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LA FRANCE DE 1958 À 1962: Charles de GAULLE, Mémoires d'espoir, Tome 1 : Le Renouveau

Publié le 26/02/2011

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gaulle

       « ... Je dois dire que les résultats atteints quatre ans après mon retour me paraissent encourageants. Au lieu que notre pays restât plongé dans la confusion politique dérisoire où il se débattait, j'ai voulu l'amener à choisir un État qui ait une tête, un gouvernement, un équilibre, une autorité. C'est fait ! Plutôt que de le laisser verser son sang, perdre son argent, déchirer son unité, en s'accrochant à une domination coloniale périmée et injustifiable, j'ai voulu remplacer l'ancien Empire par l'association amicale et pratique des peuples qui en dépendaient. Nous y sommes ! Alors que le laisser-aller économique, le déficit financier, la chute chronique du franc, l'immobilisme social entravaient le progrès nécessaire à la prospérité et à la puissance de la France, j'ai voulu qu'un plan règle vraiment son développement moderne, que ses budgets soient en ordre, que sa monnaie ait une valeur solide et indiscutée, que la porte soit ouverte au changement des rapports entre ses enfants par un début de participation de tous à la marche des entreprises. Elle y est parvenue ! Afin que l'Europe cessât d'être un champ de haines et de dangers, d'étaler de part et d'autre du Rhin et des Alpes sa division politique et économique, (...) j'ai voulu que la France et l'Allemagne deviennent de bonnes voisines, que prenne corps le Marché commun des Six (...). Le tout est en bonne voie ! Tandis que la France renonçait à elle-même, en s'égarant dans d'astucieuses nuées supranationales, en abandonnant sa défense, sa politique, son destin, à l'hégémonie atlantique, en laissant à d'autres les champs d'influence, de coopération, d'amitié, qui lui étaient jadis familiers dans le Tiers monde, j'ai voulu que parmi ses voisins elle fasse valoir sa personnalité tout en respectant la leur, que sans renier l'alliance elle refuse le protectorat, qu'elle se dote d'une force capable de dissuader toute agression (...) au total qu'elle recouvre son indépendance et son rayonnement. C'est bien là ce qui se passe !    Sur la pente que gravit la France, ma mission est toujours de la guider vers le haut, tandis que toutes les voix d'en bas l'appellent sans cesse à redescendre. Ayant encore une fois choisi de m'écouter, elle s'est tirée du marasme et vient de franchir l'étape du renouveau. «    Charles de GAULLE, Mémoires d'espoir, Tome 1 : Le Renouveau, Paris, 1970.    Questions    A partir de ce document vous pouvez, au choix :    — rédiger un commentaire composé à votre initiative ;    — rédiger un commentaire organisé en répondant aux questions suivantes :    1. Quel régime politique français le général de Gaulle vise-t-il dans ses critiques? A quels événements fait-il allusion dans ses critiques :    — en politique intérieure et économique    — en politique coloniale    — en politique extérieure ?    2. Quels sont, d'après ce texte, les principaux points de son action dans les mêmes domaines ?    3. Les jugements portés par l'auteur, sur ses prédécesseurs et sur sa propre politique, vous paraissent-ils susceptibles d'être discutés?

gaulle

« rencontre une large adhésion populaire, sanctionnée par le vote massif (près de1 80 % des voix) lors du référendumapprouvant la constitution de la Ve République, en septembre 1958. • La France « a choisi encore une fois de l'écouter ».

Il entend la « tirer du marasme » dans lequel les « voix d'enbas », celles des dirigeants de la IVe République associés implicitement et sans nuance aux politiciens ou aux partisd'avant-guerre et aux vichystes et collaborateurs, l'avaient plongée. • Le premier tome des Mémoires d'espoir, intitulé Le Renouveau, trace le bilan des quatre premières années de l'œuvre de la Ve République.

La satisfaction ou l'auto-satisfaction s'yétalent, d'autant plus que les résultats sont systématiquement comparés à l'action et aux résultats, sommairementesquissés, du régime précédent.

Pour de Gaulle, et comme il 1' « a voulu », la France a retrouvé sa force et, forte,elle a recouvré son indépendance et son rayonnement.I.

Une France forte 1.

La restauration de l'État • « La confusion politique dérisoire » de la IVe République.

