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Y A-T-IL UNE FONCTION DE L'ILLUSION ?

Publié le 24/03/2004

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illusion

  • Étude du sujet de façon globale

 Le sujet interroge sur la fonction possible de l'illusion, sur son utilité éventuelle. C'est une question fermée qui exige une réponse par oui ou par non. Mais pour déterminer si oui ou non, l'illusion a une fonction, il faudra étudier les différentes fonctions possibles qu'elle peut avoir.    Étude des termes du sujet  - Il faut examiner l'illusion du point de vue de sa fonction (ne pas faire un devoir sur l'illusion en général).  - Fonction signifie que l'on doit réfléchir sur la manière dont l'illusion remplit un certain rôle, possède une utilité dans le fonctionnement de certains dispositifs psychiques humains (de même que dans un mécanisme, chaque pièce a une fonction).  - Une illusion se distingue d'une erreur par son caractère nécessaire; l'illusion n'est pas une méconnaissance passagère (car accidentelle) du vrai, mais une situation particulière dans laquelle la méconnaissance ne peut pas ne pas se produire, et survit même à sa critique.  

  • Recherche des étymologies

   L'étymologie est intéressante : illusion vient du latin illudere, se jouer de. Cette idée de jeu peut suggérer des rapprochements intéressants.  

L'illusion peut nous renvoyer au champ visuel (l'illusion d'optique, le mirage), ou à celui de la psychologie (l'hallucination, où l'on voit ce qui n'existe pas), ou plus généralement à notre vie de tous les jours (désillusions, déceptions, leçons tirées de l'expérience, etc.). Le champ de la politique est aussi concerné (manipulation des masses, exploitations insidieuses des hommes présentées comme avantageuses pour eux...). S'il est une fonction de l'illusion, on devra alors penser à sa valeur pédagogique (ce dont on revient).

illusion

« • Dans ces conditions il n'y a pas de vérité impersonnelle, et ce qui fonde la vérité d'une chose c'est sa conformitéavec les exigences vitales de chaque être.

C'est la Volonté de Puissance qui est à l'œuvre dans les jugements devérité : « A l'origine, le jugement ne signifie pas seulement «ceci et cela est vrai», mais bien davantage: «je veuxque ceci soit vrai de telle ou telle manière» (Œuvres posthumes, § 302).

Toute connaissance, même laconnaissance «objective», scientifique, sera ainsi l'expression d'un instinct de domination puisqu'elle ne tend pas àdécouvrir le réel, à le dévoiler, à le laisser se montrer tel qu'il est dans sa Vérité originaire, mais à l'organiser, à lecontraindre à se plier aux valeurs, aux normes définies par la Volonté de Puissance du sujet, à ses options vitales.Connaître, c'est mettre autoritairement en forme le réel, c'est instituer des « vérités » qui n'ont qu'une valeurutilitaire, celle de répondre au désir de conservation et à l'augmentation de la puissance d'une espèce ou d'un êtrevivant : « Comment se prouve la vérité ? Par le sentiment d'une puissance accrue, par son utilité, par sa nécessité,bref par ses avantages » ( Vol.

de Puis., t.

I, 1.

I, § 190). Quelques formes d'illusion selon Nietzsche Cette illusion nécessaire à la vie prend de multiples formes. a) L'illusion du savoirComme nous l'avons vu, aucun savoir n'est jamais « objectif», neutre, impersonnel.

Il reflète toujours les exigencesvitales de ses auteurs.

À travers ce savoir s'expriment des dispositions physiologiques, une certaine relation ducorps et de la volonté à la réalité.

Ainsi, le projet philosophique (ou scientifique) tout entier, qui est projet deprivilégier la connaissance, d'affirmer la supériorité du savoir sur le non-savoir, sur l'illusion, etc., constitue un pointde vue, une évaluation qui sont rendus nécessaires par l'état de ceux qui le forment (l'état de leur Volonté dePuissance).

