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l'histoire enseigne t-elle la relativité des valeurs ?

Publié le 19/11/2005

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histoire
Mais en un certain sens, il va dépasser dans un premier temps Montaigne, et dans un autre, Platon, par un certain type d'enquête qui va lui permettre d'accéder à ce bien en soi, à cette essence de la justice. Cette méthode, c'est celle-là même qui fera dire à Levi Strauss que Rousseau est un des premiers anthropologues. En effet, où Rousseau va-t-il aller chercher ce principe de justice qui transcende l'histoire? Eh bien dans l'histoire précisément. Rousseau constate en effet qu'il y a, au fond, comme une toile de fond invariable à travers la diversité des moeurs, à travers la multiplicité des phénomènes. Il va en somme parvenir à découvrir l'existence d'un noyau universel, d'un dénominateur commun présent chez tout homme, dans toutes cultures. Par-delà la diversité, les variables sociologiques et l'histoire, il y a « partout les mêmes idées », soit, selon Rousseau, un « principe inné de justice et de vertu » qu'il parvient à saisir grâce « au concours de tous les peuples ». Par-delà les époques résonne sond un accord entre les hommes sur ce que doit être la moral. On pourrait dire en ce sens que Rousseau a pousser l'investigation plus en profondeur pour découvrir à travers la diversité apparente des comportements face à laquelle Montaigne s'arrêtait, une essence unique. Ce qui a été l'erreur de Platon et de bien d'autres philosophes pour Rousseau, c'est d'avoir cherché ce principe de justice dans la raison humaine.

Ce sujet laisse supposer que la succession des événements passés, à savoir l'histoire, ne serait, sans cesse, qu'apparition de la nouveauté. En effet, aucune valeur ne parvient à perdurer dans le cours de l'histoire, c'est que sans cesse, de nouvelles valeurs viennent s'imposer. Chaque époque serait donc porteuse de ses propres valeurs, des valeurs différentes des époques précédentes: chaque époque serait en somme une nouveauté morale. Mais alors, nous sommes bien en mal avec une autre notion contenu dans le sujet: celle d'enseignement. En effet, qu'est-ce qu'enseigner si ce n'est transmettre un savoir? Or, un savoir, c'est avant tout un corps cohérent de propositions vraies. Par exemple, une discipline comme la chimie ne contient pas une addition d'éléments sans rapport entre eux: chaque proposition est prise dans une chaîne de proposition plus large comme élément d'un ensemble logiquement tenu. En ce sens, si l'histoire nous apprend la relativité des valeurs, elle ne nous enseigne pour ainsi dire rien, puisqu'au lieu d'un savoir organisé, nous n'avons qu'un ensemble incohérent de nouveauté qui se suivent, une addition d'éléments hétéroclites.

D'un autre côté, si l'histoire nous permet de saisir une relativité des valeurs, cela signifie qu'aucune valeur ne perdure dans le cours de l'histoire. Dans cette perspective, s'il est impossible de tirer du joug de l'histoire un dénominateur commun à toutes les périodes, si aucune valeur n'est capable de dépasser le cours d'une époque, c'est qu'aucune de ces dites valeurs n'est donc transcendantes. En d'autres termes, l'histoire nous enseignerait l'idée que rien ne lui échappe, que tout est soumis, relatif, à l'espace et au temps d'une époque. En ce sens, l'histoire serait donc l'endroit où tout se passe, tout se déroule, et à la fois, l'endroit où rien ne se sait, un passé qui ne peut rien nous enseigner. Ne voyons-nous donc dans l'histoire qu'un amas de valeurs sans rapport entre elles, réductibles aux époques où elles ont émergé? En somme, n'y a-t-il de valeur qu'historique?

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« de l'esprit, soit cette vision intérieur de l'intellect.

Inutile de se résigner ainsi à l'injustice: l'idéal nous sauve del'abandon de la justice en nous permettant de la trouver intacte en un certain endroit et de tendre vers elle commevers un idéal. Cet idéal, c'est précisément ce que va refuser Montaigne.

En ce sens, et par sa critique même, peut-être va-t-ilnous permettre de mieux saisir ce que nous entendons exactement par le mot « valeur ».

Montaigne, dans Les Essais (« L'apologie à Raymond Sebon » ), va nous rappeler cette phrase même de Socrate qui tient cela « d'un conseil divin »: mieux vaut obéir aux lois de son pays.

Ce qui signifie par-là que Platon ramène la conduite juste à l'observance des lois positives de son pays.

Le juste n'est donc plus que le respect des lois écrites, des institutionsjuridiques.

Montaigne nous dit alors: « ...

notre devoir n'as [donc] autre règle que fortuite? ».

En effet, pour lui, les lois positives sont arbitraires, elles dépendent de l'époque précisément, de l'endroit où l'on se tient alors.

Si l'hommeconnaissait vraiment une idée de juste « qui eust corps et veritable essence », il ne « s'atacheroit pas à la condition des coustumes de cette contrée ou de celle là; ce ne seroit pas de la fantaisie des Perses ou des Indesque le vertu prendroit sa forme ».

