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Fiche De Lecture - Petites Filles d'Aujourd'Hui, Catherine Monnot

Publié le 14/08/2012

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Enfin, Catherine Monnot soulève un dernier point essentiel en questionnant les alternatives aux codes dominants de la féminité. Selon elle, certains sports véhiculent des valeurs et un rapport au corps qui peuvent être perçus comme une alternative à la féminisation précoce. Elle donne ainsi l’exemple de la danse classique qui permettrait de canaliser le corps dans une esthétique codifiée et une culture de l’effort pour accéder à la retenue et à l’harmonie que cette danse exige. Monnot évoque également le hip-hop qui selon elle, participerait à un processus de « socialisation inversée «. Les filles pourraient ainsi adopter deux formes de personnalité : l’une qui incorporerait les valeurs du masculin en mêlant à des capacités athlétiques, un sentiment de maîtrise de soi par le hip-hop, et l’autre en réaffirmant leur identité sexuée en participant aux activités des filles de leur âge le reste du temps. Catherine Monnot semble cependant prôner comme renversement des codes traditionnels, la pratique de l’équitation. En effet, ce sport n’étant pas sans risque, il amènerait les filles à dépasser les représentations propres à leur sexe en expérimentant les sensations physiques telles que la peur de la chute et la douleur. En apprenant à endurer la douleur, à faire preuve de ténacité, elles transcenderaient ainsi de nombreux stéréotypes physiques et psychologiques. L’activité équestre et le rapport au cheval permettent donc ainsi aux filles de vivre une autre expérience du féminin différente de l’apprentissage de la séduction par leur corps.  Son argumentaire est toutefois limité et paraît bref pour le traitement d’une question aussi importante. Comme elle l’a souligné elle-même, les sports sont eux aussi très différenciés selon les genres et même en eux-mêmes.

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« solidarité féminine face aux valeurs traditionnelles.

Les héroïnes évoquées précédemment démontreraient ainsi leur capacité à vivre et se débrouiller sans l'aide dumonde masculin tout en remettant en cause les valeurs majeures actuelles que sont l'individualisme, la compétition et la réussite à tout prix.Quoiqu'il en soit, Catherine Monnot propose ainsi une analyse nécessaire à la compréhension de la position ambiguë qu'occupe la femme dans notre société et auxdéfis contradictoires qu'elle tente de relever tant bien que mal.

Elle apparaît ainsi assujettie à ce que les médias de masse font d'elle, soumission présente dès lapréadolescence. On peut ainsi souligner en second point l'importance qu'accorde Catherine Monnot à la place des médias de masse et le rôle des adultes dans la constructionidentitaire de la petite fille qui n'est plus vraiment libre de ses choix culturels.

En effet malgré l'existence d'une culture enfantine propre, celle-ci reste soumise à desintérêts adultes qui la dépassent et la contrôlent.

Les médias apparaissent ainsi omniprésents dans le processus de socialisation des préadolescente.

Ainsi la publicité,la télévision, Internet brouillent les limites entre les catégories d'âge et donnent très tôt aux filles les clés des pratiques féminines qui passent par la consommation.Elles constituent par ailleurs un public très avantageux au cœur des stratégies commerciales.

Le monde des adultes propose donc à ces préadolescentes des modèlesqui leur servent de supports d'identification et de projection.

Ainsi selon Catherine Monnot, les paroles des chansons d'Alizée ou de Jennifer guident et rassurent lespetites filles sur les transformations qu'elles vivent.

Elle révèle également la culture de l'apparence que ces modèles développent chez les filles.

Les stars constituentun tremplin dans l'exploration de l'univers de la féminité à travers la mise en valeur de leur corps par leurs vêtements ou leur maquillage que les préadolescentestenteront de reproduire.

« Il faut leur ressembler pour arriver à être soi ».

Cette citation de Dominique Pasquier renvoie ainsi à l'analyse de Monnot qui considèrel'imitation de la star comme prise de liberté vis-à-vis du modèle parental.

