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Qu'est-ce qu'un « grand homme » ?

Publié le 18/01/2004

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En ce sens, il s'agit bien d'une laïcisation de l'idée de Providence (qui veut que Dieu dirige le mot). Il y a un moralisme plat. Or : « La philosophie doit nous amener, par opposition à ces idéaux, à reconnaître que le monde réel est tel qu'il doit être, que le vrai bien, la raison divine, universelle, est aussi la puissance propre à le réaliser. » Histoire individuelle et répétition * Mais cette approche hégélienne de l'histoire n'est-elle pas solidaire d'une conception romantique qui défend la passion contre une condamnation morale ? La passion est traditionnellement analysée soit comme un trouble de l'âme, qui interdit l'accès à la sagesse comprise comme tranquillité, soit comme une véritable maladie de l'âme. D'après Kant dans L'Anthropologie d'un point de vue pragmatique, le passionné ne jouit plus de sa liberté car il est l'esclave de sa passion. Plus rien ni personne ne compte en dehors d'elle et, refusant tout remède, il lui sacrifie son équilibre psychologique. * Selon cette approche, le grand homme est le produit de sa passion. Et en tant que maladie de l'âme, la passion correspond à l'obsession, voire à la manie. De fait, Colomb ou Napoléon ne peuvent renoncer à conquérir.

« peuples et aux Etats et à leurs plus beaux échantillons.

On en arrive à une douleur profonde, inconsolable querien ne saurait apaiser.

Pour la rendre supportable ou pour nous arracher à son emprise, nous nous disons: Il ena été ainsi; c'est le destin; on n'y peut rien changer; et fuyant la tristesse de cette douloureuse réflexion,nous nous retirons dans nos affaires, nos buts et nos intérêts présents, bref, dans l'égoïsme qui, sur la rivetranquille, jouit en sûreté du spectacle lointain de la masse confuse des ruines.

» HEGEL 1) Le spectacle de l'histoire provoque un triple mouvement de désolation, qui conduit de la tristesse àl'affliction pour atteindre la douleur profonde.

Hegel dépeint avec minutie ces étapes.2) Se réfugier dans l'égoïsme (nos affaires, nos buts, nos intérêts) est une solution possible pour échapper àcette réflexion née de la contemplation des ruines du passé. 1.

Le premier mouvement de tout ce passage marqué par l'emphase oratoire (et la répétition des « lorsquenous ») débouche sur la tristesse que nous, observateurs associés à Hegel, ne pouvons manquer d'éprouver «à la pensée de la caducité en général ».Certes , ayant le recul des observateurs qui regardent de loin la suite des événements humains, « nousconsidérons » ce qui apparaît comme un spectacle.

Ayant le réalisme des observateurs, nous sommes capablesde comprendre les mécanismes qui font réellement agir les hommes.

Ici, pas de place à l'entendement, mais lechamp est laissé libre aux passions ; pas de mesure, mais le déchaînement.Alors que la raison s'oppose à la passion (et la freine, sinon l'enchaîne), l'histoire nous montre l'association dela déraison (la folie) et la passion.

Ce qui, somme toute, va de soi.

Mais, plus fou encore, ce qui est bien (lesbonnes intentions, les fins légitimes) est perverti par la déraison : ce sont les bonnes intentions et les finslégitimes qui produisent le mal et l'illégal.

Tout à l'heure nous devinions les hommes dans la multiplicité de leursactions individuelles, maintenant, c'est l'histoire abstraite qui commande et nous considère comme desspectateurs (« l'histoire nous met devant les yeux »).

Les personnages du théâtre deviennent des entités : lemal, la corruption des moeurs (« l'iniquité »).

Le décor : la ruine des empires.

L'histoire, avec ses ruines, esttoujours plus forte que l'homme avec ses empires.

Enfin nous entendons les plaintes bruyantes (« leslamentations ») des individus qui pleurent sur la ruine de leurs cités, tout comme Jérémie pleurait sur ladestruction de Jérusalem par les Chaldéens.La contagion des cris de douleur, présents ici-même (« nous l'entendons »), est plus forte que le spectacle.Nous-mêmes ne pouvons « qu'être remplis de tristesse ».

