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La finalité est-elle nécessaire pour penser le vivant ?

Publié le 11/02/2004

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Enfin, tout être vivant est un système où chaque partie existe en vue du tout, et où le tout n'existe que par ses parties : le vivant se caractérise par sa téléonomie, parce que c'est la fonction qui définit l'organe. On nomme organisme cette organisation d'organes interdépendants orientée vers une finalité. Dans le vivant, la vie semble être à elle-même sa propre finalité : c'est ce que Kant nomme la « finalité interne ». Le vivant veut persévérer dans l'existence, et c'est pourquoi il n'est pas indifférent à son milieu, mais fuit le nocif et recherche le favorable. La vie veut vivre : tout dans l'être vivant semble tendre vers cette fin. Devant l'harmonie des différentes parties d'un organisme, il est alors tentant de justifier l'existence des organes par la nécessité des fonctions à remplir, et non l'inverse, en faisant comme si l'idée de tout à produire guidait effectivement la production des parties . Cela présuppose que l'effet ou la fin sont premiers, ce qui est scientifiquement inadmissible : la biologie va opposer à notre compréhension naturelle du vivant par les fins une explication mécaniste. ConclusionLa connaissance du vivant est devenue une science au sens étroit, c'est à dire une science expérimentale, lorsque, la méthode expérimentale élaborée par les physiciens fut adoptée. Cette méthode exclut le recours aux causes finales et invite à ne chercher que les causes efficientes. L'application de cette méthode a rencontré des difficultés, elle s'est néanmoins avérée extrêmement féconde.

Bien définir les termes du sujet :

 

- « Idée de finalité « : Ici, la finalité est naturelle, il s'agit de la convenance et de l'adaptation des moyens à une fin, par exemple, les organes à la satisfaction des besoins. Parler d'"idée" de finalité implique que cette fin n'est pas réelle, qu'elle n'existe pas dans les faits, mais que son existence est seulement envisagée de manière abstraite.

- « être naturel « : ce sont tous les êtres qui font partie de la nature, qui n'ont pas été créés par l'homme (=artificiels) Désigne aussi bien le végétal que l'animal, que les hommes, et les autres éléments.

- « Nécessaire « : c'est ce qui ne pourrait pas ne pas être, ce qui est indispensable.

- « Expliquer « : c'est comprendre les lois de fonctionnement de tel ou tel être, le comment, et parfois le pourquoi, ainsi que son mode d'existence.

 

Construction de la problématique :

 

            L'idée de finalité indique que nous cherchons non seulement le "comment", mais aussi le "pourquoi" des êtres naturels : au lieu de s'en tenir aux faits tels qu'ils apparaissent dans le réel, nous voulons connaître la raison d'être de ces faits, leur but, ce vers quoi ils tendent. Or le réel ne nous donne rien de plus que les phénomènes eux-mêmes. D'où vient ce besoin d'expliquer le pourquoi ?

            Se pose donc la question de savoir si l'idée de finalité est un outil adapté à l'explication des êtres naturels, ou si cette idée est une déformation due à notre nature. Autrement dit, est-ce que considérer les êtres naturels sous cet angle est utile et heuristique, ou cela est-il uniquement anthropomorphique ?

« Selon Aristote, il faut distinguer les êtres animés des êtres inanimés, c'est-à-dire ceux qui ont une âme et ceuxqui en sont dépourvus.

Aristote nomme donc « âme » le principe vital de toutêtre vivant, et en distingue trois sortes.

L'âme végétative est la seule quepossèdent les végétaux : elle assure la nutrition et la reproduction.

À celle-cis'ajoute, chez les animaux, l'âme sensitive, principe de la sensation.

L'hommeest le seul de tous les vivants à posséder en plus une âme intellective,principe de la pensée.▪ On voit ici que l'âme végétative est de toutes la plus fondamentale : pourAristote vivre, c'est avant tout « se nourrir, croître et dépérir par soi-même».

Cela signifie que le vivant se différencie de l'inerte par une dynamiqueinterne, par une autonomie de fonctionnement qui se manifeste dans unensemble d'activités propres à maintenir la vie de l'individu comme del'espèce. Situation historique du mécanisme - Prenant ses distances à l'égardd'Aristote, Descartes affirmel'hétérogénéité de l'âme et du corps : iln'y a d'âme que dans l'homme (et non,comme l'affirmait Aristote, dans toutvivant).