Elle soulève ainsi le paradoxe de cette imitation qui en uniformisant les petites fillesrenforce parallèlement leur identité collective et individuelle.

Catherine Monnot révèle la place primordiale qu'occupe l'univers des médias et de la consommation demasse dans la diffusion d'une représentation de la femme définie par son corps.

L'imprégnation des petites filles de ces pratiques est facilitée par la culture del'imitation privilégiée à celle de l'invention chez les filles.

Au-delà de l'intérêt commercial qu'elle constitue, cette organisation symbolique des sexes est révélatrice desattentes sociales issues du monde des adultes, que ceux-ci imposent déjà plus ou moins consciemment aux enfants.On note cependant que cette analyse de Monnot contredit son intention première de mettre en lumière la transmission horizontale des processus de féminisation.

Eneffet, même si le regard des pairs est primordial et soumet la petite fille à une « tyrannie de la majorité » comme elle le rappelle, la transmission horizontale incarnéepar les médias et les adultes semble centrale dans le processus d'intériorisation des pratiques féminines dans l'étude de Monnot.

Par ailleurs, on peut nuancerl'importance qu'elle accorde à l'imitation des stars dans son œuvre.

En effet, selon certaines études, les petites filles seraient à même de prendre de la distance parrapport à ces modèles.

En effet, elles savent rejeter leur exemple lorsqu'ils adoptent un comportement excessif et outrancier (déboires ou provocations des stars).

Ellessont également conscientes qu'elles sont dans une phase d'attente, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas encore des femmes et que la société désapprouverait une imitationtotale.

Certaines en viennent même à nier ces modèles ultra-féminins, comme le prouve une enquête en 1972 qui révélait qu'à l'âge de 3 ans, quinze filles sur centauraient préféré être des petits garçons.

Enfin malgré cette identification fréquente aux stars, il apparaît que les petites filles se basent parfois davantage sur desmodèles plus proches et plus accessibles, tels la mère qui est la première représentation de la femme intériorisée par la préadolescente et à laquelle elle se réfère trèssouvent dans son « apprentissage de la féminité ». Cet ouvrage pose en troisième lieu une question importante et largement relayée dans les débats actuels, celle de l'hypersexualisation des petites filles liée à uneérotisation précoce.

En effet, selon l'enquête de Monnot, les préadolescentes sont très vite confrontées à la sexualité à travers l'univers de la musique principalement.Les clips sont ainsi de plus en plus suggestifs, jouant sur les analogies entre la danse et l'acte sexuel comme l'illustrent Christina Aguilera dans son clip « Dirty » ouBritney Spears dans « I'm a Slave 4 U ».

Les petites filles accèdent à la mutation des jeunes filles qui racontent leur première fois ou leurs diverses expériencessexuelles dans leurs chansons et leur permettent de se projeter dans un avenir plus ou moins proche.

Catherine Monnot défend alors la thèse selon laquelle ce sont cesjeunes chanteuses pop qui servent de support aux filles dans leur passage vers l'âge de femme et dans leur apprentissage de leur sexualité.

Par ailleurs, la sexualitéapparaît également comme une forme de contestation du modèle traditionnel permettant à la femme d'utiliser le pouvoir que lui donne son corps à des finsd'accomplissement personnel, s'apparentant ainsi à un comportement post-féministe.

La femme différencie ainsi la séduction de l'amour et manipule le mondemasculin comme dans la chanson « I Did it Again » de Britney Spears : « J'ai joué avec ton cœur, je me suis perdue dans le jeu, je ne suis pas si innocente… ».Monnot soulève alors le paradoxe du « phénomène Lolita » des filles partagées entre une logique de conquête de leur propre corps et d'autonomie physique maisaussi une soumission aux codes esthétiques imposés par le monde des adultes.

Les petites filles sont donc confrontées à une vision de la sexualité commeaccomplissement féminin et passerelle vers le monde adulte.Ce constat de Catherine Monnot est toutefois à nuancer.

En effet cette érotisation précoce dépend de divers critères.

