Le gauchisme
Publié le 22/12/2011
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GAUCHISTES ET COMMUNISTES
On peut trouver à ce fait plusieurs raisons. Tout au long de leur
histoire, les partis communistes ont continué d'être aux prises, au sein
de leur propre formation, avec des courants « de gauche «. Les recommandations
de Lénine n'ont pas suffi à résorber cette tendance. Le jeu
politique complexe qu'ont été amenés à suivre les partis communistes,
d'abord entre les deux guerres, puis après la seconde guerre mondiale,
tantôt recherchant l'unité avec la social-démocratie et même avec des
partis de la bourgeoisie, tantôt luttant « classe contre classe « et traitant
en ennemis tous ceux qui n'étaient pas des alliés inconditionnels
de l'URSS, tantôt prônant la défense nationale, tantôt revenant à la
tradition du défaitisme révolutionnaire, ne pouvait manquer de provoquer
chez un certain nombre de militants des réactions variées d'opposition.
Les uns protestaient contre les phases de « durcissement«, les
autres, contre les phases de collaboration avec les partis et gouvernements
bourgeois. Les premiers étaient combattus comme « opportunistes
« et « droitiers «, les seconds comme « aventuristes « et « gauchistes
«. Il était commode d'assimiler ceux-ci aux communistes de gauche
qu'avait critiqués Lénine, même si les situations et les motivations
étaient bien différentes.
Le gauchisme est donc devenu, au même titre que l'opportunisme,
une catégorie familière au monde communiste. Tous les désaccords
pouvaient être facilement répertoriés sous l'une ou l'autre de ces rubriques.
Les étiquettes étaient d'ailleurs interchangeables. Puisque le gauchisme
s'oppose à la politique du parti, il fait le jeu de ses ennemis.
Il est donc une manifestation subtile de l'opportunisme. Cheminant
constamment entre ces écueils, le parti doit mener une lutte « sur les
deux fronts «. Selon la période considérée, le danger principal sera la
déviation « opportuniste « ou la déviation « gauchiste «.
«
L
es mots « gauchisme » et « gauchiste » ont fait fortune depuis
les événements de mai 1968.
Combien, parmi ceux qui utilisent
œs termes aujourd'hui, savent qu'ils furent déjà employés par
Lénine en
1920, comme sous-titre à son livre: «La Maladie infantile
du Communisme
» ?
Et qu'était-ce donc que le gauchisme pour Lénine '! Effectivement,
une maladie ou encore une erreur ou une déviation du communisme.
Lénine parle d'ailleurs à ce sujet de
«communisme de gauche».
En
quoi consiste à
ses yeux cette erreur ? Les communistes de gauche,
qui existaient au sein du parti bolchevik dès avant la Révolution de
1917, s'étaient opposés à certaines décisions tactiques du parti, comme
celle de participer aux élections à la Douma (Parlement) en
1908 ou
celle
de militer dans les syndicats réactionnaires (il n'y en avait pas
d'autres fonctionnant alors légalement).
En 1918, Radek et Boukharine, porte-parole à cette époque du
communisme de gauche, s'opposent à la paix de Brest-Litovsk, qu'ils
qualifient de compromis avec l'impérialisme allemand.
Dès la fondation
de la
III 8 Internationale (1919), des communistes de gauche se mani
festent en Allemagne, en Hollande, en Angleterre, en Italie, etc., sur
des bases analogues : refus
de participer aux parlements bourgeois,
d'adhérer aux syndicats non révolutionnaires et, en général, rejet
de
tout détour et de tout compromis.
Lénine défend vigoureusement le droit pour le parti révolution
naire d'user de compromis pratiques, de
louvoiemen,ts, de manœuvres
de conciliation et de retraite, etc., parce que, dit-il, on
ne fera rien avec
la seule répétition des vérités du communisme
« pur ».
Mais il est
remarquable que Lénine traite ces communistes de gauche en
« cama
rades», même lorsqu'ils ont, comme en Allemagne et en Italie, déclen
ché des scissions.
Il considère que les progrès du communisme guéri-
ront rapidement cette maladie infantile.
1.
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