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L'histoire se répète-t-elle ?

Publié le 29/01/2004

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histoire
Il s'agirait alors de voir en quel sens l'idée de la régularité (et à partir de là de la possibilité de penser des lois du déroulement historique) de l'histoire s'apparente à l'idée de répétition. Dire que l'histoire se répète, c'est en définitive prétendre qu'elle est prévisible. En physique, il est clair que poser une loi, c'est permettre au scientifique de prévoir : à telle cause correspond toujours le même effet ? La question sera de savoir si cette affirmation du physicien a une quelconque validité dans le domaine historique ou si la liberté et partant une certaine dose d'imprévisibilité n'est pas irréductible ? L'histoire n'est-elle pas comme fruit des actions humaines toujours autre que ce qu'on prévoyait ? L'enjeu est finalement celui du devenir historique. Si l'histoire se répète, s'agit-il encore d'histoire ou d'identité immobile, répétition du même ? Références utiles : Hegel, La raison dans l'histoire ; Nietzsche, Secondes considérations intempestives. Problématique: La question invite à s'interroger sur l'essence de l'histoire et du fait historique. En quel sens y a-t-il ou non une répétition dans l'histoire ?
histoire

« « Que dirais-tu si un jour, si une nuit, un démon se glissait jusque dans tasolitude la plus reculée et te dise : « Cette vie, telle que tu la vis maintenantet que tu l'as vécue, tu devras la vivre encore une fois et d'innombrables fois; et il n'y aura rien de nouveau en elle si ce n'est que chaque douleur etchaque plaisir, chaque pensée et chaque gémissement et tout ce qu'il y ad'indiciblement petit et grand dans ta vie devront revenir pour toi et le toutdans le même ordre et la même succession – cette araignée-là également, etce clair de lune entre les arbres, et cet instant-ci et moi-même.

L'éternelsablier de l'existence ne cesse d'être renversé à nouveau –et toi avec lui ôgrain de poussière de la poussière ! »- Ne te jetterais-tu pas sur le sol, grinçant des dents et maudissant le démonqui te parlerait de la sorte ? Ou bien te serait-il arrivé de vivre un instantformidable où tu aurais pu lui répondre : « Tu es un Dieu et jamais jen'entendis choses plus divines ! » Si cette pensée exerçait sur toi son empire,elle te transformerait, faisant de toi, tel que tu es, un autre, te broyant peut-être : la question posée à propos de tout et de chaque chose : « Voudrais-tuceci encore une fois et d'innombrables fois ? » pèserait comme le poids le pluslourd sur ton agir ! Ou bien ne te faudrait-il pas témoigner de bienveillanceenvers toi-même, et la vie pour ne désirer plus rien que cette dernière,éternelle confirmation, cette dernière éternelle sanction ? » Nietzsche. Pendant l'été 1881 NIETZSCHE séjourne en Haute-Engadine dans le petit village de Sils-Maria.

C'est là qu'au coursd'une promenade sur les bords du lac de Silvaplana, au lieu-dit Surlei, près d'une saillie rocheuse (sur laquelle estaujourd'hui fixée une plaque qui rappelle l'événement) il a pour la première fois l'intuition du Retour Eternel.

Leséléments du monde étant en nombre fini, les combinaisons possibles finies également, chacun de nos instants estdonc appelé à revenir.

Nous repasserons indéfiniment par les mêmes phases, nous revivrons plus tard et encore plustard éternellement cette vie que nous vivons à présent.Révélation brutale, inopinée qui dit-on parfois transforme alors radicalement la philosophie de NIETZSCHE, préludantà son ultime phase.

En réalité ceux qui ont lu attentivement toute l'oeuvre de NIETZSCHE savent que ce thème del'éternel retour a toujours hanté la pensée de l'auteur.

Auriez-vous le courage de revivre toute votre vie avec sesjoies et ses chagrins telle que vs l'avez vécue ? « ...

Que dirais-tu si un jour...

jusque dans ta solitude...

»NIETZSCHE n'est pas un philosophe comme les autres.

C'est un philosophe poète, un prophète.

L'éternel retour estici présenté comme la révélation d'un démon, dans un climat d'étrangeté et de mystère.

Les détails les plusordinaires de notre vie, destinés à être revécues intégralement se chargent de mystère.

Tout reviendra...

« cettearaignée-là également et ce clair de lune entre les arbres et cet instant-ci et moi-même ».

Lou Salomé dansl'ouvrage qu'elle a consacré à Nietzsche raconte que son ami ne parlait de l'éternel retour qu'à voix basse, entremblant de tous ses membres... « ...

Cette vie tu devras la revivre...

d'être renversé à nouveau.

»Le temps tel que se le représente la science historique (et aussi le christianisme qui a une perspective historique : lacréation, le pêché, la Rédemption) est irréversible.

Chaque instant est vécu, puis englouti à jamais.

Le temps ainsireprésenté est comme une ligne parcourue par un mobile qui ne revient jamais en arrière.

NIETZSCHE récuse cetteimage moderne de la temporalité et retrouve l'image que les philosophes antiques se faisaient du temps.

Le tempsétait pour eux plutôt comme un rythme, comme un parcours circulaire qui sans cesse repasserait par les mêmesendroits ; non pas un point mobile sur une ligne, mais un point décrivant toujours le même cercle dans une courseinfinie, « toujours recommencée » comme dit Valéry.

Le temps, disait Platon, c'est « l'image mobile de l'éternitéimmobile ».

Les stoïciens avaient expressément formulé ce thème : pour eux, au terme d'un cycle de plusieursmillions d'années, à la suite d'une conflagration universelle, tout le cours du temps recommençait avec les mêmespéripéties... « Ne te jetterais-tu pas...

le démon ? »Notons d'abord ici que ce qui intéresse NIETZSCHE dans l'Eternel Retour c'est l'effet de cette croyance sur l'hommequi en serait pénétré.

Le thème est envisagé non plus dans une perspective cosmologique (comme dans la penséeantique) mais dans une perspective existentielle, psychologique, et morale.

C'est de moi, c'est de ma vie dont ils'agit : « Cette vie, tu devras la revivre ».

La question est de savoir si nous sommes capables de supporter cettepensée de l'Eternel Retour.

L'homme qui a la révélation de l'éternel retour est tenté de maudire le démon.

Carl'éternel retour nous condamne à accepter, pour l'éternité, toutes les épreuves qui nous sont advenues et qui,éternellement, se reproduiront.

D'où l'aspect terrifiant de cette sorte d'immortalité qui nous est promise.

Calypso,après le départ d'Ulysse pleurait à la pensée qu'elle était immortelle, condamnée pensait-elle à souffrir sans fin.

Poursupporter l'éternel retour il faudrait l'avènement d'un homme d'une force morale et d'un courage inouï.

On voit icicomment les deux thèmes fondamentaux du nietzschéisme, le thème du surhomme et de l'éternel retour sontétroitement liés.

Le surhomme c'est avant tout l'homme qui serait capable de regarder en face l'éternel retour, dedire au démon qui le lui a révélé : « Tu es un dieu...

».. »

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