que sur le terrain du langage.Mais non, si l'on entend par là que toute parole est nécessairement vraie.3 - Si et seulement si, comme lorsqu'on calcule, on est attentif à toutes les opérations, à toutes les définitions.
Les.
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