HENRI MICHAUX

« lui le monde baroque.

:Fuligineux et grouillant qu'il :l:'ré· queute sous l'écorce des choses, et qu'il ne connaît d'autres lois mentales et physiques que celles au.'l:quelles obéissent ses phantasmes.

Le ton extrêmement naturel, la.

tranquillité parfaite avee lesquels il nous décrit son univers, sont pour beau• coup dans cette vraisemblance.

Le procédé est-il nouveau ? Non : c'est celui de Rabelais nous relatant son escale en l'ile des Papefigues, celui du Swift des Voyages de Gulliver, celui dlAchim d'Arnim nous faisant assister au.'!: aventures d'habelle d'Egypte et des homuncules nés de la mandra• gore, celui du Caroll d'Alice au Pays des Merveilles, celui du Defontenay de Star, celui du Jarry de Faustroll et du Samuel Butler d'Ehrewon.

Procédé - l'affirma• tion pure et simple, la logique interne du récit, l'accumula· tion des détails - qui s'oppose à celui des conteurs fan· tastiques du type Nodier, chez lesquels la précaution est toujours introduite de nous dire ou de nous suggérer que nous allons assister on venons d'assister à un rêve, à une création arbitraire de l'esprit, e't qu'en deçà comme au delà, le :monde euclidien n'a pas cessé d'exister.

Ainsi, nous décrivant les mœurs des « Meidosems » ou son Voyage en Grande-Garabagne avec une application et une minutie d'entomologiste et d'explorateur, Michaux n'inaugure point un genre ; non plus, d'ailleurs, quand il :nous fait partager des tortures impossibles ou des faims insolites.

Le jeune héros de Xavier Forneret qui mange littéralement sa main sur le plaisant .

conseil qu'on en donne aux enfants gourmands, le Lautréamont qui se voit lutter contre un cheveu gênant et animé, oublié par Dieu dans un bordel, le Rimbaud qui mange l'air et les pierres, nous avaient d~puis longtemps familiari.sés avec elles, Et n'oublions pas Jérôme Bosch, William Blake, le Goya des Disparates, le Kafka de la Colonie pénitentiaire, .Antonin .Artaud enfin, dans la lignée de visimmaires où situer Michaux, Ce qui distingue celui-ci et fait d'un line comme La vie dans les plis un apport considérable à l'Imaginaire et à la poésie, c'est la rigueur d'enchaînement de ses "isions,. »