Nietzsche nomme idiosyncrasie cette disposition des êtres qui entraîne leurs réactions propres. b) L'illusion du langage« L'importance du langage dans le développement de la civilisation, observe Nietzsche, réside en ce que l'homme y asitué, à côté de l'autre, un monde à lui, un lieu qu'il estimait assez solide pour, s'y appuyant, sortir le reste dumonde de ses gonds et s'en rendre maître.

Dans la mesure même où l'homme a cru aux concepts et aux noms deschoses comme à autant de vérités éternelles, il a vraiment fait sien cet orgueil avec lequel il s'élevait au-dessus del'animal : il s'imaginait réellement tenir dans le langage la connaissance du monde.

L'artiste du verbe n'était pasassez modeste pour croire qu'il ne faisait qu'attribuer des dénominations aux choses, il se figurait au contraireexprimer dans ses mots le suprême savoir des choses; le langage est en fait la première étape dans la quête de lascience.

» ( Humain, trop humain, I, 11.) Le langage est ainsi, comme l'art ou la science, une illusion qui cache lavéritable nature des choses. c) L'illusion de l'artLes illusions de l'art peuvent jouer un rôle comparable à celui des illusions du «savoir» : «celui-ci est captivé par leplaisir socratique de la connaissance et l'illusion de pouvoir guérir par ce moyen l'éternelle blessure de l'existence,celui-là s'embarrasse dans les plis séduisants du voile de la beauté.

» {Naissance de la Tragédie, coll.

Médiations p.116).

L'art, en ce sens, est voile d'illusion ; il nous donne quiétude ou euphorie parce qu'il nous divertit de l'abîme, lerend, parfois, invisible.

Ici, l'art est un narcotique au même titre que le « savoir». Prenons l'exemple type du magicien : n'y a-t-il pas une grande jouissance à vouloir croire qu'avec la simple force del'esprit on peut faire disparaître quelqu'un ? Même si l'on est assuré de que cela n'est pas matériellement possible,l'on se complait dans cette croyance enfantine.

Il se crée alors un sentiment de plénitude et de béatitude, l'hommeperd sa rationalité et se laisse convaincre par des mains habiles.

La fonction de l'illusion en ce qui concerne lemagicien est évidente.

Elle constitue en quelque sorte une échappatoire à la réalité qui est bien moins amusante etdans laquelle on ne peut pas soulever une table par un simple regard.

Le travail du magicien consiste en partie àfaire rêver, mais ce qu'il a de particulier et surtout ce qui fait sa force c'est que contrairement, au rêve, il estpalpable.

« Les illusions diffèrent des erreurs en ce que le jugement y est implicite, au point que c'est l'apparence même des choses qui nous semble changée.

» Alain, Éléments de philosophie .

C'est-à-dire que l'on est convaincu de ce que l'on a vu alors que le rêve est à durée limitée et surtout qu'il est nous le savons une fiction. Deuxième partie : Se libérer de la pesanteur du réel Le phénomène que crée l'illusion sur l'homme est incontrôlable puisque très désiré.

C'est ce qui conduit à laconsommation de drogues hallucinogènes : voir une réalité à la place d'une autre réalité.

Toutes les méthodes quipermettent d'échapper à la dureté de l'expérience quotidienne sont les bienvenues dans la mesure où ellesautorisent la perte du contrôle, un relâchement quelquefois salvateur.

L'illusion permet donc de changer les choseset de les transformer en autre chose de plus plaisant.

C'est l'exemple de Don Quichotte qui s'est entièrementconstruit une autre réalité pour échapper à celle du monde bien plus triste et bien plus grave.

Et lorsque ce dernieren vient à réaliser que le monde qu'il s'était construit n'était que pure fiction, à la vue de la réalité il se laisse mourir." Les illusions tombent l'une après l'autre, comme les écorces d'un fruit, et le fruit, c'est l'expérience.

Sa saveur estamère ; elle a pourtant quelque chose d'âcre qui fortifie [...].

" Gérard de Nerval Les illusions de Don Quichotte. »

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