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Y a-t-il de faux désirs ?

Publié le 19/09/2004

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Le désir est toujours une attirance spontanée et naturelle. Le désir brut précède la conscience et la volonté de ce désir. Il ne saurait donc être falsifié. L'homme, en tant que vivant, est fortement incliné à poursuivre des buts premiers, ceux qui sont induits par son corps : manger, boire, jouir de son corps sexué. Tout le pousse à chercher son bien-être, à désirer ce qui le favorise, à fuir ce qui lui apporte désagrément et douleur. C'est ce que l'hédonisme antique, qui affirmait que l'accès au bonheur passait nécessairement par le plaisir, avait compris. Quel intérêt y aurait-il d'ailleurs à voir du désir là où il n'y en a pas? Du fait même qu'ils pèsent sur mon esprit et sur mon corps, que je les ressens comme réels, les désirs que j'éprouve ne peuvent être faux.    


« Il y a de faux désirsPour Epicure, le plaisir ou la satisfaction du désir est un bien.

Mais s'ilaffirme que l'homme doit s'employer à rechercher le plaisir pour êtreheureux, il ne doit pas en faire la visée ultime ou le but de toutes sesactions.

Le plaisir ne doit pas être recherché pour lui-même, maisseulement pour éviter la souffrance et avoir la paix de l'âme.

Lebonheur n'est pas le fruit de la luxure : « Ce ne sont pas les beuverieset les orgies continuelles, les jouissances des jeunes garçons et desfemmes, les poissons et autres mets qu'offrent une table de luxueusequi engendrent une vie heureuse, mais la raison vigilante qui rechercheminutieusement les motifs de ce qu'il faut choisir et de ce qu'il fautéviter et qui rejette les vaines opinions, grâce auxquelles le plus grandetrouble s'empare des âmes » (« Lettre à Ménécée »).Aussi Epicure distingue-t-il :* Les désirs naturels et nécessaires au bien-être du corps et de l'âme,qui s'appliquent aux objets susceptibles de supprimer la douleur, tels laboisson qui étanche la soif ou la pain qui calme la faim.* Les désirs naturels et non nécessaires.

Les objets de ces dernierssont, par exemple, les mets délicats qui permettent de varier le plaisir.Ces désirs ne sont naturels que pour autant qu'ils ne se transformentpas en débauche.

Ainsi, le désir sexuel est naturel à condition qu'il nedevienne pas « un appétit violent des plaisirs sexuels assorti de fureuret de tourment ».* Les désirs ni naturels ni nécessaires qu'il faut refouler si l'on veut connaître la sérénité (désirs de gloire, derichesse, d'immortalité, ambition$!:0129).

Ces désirs sont de « vaines opinions » qui trouvent leur origine dansla crainte de la mort, notamment. Epicure nous invite donc à mettre fin à tous les plaisirs non naturels et non nécessaires qui occasionnent leplus souvent des désagréments, des frustrations, qui freinent l'accès à l'ataraxie (absence de trouble ou dedouleur).

Les désirs non-naturels et non-nécessaires sont de faux désirs. « Je m'aperçois qu'une passion violente te pousse aux plaisirs de l'amour.

Or, à condition que tu ne veuilles renverser les lois, ni ébranler ce qui est honnêtement établi par l'usage, ni affliger ton prochain, nifatiguer ton corps, ni gaspiller les moyens nécessaires à l'existence, tu peux suivre ton impulsion à ta guise.

Ilest impossible de ne pas commettre une au moins de ces choses, car les plaisirs de l'amour ne nous ont jamaisservi, il faut s'estimer heureux s'ils ne nous nuisent pas.

[$!:0129] Quand on n'a plus l'occasion de voir l'objet bien-aimé, quand les relations intimes et le commerce cessent, lapassion amoureuse s'affaiblit.

» Epicure , « Maximes ». Epicure énumère les conditions d'un désir légitime, tant dans les domaines de la législation, des conventions sociales, de la morale, que de la santé et de l'économie.

Mais il s'agit là d'une formule de rhétorique ; une tellesomme d'exigences s'avère être une gageure, ou plutôt l'exposé des griefs d' Epicure envers la passion ; puisqu'elles sont non seulement inutiles, mais nuisibles. Dans d'autres textes, Epicure distingue parmi les plaisirs , ceux qui sont naturels et nécessaires, ceux qui sont naturels mais non nécessaires, et enfin ceux qui ne sont ni naturels et non nécessaires.

Or, le sage rechercheles premiers et méprise les autres.

L $!:0349épicurisme est donc une morale du plaisir, mais dans les limites dusimple besoin ; sa finalité est l'ataraxie ; sa méthode consiste à se contenter de peu, à ne désirer que ce quiest nécessaire, et à fuir tout ce qui peut stimuler des impulsions artificielles et excessives, comme nous yinvite la fin de notre texte.

Contrairement à une réputation infondée, la morale épicurienne est doncincompatible avec les passions. [La «vérité» d'un désir se mesure non à son objet mais aux effets qu'il produit sur notre être.

Le désiréchappe à la volonté.

On ne peut éprouver un désir si on n'a pas ce désir.

Le désir, en soi, est donc toujours authentique et spontané.] Le désir est toujours vrai. »

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