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L'histoire enseigne-t-elle la relativité des valeurs ?

Publié le 01/02/2004

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Inutile de se résigner ainsi à l'injustice: l'idéal nous sauve de l'abandon de la justice en nous permettant de la trouver intacte en un certain endroit et de tendre vers elle comme vers un idéal. Cet idéal, c'est précisément ce que va refuser Montaigne. En ce sens, et par sa critique même, peut-être va-t-il nous permettre de mieux saisir ce que nous entendons exactement par le mot « valeur ». Montaigne, dans Les Essais (« L'apologie à Raymond Sebon »), va nous rappeler cette phrase même de Socrate qui tient cela « d'un conseil divin »: mieux vaut obéir aux lois de son pays. Ce qui signifie par-là que Platon ramène la conduite juste à l'observance des lois positives de son pays. Le juste n'est donc plus que le respect des lois écrites, des institutions juridiques. Montaigne nous dit alors: « ... notre devoir n'as [donc] autre règle que fortuite? ». En effet, pour lui, les lois positives sont arbitraires, elles dépendent de l'époque précisément, de l'endroit où l'on se tient alors.
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« un autre cette fois-ci méchant, les deux poursuivront la même fin, celle qui sert leur intérêt, et non le bien.

Socrateva confirmer l'idée selon laquelle il n'existe pas d'autres véritablement vertueux, il va lui même rappeler l'impossibilitéde trouver sur cette terre un régime politique qui ne soit pas corrompu.

L'histoire ne nous enseigne que cela.

A celas'ajoute le fait que, d'un pays à un autre, d'une civilisation à une autre, les hommes sont incapable de se mettred'accord sur une norme du juste.

Ce qui est juste pour les uns, ne l'est guère pour les autres.

Et c'est précisémentla raison pour laquelle tant d'hommes sont injustes: ils sont incapable de se mettre d'accord entre eux sur le justeparce qu'ils ne le connaissent pas: « Nul homme n'est méchant volontairement » nous dit Platon.

Or, pour Socrate, c'est précisément parce qu'aucun homme n'est juste, n'est capable d'agir en dehors de son intérêt, n'est capable degouverner son tirer le pouvoir à son avantage, qu'il faut aller chercher la norme de la justice, ce qu'elle est en soi,en dehors de l'expérience sensible qui patauge dans sa corruption. Montaigne: leçon de conservatisme II. Socrate nous demande donc d'aller par-delà l'histoire, chercher dans le monde des Idées, la norme du juste en soi:c'est là seulement que réside les véritables valeurs.

Notre monde est foncièrement en proie à la corruption: il change sans cesse de telle sorte que rien de stable ne s'offre à la connaissance.

Ce monde n'est qu'une copie d'unmodèle, le monde des Idées, où résident les essences immuables de chaque choses, seules garantes d'uneconnaissance vraie.

Or ce monde ne peut être saisi par l'oeil physique, sensible, organique, mais seulement par l'oeilde l'esprit, soit cette vision intérieur de l'intellect.

Inutile de se résigner ainsi à l'injustice: l'idéal nous sauve del'abandon de la justice en nous permettant de la trouver intacte en un certain endroit et de tendre vers elle commevers un idéal. Cet idéal, c'est précisément ce que va refuser Montaigne.

En ce sens, et par sa critique même, peut-être va-t-ilnous permettre de mieux saisir ce que nous entendons exactement par le mot « valeur ».

Montaigne, dans Les Essais (« L'apologie à Raymond Sebon » ), va nous rappeler cette phrase même de Socrate qui tient cela « d'un conseil divin »: mieux vaut obéir aux lois de son pays.

Ce qui signifie par-là que Platon ramène la conduite juste à l'observance des lois positives de son pays.

Le juste n'est donc plus que le respect des lois écrites, des institutionsjuridiques.

Montaigne nous dit alors: « ...

notre devoir n'as [donc] autre règle que fortuite? ».

En effet, pour lui, les lois positives sont arbitraires, elles dépendent de l'époque précisément, de l'endroit où l'on se tient alors.

Si l'hommeconnaissait vraiment une idée de juste « qui eust corps et veritable essence », il ne « s'atacheroit pas à la condition des coustumes de cette contrée ou de celle là; ce ne seroit pas de la fantaisie des Perses ou des Indesque le vertu prendroit sa forme ».

La coutume que les hommes suivent n'est que l'oeuvre de l'habitude, de leur poids historique qui pousse à les respecter: n'est-ce pas cela précisément d'ailleurs que nous appelons une« valeur », soit quelque chose dont on hérite du passé (comme lorsqu'on entend parfois dire: « il n'y a plus devaleur »)? Pourtant, elles ne sont le fruit de rien d'autre que de l'imagination humaine, cette faculté manquant tantde constance. IL ne faut pas croire que nos valeurs ont quelques encrages dans des lois naturelles, présentes dans le coeur deshommes de tous temps et en tous lieux.

« Il est croyable qu'il y a des loix naturelles (...); mais en nous elles sont perdues ».

Et c'est à Montaigne de citer Cicéron dans De finibus : « Il ne reste rien qui soit véritablement nôtre: ce que j'appelle nôtre n'est qu'une production de l'art ».

Tout est fabriqué en l'homme: sa nature a été effacée par les coutumes, les habitudes, sa culture.

Et puisqu'il a perdu contact avec sa nature originelle, il doit se contenter deslois de son pays, sans prétendre qu'il existe un juste en soi (c'est par orgueil qu'il croit le trouver), où que ces loissont légitimement fondé sur une lois naturelles.

Finissons par cette métaphore qu'établit Montaigne, qui nous pousseà observer les lois de notre pays sans leur chercher un fondement méta-historique: « Les loix prennent leur authorité de la possession et de l'usage; il est dangereux de les ramener à leur naissance: elles grossissent ets'ennoblissent en roulant, comme nos rivières: suyvez les contremonts jusques à leur sources, ce n'est qu'un petitsurion d'eau à peine reconnoissable, qui s'enorgueillit ainsin et se fortifie en veillissant ». Rousseau: chercher l'en soi dans l'histoire (l'universalisme) III.. »

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