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HEGEL: L'universalite du besoin d'art

Publié le 25/04/2005

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L'universalité du besoin d'art ne tient pas à autre chose qu'au fait que l'homme est un être pensant et doué de conscience. En tant que doué de conscience, l'homme doit se placer en face de ce qu'il est, de ce qu'il est d'une façon générale, et en faire un objet pour soi. Les choses de la nature se contentent d'être, elles sont simples, ne sont qu'une fois, mais l'homme, en tant que conscience, se dédouble : il est une fois, mais il est pour lui-même. Il chasse devant lui ce qu'il est; il se contemple, se représente lui-même. Il faut donc chercher le besoin général qui provoque une oeuvre d'art dans la pensée de l'homme, puisque l'oeuvre d'art est un moyen à l'aide duquel l'homme extériorise ce qu'il est. Cette conscience de lui-même, l'homme l'acquiert de deux manières : théoriquement, en prenant conscience de ce qu'il est intérieurement, de tous les mouvements de son âme, de toutes les nuances de ses sentiments, en cherchant à se représenter lui-même, tel qu'il se découvre par la pensée, et à se reconnaître dans cette représentation qu'il offre à ses propres yeux. Mais l'homme est également engagé dans des rapports pratiques avec le monde extérieur, et, de ces rapports, naît également le besoin de transformer ce monde, comme lui-même, dans la mesure où il en fait partie, en lui imprimant son cachet personnel. Et il le fait, pour encore se reconnaître lui-même dans la forme des choses, pour jouir de lui-même comme d'une réalité extérieure. On saisit déjà cette tendance dans les premières impulsions de l'enfant : il veut voir des choses dont il soit lui-même l'auteur, et, s'il lance des pierres dans l'eau, c'est pour voir ces cercles qui se forment et qui sont son oeuvre, dans laquelle il retrouve comme un reflet de lui-même. Ceci s'observe dans de multiples occasions et sous les formes les plus diverses, jusqu'à cette forme de reproduction de soi-même qu'est l'oeuvre d'art. HEGEL
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« La création de formes par l'art n'est pas seulement ici le résultat d'un amour de l'imitation, mais s'inscrit dansle devenir de la conscience.

L'esprit devient dans l'histoire conscient de lui-même, à travers ses réalisations,en modifiant le monde sensible.

L'art est un moment de cette histoire, exprimant une lutte entre l'esprit et lamatière, dans laquelle celui-ci veut se reconnaître, et Hegel cherche à saisir cette attitude sous son aspectoriginel. POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE Hegel met en évidence la première manifestation de l'attitude créatrice, première au sens où elle est lemoment de la plus simple confrontation de l'esprit et de la matière.

L'esprit perçoit la modification qu'il lui faitsubir, entrant ainsi dans un rapport pratique avec le monde extérieur.Malgré les apparences, c'est bien lui-même que l'homme contemple dans cette réalité extérieure modifiée.

Ilne contemple pas son image au sens de copie, mais il perçoit la marque de son pouvoir.

La conscience de soiest donc pratique, par opposition à une attitude d'autocontemplation, dite théorique, qui a son prix mais nedonne pas naissance à une oeuvre : agir et créer sont des moyens de se connaître à certains égardssupérieurs à la contemplation «théorique ».

Cette dernière peut faire penser ici au mythe de Narcisse, abîmédans son reflet.

Une telle opération suffirait si la nature humaine était statique, si l'on pouvait en construireune image fixe.

En fait, la conscience se manifeste aussi dans l'action, dans la domination pratique de laréalité, dans le fait que l'homme ne subit pas, comme d'autres êtres, des conditions d'existence données,mais qu'il les crée.

II prend conscience de son action et de son pouvoir, donc de lui-même, mais sur un planpratique, et du changement qu'il provoque dans un monde dont il devient en partie l'auteur.A partir du moment où il transforme le monde, non pour organiser sa vie concrète, mais «pour tirer unejouissance de la forme des choses », cette attitude annonce la création artistique.

