La fonction sociale fait-elle l'homme ?
Publié le 04/02/2004
Extrait du document
«
[III.
L'homme et les apparences]
Le rapport entre la fonction sociale et l'homme n'est pas seulement à considérer d'un point de vue moral : il est biende nature ontologique, ou métaphysique.
Mais son existence est déterminée par l'existence de l'homme en société.Or l'être humain ne se réalise que par cette inscription dans le social.
Pour que la fonction sociale ne fausse pas la «valeur » apparente de l'homme, il faudrait que toutes les fonctions soient équivalentes, qu'aucune ne confère unprestige supplémentaire à celui que confèrent les autres, ce qui paraît pour le moins utopique.Lorsqu'on affirme en effet que l'homme ne se réalise que dans une société, la conséquence en est que chacun doit yoccuper une fonction qui participe dès lors de sa définition sociale.
Sans doute peut-on tenter de maintenir un écartentre cette définition sociale et la définition de l'homme en général, mais il reste à savoir si cette volonté de non-confusion peut efficacement empêcher que la définition sociale ne finisse par l'emporter sur la définition générale, neserait-ce qu'en la masquant et en la faisant oublier.Historiquement, c'est bien pour en finir avec la hiérarchie sociale de l'Ancien Régime, qui définissait différentsniveaux d'humanité à partir de leur statut (le paysan ne pouvait « valoir » autant ou être de même « nature » que lenoble), qu'une idéologie égalitariste aboutit à déclarer officiellement que « tous les hommes naissent libres et égauxen droits » – ce qui témoigne d'une volonté de considérer l'homme indépendamment de sa fonction sociale.
Mais unetelle déclaration, si prestigieuse soit-elle, n'empêche pas, bien au contraire, les pratiques de différenciation, puisquela société industrielle qui ne tarde pas à se mettre en place exige que l'on sache repérer les aptitudes individuelles,en fonction desquelles chaque homme pourra (et, en un sens, devra) occuper la fonction qui lui convient.
Tout seremet ainsi en place, bien qu'à partir de principes différents, pour que la fonction sociale révèle la valeur del'individu.
[Conclusion]
On peut déplorer que la fonction sociale finisse par fausser l'appréciation de l'homme.
L'analyse de la réalité socialeelle-même confirme le maintien d'une telle perversion dans la définition de l'homme.
On peut d'ailleurs se demander siMarx lui-même, animé par le souci de libérer, à la fin de l'histoire, la définition de l'homme de ce que suggère safonction, n'invite pas à reconnaître que, en attendant cette fin de l'histoire, l'homme reste, trop étroitement sansdoute, saisi par cette seule fonction sociale, et de la sorte incomplètement défini.
C'est peut-être qu'il estsimultanément incomplètement réalisé, mais la nécessité de s'intégrer dans une organisation sociale qui resteinégalitaire le condamne en quelque sorte à n'être en général perçu que de cette façon..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La fonction sociale fait-elle l'homme ?
- Diderot reprochait aux moralistes du XVIIe siècle d'être tous «pénétrés du plus profond mépris pour l'espèce humaine». Un critique contemporain précise et nuance cette accusation : «Dans cette peinture de l'homme, peut-être nos écrivains (classiques) ne manifestent-ils pas le même équilibre qu'ailleurs. Entre l'optimisme et le pessimisme, ils penchent fortement du second côté. L'augusti-nisme qui imprègne la culture du temps les a fortement marqués. La dénonciation de l'amour-propre, p
- La fonction sociale fait elle l'homme ?
- La fonction sociale fait-elle l'homme ?
- La fonction sociale fait-elle l'homme ?