C'est le moment de la réflexion, nourrie desmouvements précédents, exprimant la pensée la plus générale : tout menace d'être ruiné.

Cette « pensée de lacaducité en général » reprend de manière laïque « la vanité des vanités, tout est vanité » de L'Ecclésiaste.Le second mouvement nous conduit à l'affliction morale.

Il désigne les acteurs de l'histoire, d'une part lanature, d'autre part les hommes (avec leur volonté du mal).

D'où un double sentiment humain, d'une partl'affliction morale, d'autre part une révolte.

Il est possible de faire autrement.

Certes nous pouvons pleurer surles ruines provoquées par une nature à la fin toujours plus forte que l'homme, mais pour ce qui est de l'homme,et de ses exactions, une autre histoire est sans doute possible.Bien qu'un instant nous puissions en douter (« si tant est »), le spectacle du monde ne nous a-t-il pas apprisqu'il n'y a pas, dans tout ce que nous avons vu, d'esprit du bien.

Alors échapperions-nous à la règle commune.Oui, sans doute, les sentiments qui sont les nôtres (tristesse, affliction, douleur) témoignent de notre moralité.Le troisième mouvement, où nous passons du spectacle au tableau, est encore plus terrifiant.

Loin de l' «exagération oratoire » - qui emporterait peut-être l'adhésion, mais qui, manipulatrice, est ici parfaitementinutile – il suffit, dit Hegel, seulement (« rien qu'en ») de relater (c'est le propre de l'histoire d'être une relationavec exactitude...

Autrement dit, ce qui pourrait être décrit est exact.

Plus de dénonciation de la nature,comme responsable des ruines.

Mais une accusation portée cette fois uniquement contre l'homme.

Car c'estbien une activité humaine qui « inflige » délibérément...

Triomphe du mal, avec son cortège de malheurs, duvice sur la vertu, de la perversion contre l'innocence.

Et qui fait de l'histoire un malheur généralisé, où tout estcorrompu, puisque le mal, comme la peste, porte tout aussi bien sur les personnes, sur les peuples, sur lesEtats.

Et qui en vise « les plus beaux échantillons ».

Rien n'est épargné, aussi rien ne saurait nous apaiser.

Aumalheur le plus haut répond la douleur la plus profonde. 2.

Mais , avec ironie, Hegel note que cette douleur, qui certes nous frappe, mais qui est relative auxsouffrances des autres, dans le passé, ne nous laisse pas sans voix.

Elle ne nous empêche pas de formuler ennous-mêmes les sentences toutes faites du sens commun.

Car ce spectacle, tout horrible qu'il fut, nous n'yparticipons pas, il était pensé, plutôt que vu.

Et, en fin de compte, c'est cette pensée seulement (« cettedouloureuse réflexion ») qui était pénible.

Les sentences (prononcées en forme d'épitaphes) viennent déjàatténuer les choses.Formulation creuse qui ne fait rien que répéter ce qui est déjà : « il en a été ainsi ».

Invocation d'une forceplus forte que nous, qui nous déresponsabilise : ce n'est pas nous, « c'est le destin ».

Démission avouée : « onn'y peut rien changer ».

Que le monde continue dans le futur comme il a été dans le passé.D'ailleurs le monde nous appelle, mais un autre monde, non pas celui, terrible, de l'histoire universelle, maiscelui terre à terre, lié strictement à la sphère de nos activités actuelles (« présentes »).

Celui dont noussommes le centre : nos affaires, nos buts, nos intérêts.

Monde quotidien qui s'oppose par sa tranquillité auxtroubles de l'histoire, qui se manifeste par sa proximité contraire au lointain des désastres (« la masse desruines »), qui s'impose par la clarté de son évidence si différente de la confusion de tout le reste.Ce contraste entre notre histoire universelle est si fort que, nous prenant pour le centre de tout (ce qui définitl'égoïsme), nous venons à « considérer » cet autre monde, comme quelque chose de lointain, qui se situe. »

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