Grande baigneuse de Picasso

« 1929 Peintre espagnol Analyse ~ À partir de 1918 , les baigneuses apparaissent régulièrement dans l'œuvre de Picasso.

Ce thème, cher aussi à Cézanne , le passionne visible­ ment et il en donne des interprétations diverses.

Femmes nues ou vêtues de maillots de bain , elles ont les formes les plus variées, généralement peu respectueuses de l'anatomie classique et de la réalité.

Des lourdes baigneuses d'inspiration anti­ que aux interprétations ingresques ou (( art déco », en passant par d'étranges créatures aux formes anguleuses, Picasso qui se rend de plus en plus souvent au bord de la mer, à Dinard ou dans le Midi, ne se lasse pas d'interpréter sur le mode humoristique ou érotique un des grands thèmes de la peinture classique.

Ici, la figure occupe tout l'espace de la toile où elle se dresse comme un inquiétant totem primitif , les bras levés au-dessus de la tête.

Le dessin elliptique qui marque la pré­ sence des seins , des côtes et du nombril , ainsi que la couleur ocre rose indiquent qu'il s'agit bien d'un nu.

Un nu décharné, rendu plus inquiétant encore par l'indication des yeux et de la bouche , trois trous qui donnent à la figure l'allure d'un squelette ou d 'un fantôme.

Et, en effet , cette étrange apparition semblable à une image de la mort paraît soulever un voile noir pour se décou- Huile sur toile 195 x 130 cm vrir dans toute son horreur.

Cette scène, pour le moins inattendue, se situe dans un paysage à peine esquissé : trois bandes colorées évoquent la plage, la mer et le ciel.

L'extrême simplification des formes est carac­ téristique de cette période de l'œuvre de Picasso qui se livre alors à une synthèse des formes bien éloignée de l 'expérience cubiste et plus proche du surréalisme auquel l'artiste était lié.

En 1925, il avait participé à une exposition collective du groupe à la galerie Pierre Loeb, qui réunissait les œuvres de Mir6 , Masson , Man Ray , Klee et Arp.

L'œuvre [] Cette toile est conse!1lée au musée Picasso à Paris , où est exposé un ensemble considérable d'œuvres laissées en dation à l'État français par les h éritiers de l'artiste.

Elle est datée du 26 mai 1929.

Parmi les autres œuvres de cette période exposées au musée Picasso, notons Figures au bord de la mer et une baigneuse en bronze , toutes deux datées de 1931.

Picasso et l'Italie + Avide de toutes les cultures , Picasso s'est passionnément intéressé à l'Italie et à l'art italien.

Lors d'un voyage à Rome en 1917 en compagnie de Jean Cocteau, il fréquente les cafés Arago et Greco et entre en contact avec les artistes futuris­ tes, notamment Depero, Severini et Prampolini.

Igor Stravinsky raconte que Picasso collectionnait les gouaches napolitaines et qu'il passait des jour- Du mêm e pei ntr e : PICTO 942 à 953a © Nardini Editore, 1995.

Liriade pour l'édition française.

1995.

nées entières chez les brocanteurs à la recherche d'objets anciens.

Il fut profondément ému par les fresques pompéiennes et par la sensualité qui émane de ces fragiles figures par lesquelles revit l'antique cité ensevelie.

Les musées retinrent aussi son attention et le séjour italien fut pour l'artiste une source d'inspiration dont on trouve directement l'écho dans son œuvre.

Photo R.M. N.

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