La coutume que les hommes suivent n'est que l'oeuvre de l'habitude, de leur poids historique qui pousse à les respecter: n'est-ce pas cela précisément d'ailleurs que nous appelons une« valeur », soit quelque chose dont on hérite du passé (comme lorsqu'on entend parfois dire: « il n'y a plus devaleur »)? Pourtant, elles ne sont le fruit de rien d'autre que de l'imagination humaine, cette faculté manquant tantde constance. IL ne faut pas croire que nos valeurs ont quelques encrages dans des lois naturelles, présentes dans le coeur deshommes de tous temps et en tous lieux.

« Il est croyable qu'il y a des loix naturelles (...); mais en nous elles sont perdues ».

Et c'est à Montaigne de citer Cicéron dans De finibus : « Il ne reste rien qui soit véritablement nôtre: ce que j'appelle nôtre n'est qu'une production de l'art ».

Tout est fabriqué en l'homme: sa nature a été effacée par les coutumes, les habitudes, sa culture.

Et puisqu'il a perdu contact avec sa nature originelle, il doit se contenter deslois de son pays, sans prétendre qu'il existe un juste en soi (c'est par orgueil qu'il croit le trouver), où que ces loissont légitimement fondé sur une lois naturelles.

Finissons par cette métaphore qu'établit Montaigne, qui nous pousseà observer les lois de notre pays sans leur chercher un fondement méta-historique: « Les loix prennent leur authorité de la possession et de l'usage; il est dangereux de les ramener à leur naissance: elles grossissent ets'ennoblissent en roulant, comme nos rivières: suyvez les contremonts jusques à leur sources, ce n'est qu'un petitsurion d'eau à peine reconnoissable, qui s'enorgueillit ainsin et se fortifie en veillissant ». Rousseau: chercher l'en soi dans l'histoire (l'universalisme) III. Dans Emile ou de l'éducation , Rousseau va penser la possibilité d'un bien qui ne dépend pas des circonstances historiques, ou des lieux, ainsi que desgroupes sociaux.

Ce bien est largement au-dessus des faits: il est de l'ordrede la nature, il est un principe universel.

Il ne faut pas croire ici que Rousseauignore la leçon de Montaigne.

Mais en un certain sens, il va dépasser dans unpremier temps Montaigne, et dans un autre, Platon, par un certain typed'enquête qui va lui permettre d'accéder à ce bien en soi, à cette essence dela justice.

Cette méthode, c'est celle-là même qui fera dire à Levi Strauss queRousseau est un des premiers anthropologues. En effet, où Rousseau va-t-il aller chercher ce principe de justice quitranscende l'histoire? Eh bien dans l'histoire précisément.

Rousseau constateen effet qu'il y a, au fond, comme une toile de fond invariable à travers ladiversité des moeurs, à travers la multiplicité des phénomènes.

Il va ensomme parvenir à découvrir l'existence d'un noyau universel, d'undénominateur commun présent chez tout homme, dans toutes cultures.

Par-delà la diversité, les variables sociologiques et l'histoire, il y a « partout les mêmes idées », soit, selon Rousseau, un « principe inné de justice et de vertu » qu'il parvient à saisir grâce « au concours de tous les peuples ».

Par- delà les époques résonne sond un accord entre les hommes sur ce que doitêtre la moral. On pourrait dire en ce sens que Rousseau a pousser l'investigation plus en profondeur pour découvrir à travers ladiversité apparente des comportements face à laquelle Montaigne s'arrêtait, une essence unique.

Ce qui a étél'erreur de Platon et de bien d'autres philosophes pour Rousseau, c'est d'avoir cherché ce principe de justice dans laraison humaine.

Pour ce dernier, cette raison est bien inégalement répartie selon les hommes; c'est de plus unequalité qui se développe tardivement, de telle manière que selon l'endroit, ou le temps, elle est foncièrementreprésentée de manière inégale.

Par contre, cela n'est pas le cas du sentiment qui quant à lui ne dépend point desinégalités d'instruction ou d'éducation, des sociétés humaines: c'est donc comme instinct que l'humain parvient àl'universel, et c'est en lui qu'il faut chercher le noyau commun à extraire du joug de l'histoire.

On retrouve ainsi cette« immortelle et céleste voix » de la justice à travers le sentiment de pitié que l'on peut retrouver chez tout homme (et même chez certains animaux).

La pitié est proprement une com-passion (du grec com, pathos , i.e « souffrir avec »).

Ainsi, lorsque quelqu'un souffre devant moi, ce qui m'encourage à le sortir d'une telle posture, c'est précisément cette souffrance à laquelle je compatie, que j'éprouve ou m'imagine éprouver.

On remarque en ce sensque l'amour propre n'est pas étrangère à la morale, mais qu'elle peut même aller jusqu'à y trouver son fondement.. »

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