Nous retrouvons ici l'idéeque le jeu enfantin n'est pas gratuit : les ronds dans l'eau sont la marque d'une intention, d'une liberté,l'expérimentation d'un pou-voir sur les choses.

L'artiste saura donner à des oeuvres une valeur d'expression de sa conscience, de sessentiments et, au-delà, de son époque.

L'homme ne prend pas conscience de lui-même dans une auto-contemplation stérile, mais dans la « reproduction de soi-même », par laquelle il représente cette réalitéqu'est son propre esprit. HEGEL (Friedrich-Georg-Wilhelm).

Né à Stuttgart en 1770, mort à Berlin en 1831. Il fit des études de théologie et de philosophie à Tübingen, où il eut pour condisciples Hölderlin et Schelling.

Il futprécepteur à Berne de 1793 à 1796, puis à Francfort de 1797 à 1800.

En 1801, il devient privat-dozent à l'Universitéd'Iéna puis, les événements militaires interrompirent son enseigne- ment, et il rédigea une gazette de province.

En1808, il fut nommé proviseur et professeur de philosophie au lycée classique de Nuremberg.

De 1816 à 1818, ilenseigna la philosophie à l'Université de Heidelberg ; enfin.

à Berlin, de 1818 à sa mort.

due à une épidémie decholéra.

Peu de philosophes ont eu une influence aussi considérable que celle qu'exerça Hegel.

Peu aussi furent plussystématiques dans l'expression de leur pensée.

L'idéalisme hégélien part d'une conception de la totalité.

Le Toutest l'unité des opposés, la non-contradiction.

Mais la réalité est contradictoire, parce qu'elle est vivante, et viceversa.

L'étude du développement des notions universelles qui déterminent la pensée, constitue la logique.

Réel etrationnel (la réalité est raisonnable et le raisonnable est réel), être et pensée, se concilient dans l'idée, principeunique et universel.

L'idée, c'est l'unité de l'existence et du concept.

« Nous réserverons l'expression Idée auconcept objectif ou réel, et nous la distinguerons du concept lui-même, et plus encore de la simple représentation.» Le développement de l'Idée détermine l'être.

La science étudie ce développement la logique en précise les lois, quisont la contradiction et la conciliation des contraires.

Le mouvement de l'idée, qui se traduit par la marche de lapensée, procède par trois étapes successives : la thèse, l'antithèse qui est sa proposition con- traire, et lasynthèse, qui concilie les deux, les dépasse.« La synthèse, qui concilie les opposés, ne les nie pas.» Ce mouvementde la pensée est la dialectique.

Le développement dialectique de l'idée engendre la Nature (qui est le développe-ment du monde réel extérieur à l'idée) et l'Esprit ; il explique l'ordre et la suite nécessaire des choses.

La philosophiede l'Esprit, selon Hegel, se divise en trois parties : l'esprit subjectif (anthropologie, phénoménologie, psychologie),l'esprit objectif (droit, moralité, moeurs) et l'esprit absolu (art, religion, philosophie).

L'Esprit est l'intériorisation de laNature.

On retrouve dans les trois notions d'Idée, de Nature et d'Esprit, le schéma parfait de la dialectique.

L'Idéeest la pensée absolue, pure et immatérielle.

La Nature est sa dissolution, dans l'es- pace et dans le temps.

L'Espritest le retour de l'absolu sur lui-même ; il devient la pensée existant pour elle-même.

Hegel définit l'histoire « ledéveloppement de l'esprit universel dans le temps ».

L'État représente alors l'idée ; les individus ne sont que lesaccidents de sa substance.

Les guerres conduisent à la synthèse, qui est la réalisation de l'idée.

L'histoire a un sensdernier, auquel contribuent le passé et le présent.

Ce qui réussit est bien.

La force est le symbole du droit.

C'estcertainement par sa philosophie de l'histoire —« la philosophie est compréhension du devenir » — que Hegel a laissélibre cours aux plus diverses interprétations.

L'hégélianisme de droite (représenté de nos jours par M.

H.

Niel). »

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