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FREUD: Toute civilisation doit s'édifier sur la contrainte et le renoncement aux instincts.

Publié le 27/02/2008

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« On acquiert (...) l'impression que la civilisation est quelque chose d'imposé à une majorité récalcitrante par une minorité ayant compris comment s'approprier les moyens de puissance et de coercition. Il semble alors facile d'admettre que ces difficultés ne sont pas inhérentes à l'essence de la civilisation elle-même, mais sont conditionnées par l'imperfection des formes de culture ayant évolué jusqu'ici. De ce fait, il n'est pas difficile de mettre en lumière ces défauts. Tandis que l'humanité a fait des progrès constants dans la conquête de la nature et est en droit d'en attendre de plus grands encore, elle ne peut prétendre à un progrès égal dans la régulation des affaires humaines et il est vraisemblable qu'à toutes les époques comme aujourd'hui, bien des hommes se sont demandé si cette partie des acquisitions de la civilisation méritait vraiment d'être défendue. On pourrait croire qu'une régulation nouvelle des relations humaines serait possible, laquelle renonçant à la contrainte et à la répression des instincts, tarirait les sources du mécontentement qu'inspire la civilisation, de sorte que les hommes, n'étant plus troublés par des conflits internes, pourraient s'adonner entièrement à l'acquisition des ressources naturelles et à la jouissance de celles-ci. Ce serait l'âge d'or, mais il est douteux qu'un état pareil soit réalisable. Il semble plutôt que toute civilisation doive s'édifier sur la contrainte et le renoncement aux instincts. » FREUD.

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Dans cet extrait, Freud défend la thèse selon laquelle le malaise éprouvé par  l’homme dans l’état de civilisation est irréductible dans la mesure où il est inhérent à la civilisation elle-même . Dans Malaise dans la Civilisation à la page 37, Freud définit la civilisation comme désignant « la totalité des œuvres et organisations dont linstitution nous éloigne de létat animal de nos ancêtres et qui servent à deux fins : la protection de lhomme contre la nature et la réglementation des relations des hommes entre eux «. Notre extrait porte sur le second terme : la réglementation des hommes entre eux. Si la civilisation est ce qui permet de vivre une vie commune, comment expliquer que les hommes s’y sentent mal à l’aise ? La thèse selon laquelle le malaise éprouvé par l’homme est irréductible dans la mesure où il est inhérent à la civilisation s’énonce en trois étapes : la thèse selon laquelle le malaise n’est pas inhérent à l’essence de la civilisation, mais à une forme de culture inadéquate à la nature humaine, ensuite le contraste entre le progrès dans la conquête de la nature et le progrès dans les régulations humaines, enfin la récusation de la possibilité en un âge d’or.

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« prolétaires. Si ce malaise résulte de la domination d'une minorité sur une majorité, il est possible de le faire disparaître par unerévolution qui donnerait à la majorités les moyens de prendre le pouvoir et de se libérer du carcan de la civilisationbourgeoise « Il semble alors facile d'admettre que ces difficultés ne sont pas inhérentes à l'essence de la civilisationelle-même, mais sont conditionnées par l'imperfection des formes de culture ayant évolué jusqu'ici.

».

L'imperfectionde la civilisations résulte de l'imperfection d'une seule forme de culture.

Or s'il est possible de changer de forme deculture, le malaise disparaître et ne pourra plus être imputé à l'essence de la civilisation.

Par conséquent le malaisen'est pas inhérent à l'essence de la civilisation. II Le décalage dans le progrès des deux fins de la civilisation : défaut de la réglementation. _ Mais qu'est ce qui permet d'affirmer cette imperfection d'une forme de culture ? La civilisation , nous l'avons dit,se définit comme désignant « la totalité des œuvres et organisations dont l 'institution nous éloigne de l 'état animal de nos ancêtres et qui servent à deux fins : la protection de l 'homme contre la nature et la réglementation des relations des hommes entre eux ».

Or Freud observe un décalage très important dans le progrès de ces deux fins :« Tandis que l'humanité a fait des progrès constants dans la conquête de la nature et est en droit d'en attendre deplus grands encore, elle ne peut prétendre à un progrès égal dans la régulation des affaires humaines ».

