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HEGEL et le sensible

Publié le 24/04/2005

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hegel
Le contenu concret de la certitude sensible la fait apparaître à première vue comme la connaissance la plus riche, voire comme une connaissance d'une richesse infinie, pour laquelle on ne peut trouver aucune limite, ni quand nous allons au-delà d'elle dans l'espace et le temps où elle se déploie, - ni quand nous détachons un fragment de cette plénitude et que nous y pénétrons en le divisant. Elle apparaît de plus comme la plus vraie, car elle n'a encore rien écarté de l'objet, mais l'a devant elle tout entier. Cependant, en fait cette certitude se révèle comme la vérité la plus abstraite et la plus pauvre. De ce qu'elle sait elle dit seulement: « cela est »; sa vérité ne contient que l'être de la chose. D'un autre côté, la conscience n'est dans cette certitude que le Moi pur, en d'autres termes Je suis là seulement comme pur Celui-ci et l'objet n'est que pur Celui-là. HEGEL
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« "Le contenu peut être tout à fait indifférent et ne présenter pournous, dans la vie ordinaire, en dehors de sa représentationartistique, qu'un intérêt momentané : c'est ainsi, par exemple, que lapeinture hollandaise a su recréer les apparences fugitives de lanature et en tirer mille et mille effets.

Velours, éclats de métaux,lumière, chevaux, soldats, vieilles femmes, paysans répandantautour d'eux la fumée de leurs pipes, le vin brillant dans des verrestransparents, gars en vestes sales jouant aux cartes, tous ces sujetset des centaines d'autres qui, dans la vie courante, nous intéressentà peine, car nous-mêmes, lorsque nous jouons aux cartes ou lorsquenous buvons ou bavardons de choses et d'autres, y trouvons desintérêts tout à fait différents, défilent devant nos yeux lorsque nousregardons ces tableaux : mais ce qui nous attire dans ces contenus,quand ils sont représentés par l'art, c'est justement cette apparenceet cette manifestation des objets, en tant qu'oeuvres de l'esprit quifait subir au monde matériel, extérieur et sensible, une transformation en profondeur.

[...

]Grâce à cette idéalité, l'art imprime une valeur à des objets insignifiants en soi et que, malgréleur insignifiance, il fixe pour lui, en en faisant son but et en attirant notre attention sur deschoses qui, sans lui, nous échappaient complètement.

" HEGEL Questions1.

Dégagez l'idée centrale du texte et étudiez-en la structure.2.

À partir d'une analyse détaillée du texte, précisez en quoi consiste la création artistiqueselon Hegel, et le sens du mot « représentation ».3.

Pourquoi l'art s'attache-t-il à « des objets insignifiants » ?4.

Pensez-vous que ce texte argumente en faveur d'un art « réaliste » ? Réponses rédigées 1.

Formulation de l'idée centrale : L'art n'a de sens pour nous qu'en tant qu'oeuvre et expression del'esprit, qui imprime sa marque à toutes les productions qu'il investit, et ce, indépendamment ducontenu sensible.Structure du texteOn peut distinguer quatre moments, remplissant une fonction distinctive dans l'argumentationd'ensemble :• les trois premières lignes (jusqu'à « un intérêt momentané ») constituent une sorte d'introduction dela thèse centrale du texte (seule la représentation artistique valorise un contenu sensible par ailleursindifférent) ;• les lignes suivantes (jusqu'à « nous regardons ces tableaux ») développent une illustration concrèted'une partie de la thèse (indifférence du contenu) ;• les quatre lignes qui suivent (jusqu'à « en profondeur ») formulent directement la thèse centrale dutexte (dans la représentation artistique, c'est en tant qu'oeuvre de l'esprit que l'objet sensible acquiertson intérêt) ;• les quatre dernières lignes (jusqu'à la fin) reprennent la thèse du texte pour en énoncer uneconséquence (l'effet de l'art comme transfiguration du monde sensible). 2.

Le monde sensible, saisi dans son immédiateté, est le domaine du « momentané », du « fugitif », des« intérêts tout à fait différents ».

Le propre de la création artistique est de ressaisir cette fugacité enune signification permanente, qui n'est pas autre chose que le fait, pour tous ces objets, d'être investiset produits par l'esprit.

L'effet de l'art se mesure justement à ce pouvoir de transfiguration du sensible,qui fait que le quotidien, le particulier, acquièrent par le fait d'être représentés, une significationpermanente, une valeur spirituelle : « c'est ainsi, par exemple, que la peinture hollandaise a su recréerles apparences fugitives de la nature et en tirer mille et mille effets ».Le mot « représentation » n'a donc pas le sens de « reproduction fidèle » — ou plutôt il ne se réduitpas à ce sens traditionnel.

Il faut aussi que la façon de représenter détache l'objet de son immédiatetésensible et, par les « mille et mille effets » qu'elle obtient, lui donne une signification spirituel-lepermanente.

En ce sens, toute représentation artistique est bien « recréation » ; elle ne se contentepas d'imiter pour reproduire, elle doit viser l'essentiel, ce qui distingue le plus nettement les objets « entant qu'oeuvres de l'esprit ».

Ce « travail » de l'artiste constitue justement la part de création, parlaquelle se révèle une « transformation en profondeur » du monde matériel. 3.

Une des conceptions traditionnelles de l'art — aujourd'hui complètement remise en question —consistait à faire dériver la beauté de l'oeuvre de la noblesse du sujet, de son caractère exaltant ouédifiant.

Ainsi, le sujet reproduit était en lui-même porteur de sens et de valeur, et l'on comprend quela reproduction fidèle, à elle seule, était considérée comme oeuvre de valeur.

Avec la philosophie. »

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