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En histoire, connaissons-nous le passé ou le rêvons-nous ?

Publié le 17/08/2009

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histoire

A première vue, la question qui nous occupe peut recevoir une réponse affirmative : oui, en histoire nous rêvons davantage le passé que nous le connaissons, car celui qui produit le discours historique n’a jamais affaire aux évènements eux-mêmes, mais à des traces partielles de ces derniers qui déclenchent le rêve plus qu’ils ne fondent une connaissance. Cependant, il semble que la tentation du rêve pour celui qui fait l’histoire soit en vérité une tentation repoussée, car l’histoire appartient au domaine de la science, c'est-à-dire au domaine de la connaissance rationnellement fondée, et non du rêve. Pourtant, nous verrons dans un dernier temps que si nous connaissons le passé en histoire, c’est toujours le rêve qui fonde l’intérêt pour l’histoire et qui le couronne en dernier lieu.

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si le discours historique produit un discours que nous pouvons croire ou qui a le rêve pour fondement et conséquence. 

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« tendances marxistes qui s'intéresseraient à la révolution française de 1789 : ses tendances politiques risquent defonctionner comme un filtre entre lui et son objet d'étude, de sorte qu'il lui sera impossible de la traiter avecl'objectivité que l'on attend d'un véritable scientifique.

C'est donc en raison de la nature propre de son objet d'étudeque le discours de l'historien ne peut être cru sans réserves : parce que la réalité humaine est complexe et le regardd'un individu sur elle nécessairement partial et déterminé par ses particularités empiriques (âge, sexe, milieu social,vécu…) que nous ne pouvons croire les historiens qu'en apportant de prudentes réserves à cette croyance… Commel'écrit Karl Popper : « En visant l'objectivité, les historiens classiques se sentent contraints d'éviter tout point de vue sélectif ; maispuisque c'est impossible, ils adoptent habituellement des points de vue sans en avoir conscience.

Cela annuleinévitablement leurs efforts pour être objectifs, car il est impossible de critiquer son propre point de vue et deprendre conscience des limitations qu'il comporte si on n'est pas au courant de ce point de vue.

L'issue de cedilemme est de comprendre la nécessité d'adopter un point de vue ; d'énoncer ce point de vue ouvertement, t detoujours rester conscient qu'il n'en est qu'un parmi beaucoup d'autres, et que, bien qu'il puisse se résumer en unethéorie, il ne peut être testable ».

Misère de l'historicisme . A la lumière de ce texte, nous dirons qu'en histoire le passé est davantage rêvé que connu, puisqu'il est uneconstruction partielle, partiale, d'un individu avec un point de vue déterminé, et n'a pas la pureté des connaissancesimmuables de la science.

II.

En histoire, le passé est davantage connu que rêvé car la discipline historique est scientifique L'Histoire est une science car elle est soumise au critère Poppérien de la réfutabilité a.

Cependant, nous ne pouvons en rester à une telle thèse.

En effet, il faut bien montrer qu'en histoire le passé estconnu, non rêvé, car l'histoire est bel et bien une science produisant des connaissances, et non un discours partialproduisant des fictions à la manière du rêve.

Pour montrer qu'en histoire, le passé est à proprement parler connu,nous devons donc prouver que la discipline historique est bien une science.

En effet, lorsque nous reprochons à ladiscipline historique d'être partielle, nous lui reprochons de tenir un discours qui peut être réfuté a l'avenir par unedécouverte (comme la découverte d'un document du passe, ou d'un objet).

Or, n'est ce pas non seulement le caspour tous les autres discours scientifiques, sinon le critère définitoire de la scientificité elle-même ? Pour KarlPopper, une hypothèse scientifique n'en est une que si elle est réfutable : tant que les résultats des testsexpérimentaux sont conformes aux prédictions de la théorie, on dit que celle-ci est corroborée par l'expérience.Dans le cas inverse, elle est falsifiée par l'expérience.

Est scientifique tout ce qui peut être falsifié.

Comme l'écritPopper : « Mais comment distinguer le système qui représente notre monde de l'expérience ? La réponse est la suivant :par le fait qu'il a été soumis à des tests et qu'il a résisté à des tests […] Selon cette conception, « l'expérience »apparaît comme une méthode caractéristique qui permet de distinguer un système théorique d'autres systèmesthéoriques.

De sorte que la science empirique semble se caractériser non seulement par sa forme logique maisaussi par la spécificité de sa méthode […] Un système n'est empirique ou scientifique que s'il est susceptible d'êtresoumis à des tests expérimentaux.

Ces considérations suggèrent que c'est la falsifiabilité, et non la vérifiabilité d'unsystème qu'il faut prendre comme critère de démarcation ».

La logique de la théorie scientifique (1935) I, 1,6. Ainsi nous dirons que contrairement aux apparences, le caractère partiel du discours historique est au contraire legarant de sa scientificité.

C'est donc parce que le discours historique est partial et réfutable pour cela mémé qu'ilest scientifique, et par conséquent crédible.

En histoire, nous connaissons le passé et ne le rêvons pas, car l'histoireest une science, c'est-à-dire une discipline produisant des connaissances avec le caractère de la réfutabilité. Des normes scientifiques encadrent le discours historique b.

Nous pouvons également revenir sur la critique que nous avons commence par faire à propos de la partialité dudiscours historique.

Au contraire de ce que nous avons d'abord prétendu, ne pouvons nous dire que le discoursscientifique est un discours encadré par des normes, régi par une éthique de la vérité qui peut être comparée a celledu journalisme ? En effet, le véritable Historien a conscience du caractère partial de sa perception des choses : ils'efforce de limiter celle-ci et de ne présenter une analyse des faits qu'a la suite d'une présentation neutre et aussi. »

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