Depuis lecommencement de la civilisation occidentale, les découvertes techniques n'ont cessé de s'accumuler et nouspouvons espérer un progrès lus grand encore : la conquête de la nature est corrélée à un progrès exponentiel.

Iln'en est pas de même pour la réglementation des relations entre eux. _ En effet ce n'est pas que ce progrès ne sot pas existant, puisque Freud reconnaît une progression dans larépression de nos pulsions au cours de l'histoire, en accord sur ce point avec des sociologues comme Norbert Eliasdans la Civilisation des meurs ; Seulement ce progrès fondé sur l'intériorisation de la contrainte au moyen du Surmoi est beaucoup plus lent, et surtout beaucoup plus problématique.

I le progrès technique est évident et loué parcequ'il n'apporte que de profits, le progrès dans la répression des pulsions est moins évident et surtout il génère degrandes souffrances résultant du sacrifice des pulsions.

Aussi si le progrès technique est loué pour lui-même etconservé, il est possible de se demander au sujet de la réglementation des homes entre eux si cette cause desouffrances mérité d'être conservée : « et il est vraisemblable qu'à toutes les époques comme aujourd'hui, bien deshommes se sont demandé si cette partie des acquisitions de la civilisation méritait vraiment d'être défendue ». III Récusation de l thèse selon laquelle le malaise n'est pas inhérent à la civilisation _ Dans la mesure où le malaise ne semble pas inhérent à la civilisation, mais à une forme particulière de culture quiengendre des souffrances humaines, il est possible tout à la fois de constater que l'état actuel de civilisationcomporte de la négativité et d'autre part qu'il est possible de l'abandonner au profit d'un autre.

Ainsi pour s'épargnerles souffrances résultant de cette forme particulière, il suffirait de la corriger de manière à ce que la satisfaction desdésirs et des instincts soit compatible avec la civilisation elle-même : ainsi « On pourrait croire qu'une régulationnouvelle des relations humaines serait possible, laquelle renonçant à la contrainte et à la répression des instincts,tarirait les sources du mécontentement qu'inspire la civilisation » il serait alors possible d'édifier une civilisation quine s'édifierait plus sur la répression des instincts source de souffrances et donc de mécontentement _ Cette nouvelle régulation permettrait de se défaire du malheur qui s'attache à la régulation des relations entre leshommes et qui consomme une grande partie de notre exigence psychique.

Aussi la disparition du malheur inhérent àces relations n'utiliserait plus une énergie qui pourrait être tout entière investie dans la première fin de la civilisation: la conquête de la nature par la puissance technique : « de sorte que les hommes, n'étant plus troublés par desconflits internes, pourraient s'adonner entièrement à l'acquisition des ressources naturelles et à la jouissance decelles-ci.

».

Le principe de jouissance serait lors compatible avec l'essence de la civilisation, ce qui nous reconduiraità l'âge mythique de l'absence souffrance et à la réalisation de tous les désirs : « Ce serait l'âge d'or ».

CependantFreud réduit cette thèse à un idéal de l'imagination désirable en soi, mais irréalisable.

La récusation de cette thèsetend donc à prouver que le malaise dans la civilisation lui soit inhérent et de ce fait irréductible : « mais il estdouteux qu'un état pareil soit réalisable.

Il semble plutôt que toute civilisation doive s'édifier sur la contrainte et lerenoncement aux instincts.

» Conclusion : Le malaise dans la civilisation ne résulte pas d'une forme de culture articulière qu'il serait possible de corriger enrendant la civilisation compatible avec la satisfaction des pulsions.

Au contraire il n'y a de civilisation selon Freudque fondée sur l'exigence de répression pulsionnelle, et donc sur une certaine souffrance créant un malaise.Néanmoins Freud ne ferme pas absolument la porte à l'âge d'or, il se déclare simplement sceptique devant soneffectivité.

C'est dans cette voie que s'engagera Herbert Marcuse dans Eros et Civilisation .. »

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