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Fiche De Lecture : Corneille - Horace

Publié le 19/09/2010

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Horace est une pièce de théâtre de Pierre Corneille inspirée du combat entre les Horaces et les Curiaces.(Les 3 Horaces et les 3 Curiaces étaient les champions mythologiques qui, d'après la légende rapportée par Tite-Live, se seraient battus en duel pendant la guerre entre Rome et Albe-la-Longue, durant le règne de Tullus Hostilius (troisième roi de Rome entre 673 et 641 av. J.-C.). Elle fut jouée pour la première fois en mars 1640. 

 La pièce, dédiée au cardinal de Richelieu, fut le second grand succès de Pierre Corneille. Écrite en réponse aux contradicteurs du Cid, la pièce met en scène un personnage encore plus audacieux que Rodrigue : Horace, qui sacrifie son meilleur ami et tue sa sœur Camille. 

 La pièce, dont l'action se situe à l'origine de Rome, commence dans une ambiance de paix et de bonheur : la famille romaine des Horaces est unie à la famille albaine des Curiaces. Le jeune Horace est marié à Sabine, jeune fille albaine dont le frère Curiace est fiancé à Camille, sœur d'Horace. 

 Mais la guerre fratricide qui éclate entre les deux villes rompt cette harmonie. Pour en finir, chaque ville désigne trois champions qui se battront en combat singulier pour décider qui devra l'emporter. Contre toute attente, le sort désigne les trois frères Horaces pour Rome et les trois frères Curiaces pour Albe. Horace, étonné, ne s'attendait pas à un si grand honneur. Les amis se retrouvent ainsi face à face, avec des cas de conscience résolus différemment : alors qu'Horace est emporté par son devoir patriotique, Curiace se lamente sur son destin si cruel... 

 Même le peuple est ému de voir ces six jeunes gens, pourtant étroitement liés, combattre pour le salut de leur patrie. Mais le destin en a décidé ainsi. Lors du combat, deux Horaces sont rapidement tués et le dernier, héros de la pièce, doit donc affronter seul les trois Curiaces blessés; mêlant la ruse et l'audace, en faisant d'abord semblant de fuir pour éviter de les affronter ensemble puis en les attaquant, il va pourtant les tuer un par un et remporter ainsi ce combat. 

 Après avoir reçu les félicitations de tout Rome, Horace tue sa sœur qui lui reprochait le meurtre de son bien-aimé. Le procès qui suit donne lieu à un vibrant plaidoyer du vieil Horace, qui défend l'honneur (valeur très chère à Corneille) et donc Horace contre la passion amoureuse représentée par Camille. Horace sera acquitté malgré le réquisitoire de Valère, un chevalier romain lui aussi amoureux de Camille, tout comme Curiace. 

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 Acte I, *Scènes 1 et 2* Albe-La-Longue et Rome, cités sœurs et voisines, sont en guerre. L'albaine Sabine est mariée à un Romain de noble famille, Horace. Camille, sœur d'Horace, est, fiancée à un noble albain, Curiace, frère de Sabine. Situation atroce, causée par la guerre, que viennent déplorer les deux femmes tour à tour à leur confidente commune, Julie, femme romaine. 

 Scène 3 Premier coup de théâtre : Curiace annonce que la mêlée générale n'aura pas lieu ; six guerriers, trois Albains et trois Romains décideront à eux seuls par les armes de l'issue de la guerre et du destin de leur pays respectif. À l'issue du combat, le pays des champions vaincus se soumettra au pays des vainqueurs du reste honorables. L'espoir semble renaître : Camille pourra enfin jouir de son amour avec Curiace ... 

 Acte II, *Scène 1* Horace et ses frères ont été choisis pour défendre Rome lors du combat qui décidera du sort des deux cités. Curiace est partagé entre son désir de voir Albe victorieuse, et sa peur de voir mourir son beau-frère et ami. 

 Scène 2 Flavian vient annoncer à Curiace que lui et ses frères ont été choisis pour défendre Albe. Curiace est étonné, mais accepte. 

 Scène 3 Horace et Curiace, malgré la crainte qu'ils ont de devoir s'affronter, sont fiers de défendre leurs cités respectives, et l'honneur qui les attend dépasse leur liens d'amitié et de famille. 

