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HEGEL: les grands hommes

Publié le 25/04/2005

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hegel
L'Esprit en marche vers une nouvelle forme est l'âme interne de tous les individus; il est leur intériorité inconsciente, que les grands hommes porteront à la conscience. Leur oeuvre est donc ce que visait la véritable volonté des autres ; c'est pourquoi elle exerce sur eux un pouvoir qu'ils acceptent malgré les réticences de leur volonté consciente : s'ils suivent ces conducteurs d'âmes, c'est parce qu'ils y sentent la puissance irrésistible de leur propre esprit intérieur venant à leur rencontre. Si, allant plus loin, nous jetons un regard sur la destinée de ces individus historiques, nous voyons qu'ils ont eu le bonheur d'être les agents d'un but qui constitue une étape dans la marche progressive de l'Esprit universel. Mais en tant que sujets distincts de leur substance, ils n'ont pas été ce qu'on appelle communément heureux. Ils n'ont pas voulu trouver le bonheur, mais atteindre leur but, et ce but, ils l'ont atteint par un labeur pénible. Ils ont su trouver la satisfaction, réaliser leur but, le but universel. Placés devant un but aussi grand, ils se sont audacieusement proposé de le servir contre toute l'opinion des hommes. Ce n'est pas le bonheur qu'ils ont choisi, mais la peine, le combat et le travail pour leur but. Leur but une fois atteint, ils n'en sont pas venus à une paisible jouissance, ils n'ont pas été heureux. HEGEL

Dans son livre la Raison dans l’histoire, chapitre II, section II, Hegel cherche à déterminer les conditions d’apparition de l’Esprit au sein de sa réalisation historique. L’esprit désigne la raison compris comme une entité métaphysique qui cherche à s’incarner dans l’histoire. Le projet de Hegel s’intègre dans les philosophies de l’histoire qui, tentent, par la reconstitution du passé, de produire une interprétation globale du passé tout entier en en dégageant le sens. Pour Hegel la systématicité de la connaissance historique se fonde sur la conviction philosophique que la raison gouverne le monde. Ainsi l’histoire aurait une raison comprise dans l’idée de fin de l’histoire : l’ensemble du processus historique est contenu sous la forme d’un germe qui se développe vers un terme pré assigné. Notre texte s’interroge donc sur les moyens par lesquels la raison parvient à s’incarner et se réaliser dans le monde des hommes. La thèse défendue par Hegel est que la raison parvient à s’incarner dans l’histoire grâce aux grands hommes qui sont ses instruments. Cette démonstration se fait en trois moments : tout d’abord la thèse selon laquelle l’esprit est en marche vers une nouvelle forme en étant l’âme interne de tous les individus « , ensuite que sont les grands hommes par rapport à l’Esprit et comment parviennent-ils à convaincre les hommes ordinaires, enfin le statut du bonheur qui est assigné aux grands hommes par opposition aux hommes ordinaires.

hegel

« grands hommes à référer les volontés des autres hommes vers leur propre objectif qui est en même temps celui del'Esprit.

C'est en ce sens que l'Esprit a besoin d'eux et qu'ils peuvent être appelés les organes de l'esprit substantiel._ En d'autres termes, ils sont les instruments de l'incarnation effective de l'Esprit qu'ils aident à naître en faisantaccoucher l'histoire par leur action violente.

L'archétype du grand homme pour Hegel est la figure toute militaire deNapoléon.

Ainsi si l'Esprit est « leur intériorité consciente que les grands hommes porteront à la conscience », c'estque les grands hommes actualisent et réalisent ce qui n'était qu'une virtualité passive chez les hommes ordinaires.Ils réveillent en eux ce qu'ils veulent sans savoir qu'ils le veulent; « Leur œuvre est donc ce que visait la véritablevolonté des autres .

En d'autres termes les individus nt une volonté individuelle qui n'est qu'une illusion sans réalité,et ils ont la volonté de l'esprit résultant de leur âme interne qui elle seule est véritable._ Si les hommes ont une volonté individuelle consciente et une volonté véritable qui est celle de la raison, les grandshommes réveillent en eux la volonté de l'Esprit qui, sous la forme des passions, assignent un pouvoir à ces premiers :« c'est pourquoi elle exerce sur eux un pouvoir qu'ils acceptent malgré les réticences de leur volonté consciente ».Par exemple les soldats de Napoléon devaient être réticents à aller jusqu'en Russie se faire tuer pour satisfaire lecaprice de leur empereur; mais comme selon Hegel, Napoléon portait le plan de l'Esprit dans ses projets, ils lesuivaient et étaient prêts à se sacrifier pour satisfaire sa soif de conquête.

