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Qu'est-ce que le génie ?

Publié le 11/08/2004

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Le génie semble pouvoir se définir a minima comme un être exceptionnel : hors du commun. Il a quelque chose en plus : une compétence, un savoir-faire poussé à l’excellence. Il est presque cette frontière entre l’humain et le divin. Ne parle-t-on pas d’ailleurs de « Diva « ? Ne nomme-t-on pas Michel-Ange « le divin « ? Le génie serait donc un homme supérieur. Pourtant il reste un homme. La question est donc celle de sa définition. L’approche définitionnelle se veut essentiellement analytique et doit nous conduire à étudier l’essence même du concept, c’est-à-dire son sens, sa valeur et son fondement. Le génie peut être cet homme qui a une vision supérieure à la nôtre. Il n’est pas nécessairement rivé sur la pratique. C’est pourquoi on considère souvent l’artiste comme étant d’un autre monde, ou étant dans son monde. Le génie serait proche de l’autisme. Il aurait une perception différente de la nôtre. Il serait comme possédé par un être supérieur ou guidé par la nature puisque ne pouvant pas expliquer la manière de procéder pour reproduire son œuvre. Finalement, le génie serait inné. Or c’est bien ce qu’il faut interroger. Le génie ne masque-t-il pas toujours de longues heures de travail et de dur labeur ? La facilité ne serait qu’un épiphénomène masque tout le travail en amont. Dès lors, la figure du génie ne serait-elle pas une fiction collective ? Mais alors pourquoi une telle fiction ? A quoi sert-elle ?

« L'ART EST LA MISE EN FORME SENSIBLE D'UN CONTENU SPIRITUEL.Hegel Hegel (1770-1831) a donné des leçons sur l'art à Berlin, pendant le semestre d'hiver 1820-1821, au cours des étés 1823-1826 et de l'hiver1828-1829.

Peu de temps après sa mort, ses disciples les plus prochespublient le texte de ces leçons dans l'édition allemande de 1835.

Cen'est qu'à partir de 1944 que ces leçons ont commencé à être publiéesen France.

La traduction la plus récente est celle de S.

Jankélévitch,sous le titre d'Esthétique (Flammarion, 1979). On peut y lire : « L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure. » Autrement dit, Hegel définit l'art comme la mise en forme sensible d'un contenu spirituel.

Toute oeuvre d'art est unetotalité finie conciliant l'idée ou le message qui s'adresse à l'esprit avecla matière sensible qui en constitue l'expression nécessaire et quis'adresse extérieurement à la vue ou à l'êtiie : « Elle (l'oeuvre d'art) doit être activité spirituelle, mais comporter en même temps un côté sensible et direct..

La productivité artistique exigel'indivision du spirituel et du sensible.

Nous disons des produits de cetteactivité qu'ils sont des créations de la fantaisie.

En eux s'exprimentl'esprit, le rationnel, la spiritualité qui rend son contenu conscient à l'aide d'éléments sensibles. » Hegel s'oppose ainsi à l'art purement visuel évoqué par Lessing .

En le rapportant à des périodes de l'histoire spirituelle de l'humanité, il est amené à considérer que l'art, comme réalisation de l'absolu, est dépassé par lareligion et la philosophie : « L'art reste pour nous, quant à sa suprême destination, une chose du passé. » L'art n'adoucit-il pas notre vie ? Ne charme-t-il pas agréablement nos loisirs ? En tant que création sans cesserenouvelée de l'imagination, l'art ne défie-t-il pas toute définition et tout traitement philosophique ouscientifique ? Hegel réfute ces objections.

L'art ne se réduit pas à un simple jeu fugitif, au service de nos plaisirs et distractions.

Il ne se réduit pas à l'exaltation du sentiment, ni même à l'expression personnelle.

S'ilest vrai que l'art agit sur notre sensibilité, il n'en a pas moins une valeur intellectuelle.

Il nous fait pénétrerdans le domaine spirituel ; il révèle, sous forme sensible, l'absolu, et touche ainsi, comme la philosophie et lareligion, aux plus hauts intérêts de l'humanité : « La plus haute destination de l'art est celle qui lui est commune avec la religion et la philosophie.

Commecelles-ci, il est un mode d'expression du divin, des besoins et des exigences les plus élevés de l'esprit. » Cependant l'art « diffère de la religion et de la philosophie par le fait qu'il possède le pouvoir de donner de ces idées élevées une représentation sensible qui nous les rend accessibles ». Si, dans toute oeuvre d'art, l'esprit se matérialise et la matière se spiritualise, alors le but de l'art n'est pasd'imiter la nature.

Hegel s'oppose à ceux qui prétendent que, la beauté naturelle étant supérieure à la beauté artistique, l'artiste doit reproduire ce qu'il y a de beau dans la nature.

A quoi bon refaire une seconde fois cequi existe dans le monde extérieur? Une telle répétition est superflue.

De plus, l'art ainsi conçu restera toujoursinférieur à la nature, car « Limité dans ses moyens d'expression, il ne peut produire que des illusions unilatérales, offrir l'apparence de laréalité à un seul de nos sens; et, en fait, lorsqu'il ne va pas au-delà de la simple imitation, il est incapable denous donner l'impression d'une réalité vivante ou d'une vie réelle: tout ce qu'il peut nous offrir c'est unecaricature de la vie. » C'est précisément parce que l'art est un produit de l'esprit humain qu'il est supérieur à la nature.

Loin de n'êtrequ'un pur jeu d'apparences et d'illusions, l'art présente sur la réalité extérieure la même supériorité que lapensée : « Ce que nous recherchons dans l'art, comme dans la pensée, c'est la vérité.

Dans son apparence même, l'artnous fait entrevoir quelque chose qui dépasse l'apparence: la pensée. » Contrairement aux événements et phénomènes qui dissimulent la pensée sous un amas d'impuretés et nousfont croire qu'eux seuls représentent le réel et le vrai, l'art débarrasse la réalité extérieure de tout ce qui n'estque contingence ou fatras de détails, pour en dévoiler l'essence et la vérité « L'art creuse un abîme entre l'apparence et l'illusion de ce monde mauvais et périssable, d'une part, et lecontenu vrai des événements, de l'autre, pour revêtir ces événements et phénomènes d'une réalité plus haute,née de l'esprit. » Il en résulte que si l'art peut être traité d'apparence, son apparence n'est pas de l'ordre de l'illusion et dumensonge, mais au contraire de l'essentiel.

Par rapport à la réalité courante, les manifestations de l'artpossèdent une réalité plus haute, une existence plus vraie.

En épurant le réel, l'art en dévoile l'essence.. »

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