 Scène 4 Camille entre en scène en pleurant. Elle déplore le choix des chefs de guerre. Horace lui demande d'accepter le sort, et de ne pas maudire le vainqueur, quel qu'il soit. 

 Scène 5 Restée seule auprès de son amant Curiace, Camille pleure leur sort funeste. Curiace s'attendrit, puis, en renonçant à l'amour de son amante, décide d'accomplir son devoir. 

 Scène 6 Horace, Sabine, Curiace et Camille s'adressent des adieux mutuels. Sabine déplore leur situation, Curiace et Horace en sont ébranlés. Camille raille ironiquement leur attendrissement, mais Horace s'en défend. 

 Scène 7 Le vieil Horace entre et reproche leur attendrissement aux deux guerriers. Sabine, éplorée, sort en compagnie de Camille. 

 Scène 8 Le vieil Horace demande à Horace et Curiace d'accomplir sans délai leur devoir. Horace lui enjoint d'empêcher les femmes d'assister au combat. 

 *Acte III, *Scène 1 Sabine ne sait qu'espérer entre la victoire de Rome et celle d'Albe. Au désespoir, elle invoque les dieux et leur reproche leur cruauté. 

 Scène 2 Julie vient lui annoncer que la décision des chefs a été contestée, que les combattants ont été séparés, et qu'il a été décidé de consulter les dieux pour savoir si le combat doit avoir lieu ou non. Sabine y voit une réponse des dieux à ses prières. 

 Scène 3 Camille entre. Elle ne voit dans cet événement qu'un sursis. Selon elle, la volonté des dieux est aussi celle des princes, elle pense donc que le combat aura lieu. Julie part aux nouvelles. 

 Scène 4 Sabine et Camille soupirent toutes deux et prétendent chacune subir de plus grands maux que l'autre. Sabine dit que Camille peut changer d'amant si Curiace meurt, tandis qu'elle doit fidélité à son mari Horace. Camille lui rétorque qu'elle ne connaît pas l'amour, qui ne peut être estompé par la seule volonté. 

 Scène 5 Le vieil Horace vient annoncer la décision des dieux : le combat aura lieu. Sabine pleure. Le vieil Horace loue la grandeur de Rome et espère sa victoire. 

 Scène 6 Julie annonce la défaite de Rome. Seul Horace a survécu, et a pris la fuite. Le vieil Horace s'emporte contre la lâcheté de son fils. 

 *Acte IV, *Scène 1 Le vieil Horace s'emporte toujours contre la lâcheté de son fils. Camille essaie en vain de tempérer les ardeurs du vieillard. 

 Scène 2 Valère entre en scène et raconte le véritable dénouement du combat : Horace, en prenant la fuite, a cherché à fatiguer ses adversaires pour les affronter un par un. Les ayant tous vaincus, il a donné la victoire à Rome. Le vieil Horace loue le courage de son fils. Valère se retire en annonçant la venue prochaine du roi. 

 Scène 3 Le vieil Horace reproche à sa fille Camille de pleurer et lui demande d'accepter le sort et de se montrer heureuse de la victoire de Rome en participant aux cérémonies en l'honneur d'Horace. 

 Scène 4 Camille, restée seule, se lamente du sort cruel qui s'acharne sur elle, et décide de se montrer indigne de son frère et de son père en ne respectant pas le vainqueur et en offensant sa victoire. 

 Scène 5 Horace entre et demande à sa sœur de se montrer respectueuse de sa victoire. Mais Camille ne lui rend que des pleurs. Horace, offensé et la jugeant traître à sa patrie puisqu'elle pleure un ennemi de Rome, la tue. 

 Scène 6 Procule, soldat romain ayant assisté à la scène, s'indigne de ce crime. Horace prétend avoir fait là un acte de justice. 

 Scène 7 Sabine entre en scène et lui demande de la tuer à son tour. Horace ne répond pas à sa demande et lui demande au contraire de participer à sa gloire. Sabine lui reproche son insensibilité, et lui demande à nouveau la mort pour châtiment de ses pleurs, ou pour grâce, en mettant fin à ses souffrances. Horace déplore la capacité des femmes à émouvoir, et sort de scène de peur de prendre pitié. Sabine restée seule annonce sa volonté de se suicider. 

 *Acte V, *Scène 1 Le vieil Horace désapprouve le crime d'Horace, mais également l'attitude de feue Camille qui s'est montrée traître à sa patrie en pleurant Curiace. Horace, honteux de son meurtre et ne souhaitant pas déshonorer sa famille, demande à être puni de mort par son père. Mais celui-ci ne veut pas se résoudre à un tel châtiment. 