En son absence, le corpshumain est comparable à tout autre, et réductible à un modèle mécanique. Le corps humain, comme le corps de l'animal, est une machine perfectionnéecréée par Dieu.

Bien qu'infiniment plus complexe que nos machines, sonfonctionnement se laisse expliquer de la même manière.

Les corps sontcomposés de nerfs et de muscles, comparables à des petits tuyaux, danslesquels circule une matière subtile : les esprits animaux.

Lorsque noustouchons un objet par exemple, nous en prenons une conscience tactile parl'effet de ces esprits animaux qui remontent jusqu'au cerveau par l'entremisedes nerfs, et viennent heurter la "glande pinéale", siège de l'âme.

Il en estainsi de tout le système sensorimoteur.

Si je veux me mouvoir, un grandnombre d'esprits animaux seront canalisés vers les muscles qui serontsollicités pour accomplir ce mouvement.

La lumière, les odeurs, les sons, lesgoûts, la chaleur se propagent jusqu'à notre esprit par l'intermédiaire de nosnerfs qui canalisent ces particules.

La faim, la soif, le sommeil, la veille, lerêve se produisent de la même manière : un déplacement d'esprits animaux à l'intérieur des canalisations de la machinerie complexe de notre corps.

Il existe cependant une différence de milleentre un corps humain et un corps animal.

Aucun animal n'use jamais de signes, ou d'un quelconque langage pourexprimer une pensée.

On peut concevoir un automate qui réponde par la parole à certains messages simples : criersi on le touche, ou prononcer quelques phrases simples, mais aucun automate ne sera jamais en mesure d'agencerune parole qui réponde au sens de ce qu'on lui dit.

Enfin, si un corps animal ou un automate peut accomplir unnombre limité de tâches, parfois même mieux que nous, il ne peut aller au-delà.

Ce qui montre qu'ils agissent par ladisposition de leurs organes, et non par connaissance.

Ils sont dépourvus de pensée ou d'esprit.

Il n'y a que l'hommeà disposer de cet instrument universel qu'est la raison et qui lui sert en toute occurrence afin d'agir comme ilconvient.

Chaque organe de la machinerie animale, tout au contraire, est spécialisé.

Il lui faudrait - ce qui estimpossible - un nombre infini d'organes pour faire autant de choses que notre raison nous le permet. - Voulant initier une étude géométrique de la matière, Descartes ne cherche plus les principes du vivant au-delà dela physique.

La métaphysique intervient pour l'analyse de l'âme, non pour celle du corps, qui relève de la mécanique: pression, traction, gonflement, etc.- Il est de surcroît possible de décomposer la machine organique sans référence à une intention qu'elle réaliserait.- Cependant Descartes veut ignorer que la machine implique un concepteur, et il est obligé de considérer que lescorps-machines dépendent de l'action initiale de Dieu ; il ne parvient donc pas à séparer totalement l'étude du corpsde la métaphysique (qui fonde toute science). Le corps-machine et ses limites] - Le modèle mécaniste a été contesté par Kant, qui souligne que le vivant est capable d'auto-organisation etpossède des qualités spécifiques (conservation et reproduction, autoréparation et autorégulation).- La finalité, de plus, concerne plus efficacement la machine que l'organisme, où l'organe est plurifonctionnel, alorsqu'un élément mécanique a un programme limité.

L'organisme a ainsi « plus de potentialités » (Canguilhem) : il réagitde façon diversifiée à son environnement ou à ses propres accidents.

Il peut être malade (changeant ses propresnormes) ou monstrueux : une machine ne peut être ni monstrueuse, ni malade (la panne n'est pas la maladie).- Le modèle mécaniste a une justification philosophique (contre Aristote) et historique.

Il est limité par rapport à latotalité du vivant : on ne peut comparer à une machine qu'un corps lui-même complexe - l'animal ou l'homme(l'anatomie commence à être connue au XVII° siècle.

Mais les organismes simples remplissent toutes les fonctions. »

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