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FREUD: Pour une éducation en vue de la réalité

Publié le 08/04/2005

Extrait du document

freud
Ainsi je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vos déductions, vous dites que l'homme ne saurait absolument pas se passer de la consolation que lui apporte l'illusion religieuse, que, sans elle, il ne supporterait pas le poids de la vie, la réalité cruelle. Oui, cela est vrai de l'homme à qui vous avez instillé dès l'enfance le doux - ou doux et amer - poison. Mais de l'autre, qui a été élevé dans la sobriété ? Peut-être celui qui ne souffre d'aucune névrose n'a-t-il pas besoin d'ivresse pour étourdir celle-ci. Sans aucun doute l'homme alors se trouvera dans une situation difficile ; il sera contraint de s'avouer toute sa détresse, sa petitesse dans l'ensemble de l'univers ; il ne sera plus le centre de la création, l'objet des tendres soins d'une providence bénévole. Il se trouvera dans la même situation qu'un enfant qui a quitté la maison paternelle, où il se sentait si bien et où il avait chaud. Mais le stade de l'infantilisme n'est-il pas destiné à être dépassé ? L'homme ne peut pas éternellement demeurer un enfant, il lui faut enfin s'aventurer dans un univers hostile. On peut appeler cela « l'éducation en vue de la réalité » ; ai-je besoin de vous dire que mon unique dessein, en écrivant cette étude, est d'attirer l'attention sur la nécessité qui s'impose de réaliser ce progrès ? FREUD

Notez bien l'idée directrice du texte, qui s'impose: face à la religion, il s'agit, pour FREUD, de surmonter la détresse puérile, l'angoisse enfantine de celui qui a peur et a besoin d'être protégé. Aux yeux de FREUD, la religion désigne une illusion consolatrice, mais aussi une névrose de l'humanité.

ARTICULATION DES IDÉES

1) Thèse d'un adversaire des idées de Freud: nécessité d'une religion consolatrice.

2) Examen critique de cette thèse:

- elle est vraie pour le malade (religieux = névrosé);

- elle ne l'est pas nécessairement pour les autres hommes.

3) Condition de l'homme sans religion : - il est faible et le sait ; - il ressemble à un enfant qui vient de quitter ses parents ; - conclusion : il faut apprendre à accepter cette condition, qui est la réalité.

 

freud

« l'histoire infantile du sujet.

Comme la névrose obsessionnelle, la religion se compose de la répétition de pratiques(rites, cérémonies), d'images, de mots (prières, etc.) que les croyants s'imposent et qui calment l'angoisse.

D'oùl'idée d'ivresse.

Selon Freud, l'acceptation par le vrai croyant de la névrose universelle « le dispense de la tâche dese créer une névrose personnelle ». • Une illusion ne se réfute pas comme une erreur à laquelle on ne tient pas.

Seule une « éducation en vue de laréalité » permettrait de donner conscience de la situation réelle de l'homme dans la réalité.

L'essai d'une telleéducation non religieuse «vaut d'être tenté»; on peut espérer que l'homme, «en concentrant sur la vie terrestretoutes ses énergies libérées parviendra à rendre la vie supportable à tous et [que] la civilisation n'écrasera pluspersonne».

La science n'est pas une illusion, elle augmente notre puissance et peut limiter la détresse de l'hommedans l'univers.• Texte tiré de l'Avenir d'une illusion, 1927, tr.

fr.

1971, p.

69-70. REMARQUES COMPLÉMENTAIRES • La critique de la religion par Marx, bien qu'elle se situe sur un autre plan, n'est pas sans analogie avec l'analysepsychologique conduite par Freud.

Selon Marx en effet :- La religion est «bonheur illusoire du peuple».

Elle le console de sa misère sociale par l'espérance d'un au-delàheureux.

Elle-^st donc « l'opium du peuple» qui rend supportable le malheur des hommes dans des sociétés injustes.- Mais l'opium ne guérit pas, il calme et endort les souffrances.

C'est pourquoi il faudrait détruire moins la religionque ce qui la rend inévitable : des conditions sociales qui expliquent son importance.

«Exiger que le peuple renonceà ses illusions sur sa condition, c'est exiger qu'il abandonne une condition qui a besoin d'illusions ».- Autrement dit, Marx critique la religion qui abuse l'homme, « non pas pour que l'homme porte ses chaînesprosaïques et désolantes, mais pour qu'il secoue ses chaînes et cueille la fleur vivante», qu'il transforme la réalitésociale où il ne survit que grâce à des illusions pour construire un monde où serait possible un bonheur réel. I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ? Dans ce texte Freud oppose la religion qu'il qualifie d'infantile et de névrotique à l'idéal qu'il espère pour l'humanité :celui, en l'occurrence, de donner naissance à un être capable, par son progrès, de dépasser l'infantilisme du besoinreligieux. La problématique qui sous-tend ce texte est donc celle de savoir si oui ou non la religion est de l'ordre de l'enfance. FREUD (Sigmund). Né à Freiberg (Moravie), en 1856, mort à Londres en 1939. Agrégé de neuropathologie en 1885, il suivit à Paris les cours de Charcot et s'intéressa à l'étude de l'hystérie.

Ilfonda en 1910 l'Association Psychanalytique Internationale.

Il fit une série de cours aux États-Unis, devintprofesseur et, en 1920, professeur extraordinaire à l'Université de Vienne.

Il dut quitter l'Autriche en 1938.

-L'apport incalculable de Freud à l'histoire de la pensée consiste dans la création de la psychanalyse, qui est à la foisune psychothérapeutique, une « psychologie abyssale» exploratrice de l'inconscient et une théorie psychologique.

-Les composants psychiques de la personnalité sont : le moi, le ça et le surmoi.

L'inconscient est un systèmestructuré, qui se révèle par les rêves, les actes manqués.

Freud a insisté sur le rôle de la sexualité dans les conflitsde l'inconscient, les refoulements et les complexes.

Freud a eu l'immense mérite d'écarter« la dangereuse psychosede la dissimulation ». Oeuvres principales : Etudes sur l'hystérie (en coll.

avec Breuer, 1895), La science des rêves (1900), Psychopathologie de la vie quotidienne (1904), Trois essais sur la théorie de la sexualité (1905), Totem et Tabou(1913), Au-delà du principe du plaisir (1920), Psychologie des masses et analyse du Moi (1921), Le Moi et le Soi(1923), Inhibitions, symptômes et angoisses (1926), Le malaise de la civilisation (1930), Leçons d'introduction à lapsychanalyse (1932), Moïse et le monothéisme (1939).. »

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