 Scène 2 Le roi Tulle entre et vient honorer Horace, tout en plaignant le vieil Horace pour la mort de sa fille Camille. Valère, qui aimait Camille, demande au roi de punir Horace. Tulle écoute son plaidoyer, puis la défense d'Horace : celui-ci demande la mort en châtiment, de manière à ce que son crime ne souille pas sa gloire. 

 Scène 3 Sabine entre en scène et demande la mort pour expier le crime de son mari et apaiser la colère des dieux. Le vieil Horace prend la parole et dit à Sabine que ses frères défunts désavoueraient ses larmes. Puis il dit au Roi et à Valère que le meurtre de Camille ne concerne que leur famille, et qu'Horace est un appui dont Rome ne peut se priver. Tulle, convaincu par le discours du vieil Horace, considère la bravoure d'Horace plus grande que son crime (bien qu'il désapprouve ce dernier) et lui demande de ne pas haïr Valère. À Sabine, il demande de sécher ses pleurs, et veut que le lendemain soient inhumés en un même tombeau Camille et Curiace. 

 *Personnages : (Albe, Rome*) 

 Tulle, roi de Rome. 

 Le vieil Horace, chevalier romain. 

 Horace, son fils. 

 Curiace, gentilhomme d’Albe, amant de Camille. 

 Valère, chevalier romain, amoureux de Camille. 

 Sabine, femme d’Horace, et sœur de Curiace. 

 Camille, amante de Curiace, et sœur d’Horace. 

 Julie, dame romaine, confidente de Sabine et de Camille. 

 Flavian, soldat de l’armée d’Albe. 

 Procule, soldat de l’armée de Rome. 

 

 1:Argument 

 En 1640, Corneille fait jouer Horace, tragédie en cinq actes et en vers : une sanglante guerre oppose les deux villes, Albe et Rome. Sabine, dont les trois frères combattent pour Albe, a épousé un Romain, Horace. À l’inverse, Camille, sœur d’Horace, est fiancée à Curiace, l’un des frères de Sabine. Pour éviter une bataille générale, on choisit dans chaque camp trois champions : leur lutte permettra de décider de la victoire. Or sont désignés pour Rome Horace et ses frères, et pour Albe, Curiace et ses frères. Curiace est désolé, mais Horace éclate d’une joie brutale et patriotique. Tandis que Camille et Sabine tentent d’empêcher l’affrontement, le vieil Horace intervient, et exhorte les jeunes gens au combat. Les armées veulent un autre choix, mais les augures s’y opposent. Le combat commence donc. Les frères d’Horace meurent, lui même fuit. Son père est indigné. Mais on apprend par quelle ruse, en séparant ses adversaires, il les a successivement tués. Le vieil homme triomphe, Camille est accablée. Quand son frère revient triomphant, elle le maudit, et il la tue. Valère, qui aimait Camille, accuse Horace auprès du roi ; son père le défend. L’éloquence du vieil homme l’emporte : le sauveur de la patrie est acquitté du meurtre de sa sœur. 

 2:Analyse 

 Pour cette pièce, Corneille emprunte à l’histoire romaine. Il a lu Tite-Live, et découvre chez ces vieux Romains une conception exigeante de la morale et de la politique, tout à fait appropriée pour qui voudrait bâtir une tragédie. D’Horace à Suréna, ce sont une belle quinzaine de tragédies romaines écrites par Corneille. Mais le public n’a pas manqué de remarquer quelles applications il pouvait faire de cette pièce. La France était en guerre contre l’Espagne, la reine de France était la sœur du roi d’Espagne, et la reine d’Espagne était la sœur du roi de France. Tel est exactement le canevas de la tragédie. La portée morale de la pièce s’inscrit tout à fait dans le cadre politique défini par Richelieu, à qui la pièce est adressée. Il s’agit de subjuguer les intérêts particuliers sous un sentiment patriotique, en faisant prévaloir une valeur suprême : l’État. Mais l’intérêt de cette tragédie réside surtout dans la force rhétorique*, parfois brutale et âpre, des passions et des vers. La véhémence du père permet d’absoudre la barbarie du fils : c’est le triomphe du patriotisme.

 

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