Et il est indéniable que les grandshommes comme Alexandre le Grand entraînent dans leur sillage une fascination des hommes ordinaires qui les faitaller au-delà de leur volonté consciente : « s'ils suivent ces conducteurs d'âmes, c'est parce u'ils y sentent lapuissance irrésistible de leur propre esprit intérieur venant à leur rencontre ».

Ainsi le grand homme est unconducteur d'âme qui a une fonction psychagogique ( conductrice d'âme) auprès des hommes ordinaires et lescontraint à obéir à leur vocation.

Avoir une vocation, est étymologiquement le fait de se sentir appelé par quelqu'und'autre à faire quelque chose : les hommes ordinaires sont appelés par le grand homme à aller à la rencontre del'Esprit.

III Quel bonheur pour les grands hommes ? _ Les grands hommes sont « des individus historiques » en tant que c'est par eux que se fait l'histoire dans une deses formes : César pour la république romaine, Alexandre le grand pour le monde hellénistique, Napoléon pour lapériode post-révolutionnaire.

« Ils ont eu le bonheur d'être les agents d'un but qui constitue une étape dans lamarche progressive de l'esprit universel ».

Ces hommes ont été les acteurs de l'histoire, mais pas ses auteurs : ilssont ce fait ce que l'esprit a réalisé.

C'est la raison pou laquelle ces hommes sont célébrés : ils portaient en euxquelque chose de plus grand qu'eux-mêmes.

De ce fait, si le bonheur est un état de satisfaction qui vient remplir ceque les hommes visent, on ne peut dire que les grands hommes soient heureux.

En tant que « sujets distincts deleur substance », c'est-à-dire en tant qu'individus particuliers semblables aux hommes ordinaires, ils n'ont pas goûtéau bonheur commun.

Et en effet si Alexandre a conquis une grande partie du monde connu à son époque, il n'ajamais eu le temps de goûter à son triomphe puisque il est mort à l'âge de trente trois ans._ En ce sens les grands hommes sont des hommes à la grandeur ambiguë : ils ne sont pas des hommes ordinaires quiont accédé au bonheur par leur succès, mais des hommes tourmentés par l'esprit pour lequel ils ont sacrifié leurexistence individuelle.

3ils n'ont pas voulu trouver le bonheur, mais atteindre leur but et ce but, ils l'on atteint parun labeur pénible ».

On voit ainsi qu'Alexandre ne sut jamais se contenter de ses conquêtes, et n'eut de cesse deconquérir le monde entier; de même, napoléon trvaillant 2O heures par jour à la réalisation de ses projets.

Aussi« placées devant un bt aussi grand, ils se sont audacieusement proposés de le servir contre toute l'opinion deshommes » : le grand homme n'obéissant qu'à l'Esprit est souvent jugé par les hommes ordinaires comme un dément;si les grands hommes ne sont pas heureux, c'est que le bonheur ne peut s'appliquer qu'aux hommes ordinaires.

Entant qu'ils sont les instruments de l'Esprit, les grands hommes doivent atteindre le but que l'Esprit leur a fixé sous laforme de leurs passions.

Ainsi « ce n'est pas le bonheur qu'ils ont choisi, mais la peine, e combat et le travail pourleur but » : napoléon après sa première abdication, pourrait profiter de la vie sur l'île d'Elbe que ses ennemis lui ontlaissé pour royaume, mais il préfère risquer le tout pour le tout et revient à la tête de la France pendant les Centjours, avant d'êtr définitivement exilé sur l'île de Sainte Hélène.

« leur but une fois atteint, ils n'en sont pas venusà une paisible jouissance, ils n'ont pas été heureux ».

Conclusion :Les grands hommes sont les organes de l'Esprit qui, rusent avec leurs passions et se sert d'eux pour emporter lesvolontés des hommes ordinaires dans l'édification d'un moment nécessaire à l'incarnation de l'esprit.

En tantqu'agents de l'esprit, les grands hommes sont le lieu de la relation dialectique entre le particulier et l'universel.Dévoilant l'esprit et accoucheurs de l'histoire, ils ne peuvent goûter au bonheur individuel.

Une fois leur but atteint,écrit Hegel à la suite de notre extrait, ils sont tombés « comme des douilles vides » : leur existence est comparableà une balle de fusil qui, ayant atteint leur cible universelle, laisse sa douille individuelle s'effondrer.

Pour vérifiercette idée, on peut se référer aux Mémoires de Napoléon rédigées par Las Casas sur l'île de Sainte-Hélène où napoléon déclarait : « ma vie fut un météore ».. »

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