De Gaulle, depuis 1946, n'a cessé de critiquer le « régimedes partis » qui, selon lui, ont paralysé la France.

Il a, en son temps, formellement condamné la constitution de laIVe qui faisait la part trop belle à l'Assemblée nationale au détriment de l'exécutif.

L'instabilité ministérielle (22gouvernements en 12 ans), tare majeure de la IVe République, semble sur ce point lui donner raison, d'autant queles majorités qui se constituent vaille que vaille sont trop fragiles et les gouvernements trop éphémères pour qu'unepolitique cohérente puisse être non seulement décidée mais encore menée à terme. • « Un État qui ait une tête, un gouvernement, un équilibre, une autorité.

» La Ve République a effectivementrenforcé l'autorité de l'État.

La constitution accorde au président de la République des pouvoirs étendus quel'autorité personnelle de de Gaulle et sa popularité renforcent encore.

La stabilité gouvernementale (un seulgouvernement, celui de M.

Debré, en trois ans) est également assurée : elle repose sur la volonté du chef de l'Étatet sur le soutien sans défaillance d'une majorité parlementaire dégagée par le système électoral (scrutin majoritaireà deux tours) qui accentue fortement la représentation du parti dominant, en l'occurrence l'U.N.R.

L' « équilibre » enrevanche, est plus discutable : les députés sont accusés d'être abusivement soumis au gouvernement, d'être les «godillots du général », de n'être que les membres d'une chambre d'enregistrement. 2.

La décolonisation • La IVe République n'a pas su régler le problème colonial et elle en est morte.

Elle ne sut ni éviter les guerres, ni lesgagner, ni s'en dégager.

Outre le sang versé inutilement et l'argent dépensé au détriment des investissements et duniveau de vie des Français, au prix de difficultés financières incessantes, les guerres coloniales ont effectivementdéchiré la France : certains dénonçaient la « sale guerre », d'autres s'opposaient aux « bradeurs d'Empire » ; lespartisans de la « paix en Algérie » invectivaient les tenants de 1' « Algérie française ». • L'achèvement de la décolonisation.

La décolonisation avait en réalité commencé sous la IVe République : de force,sous la pression, en Indochine, dans un esprit de concession pour le Maroc et la Tunisie, dans un esprit de réformeprévoyante pour l'Afrique avec la loi-cadre Defferre.

Mais de Gaulle, de fait, sut parachever l'œuvre.

En 1958, la «Communauté » unit les colonies d'Afrique noire et la France.

Son échec n'empêche pas la coopération de remplacerune colonisation jugée, bien tardivement, « périmée et injustifiable » par de Gaulle.

En 1962, et après bien desvicissitudes, les accords d'Évian mettent un terme à la guerre d'Algérie : de Gaulle avait réussi là où la IVe avait leplus manifestement échoué. 3.

Le redressement économique • « Déficit financier » et « chute chronique du franc » ont discrédité l'œuvre économique de la IVe.

Les emprunts àWashington ou auprès des organismes internationaux relevaient souvent de la pure mendicité.

Les dévaluationssuccessives, généralement effectuées « à chaud », sanctionnaient une inflation incontrôlée provoquée par la courseprix-salaires.

De Gaulle voit là le résultat d' « un laisser-aller économique ».

C'est oublier que la IVe a assuré lareconstruction d'un pays ruiné par la guerre, planifié, non sans succès, les efforts de modernisation de l'appareil deproduction, entrepris l'ouverture de l'économie française sur le monde extérieur (traité de Rome, 1957). • Le renouveau économique dont de Gaulle tire satisfaction repose donc en grande partie sur des bases sainesjetées par le régime précédent.

La Ve République y a ajouté la rigueur financière et les équilibres budgétairespermettant, après la dévaluation Pinay, une stabilité de la monnaie.

Elle a permis ainsi à la France d'affronter dansde bonnes conditions la concurrence de ses partenaires du Marché commun.

La croissance forte et équilibrée,enregistrée après 1958, a permis une indiscutable augmentation du niveau de vie de l'ensemble des Français.

Mais la« participation » comme l'association du capital et du travail, vieux thème gaullien, n'est encore qu'embryonnaire etn'intéresse pas, à vrai dire, les différents partenaires sociaux.

La magie du verbe, en ce domaine, ne suffit pas àmodifier beaucoup la réalité des choses. II.

Une « indépendance et un rayonnement recouvrés ». »

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