Elles n'intègrent ainsi pas toutes au même âge, nià la même vitesse les processus de sexualisation de la femme.

Cela dépend également de leur milieu social et inévitablement de leurs spécificités et vécus.

Malgré lasexualité présente dans les paroles des chansons par exemple, elles ne sont donc pas forcément capables de le déceler et d'interpréter les sous-entendus.

De plus, cespetites filles, par un processus d'autocensure, peuvent rejeter cette hypersexualisation que leur « propose » la société.

On peut également considérer que cetteérotisation soi-disant précoce n'est perçue comme telle que par un regard d'adultes expérimenté et que la mise en scène de son corps par la petite fille ne rejointabsolument pas cette logique.

Par ailleurs la sexualité comme forme d'épanouissement et de libération de la femme, comme l'évoque Monnot crée aujourd'hui denombreuses controverses et peut être critiquée.

Elle caractériserait ainsi selon ses détracteurs, une soumission cachée aux hommes dont l'intérêt serait servi par cettesexualité affirmée et cette érotisation précoce. Enfin, Catherine Monnot soulève un dernier point essentiel en questionnant les alternatives aux codes dominants de la féminité.

Selon elle, certains sports véhiculentdes valeurs et un rapport au corps qui peuvent être perçus comme une alternative à la féminisation précoce.

Elle donne ainsi l'exemple de la danse classique quipermettrait de canaliser le corps dans une esthétique codifiée et une culture de l'effort pour accéder à la retenue et à l'harmonie que cette danse exige.

Monnot évoqueégalement le hip-hop qui selon elle, participerait à un processus de « socialisation inversée ».

Les filles pourraient ainsi adopter deux formes de personnalité : l'unequi incorporerait les valeurs du masculin en mêlant à des capacités athlétiques, un sentiment de maîtrise de soi par le hip-hop, et l'autre en réaffirmant leur identitésexuée en participant aux activités des filles de leur âge le reste du temps.

Catherine Monnot semble cependant prôner comme renversement des codes traditionnels,la pratique de l'équitation.

En effet, ce sport n'étant pas sans risque, il amènerait les filles à dépasser les représentations propres à leur sexe en expérimentant lessensations physiques telles que la peur de la chute et la douleur.

En apprenant à endurer la douleur, à faire preuve de ténacité, elles transcenderaient ainsi denombreux stéréotypes physiques et psychologiques.

L'activité équestre et le rapport au cheval permettent donc ainsi aux filles de vivre une autre expérience duféminin différente de l'apprentissage de la séduction par leur corps.Son argumentaire est toutefois limité et paraît bref pour le traitement d'une question aussi importante.

Comme elle l'a souligné elle-même, les sports sont eux aussitrès différenciés selon les genres et même en eux-mêmes.

Il paraît donc nécessaire de se tourner également vers d'autres alternatives qui permettraient à la filled'utiliser son corps à la production, à l'invention de quelque chose qui viserait à valoriser ce qu'elle aura créé, davantage que de développer ses capacités d'imitation etd'attente de la reconnaissance de son corps pour lui-même.

Par ailleurs, si l'on veut réellement essayer d'échapper aux codes dominants de la féminité comme lesouhaite Monnot, il serait alors plus productif de se pencher sur les premières origines de cette socialisation des genres, à savoir par exemple, le choix des vêtements,de la couleur de la chambre, des jouets attribués dès la naissance à l'enfant selon son sexe.

Catherine Monnot expose ainsi des idées assez originales et ouvre donc lavoie à de nouvelles réflexions. En définitive, s'appuyant sur des données à la fois qualitatives et quantitatives, Catherine Monnot tente d'expliquer par une approche ethnographique, le processus desocialisation des genres des « petites filles d'aujourd'hui » et le met en perspective avec les stéréotypes sociaux qui pèsent actuellement sur les femmes adultes.

Lespréadolescentes demeurent aujourd'hui fortement poussées sur la voie de la reproduction sociale et culturelle par les messages véhiculés essentiellement par les. »

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