Devoir de Philosophie

L'histoire est-elle une science ?

Publié le 25/07/2004

Extrait du document

histoire

2. L'histoire ne peut subir aucune vérification et se juge à l'aune de la mentalité d'une époque L'observation directe est impossible en histoire car le passé n'est plus et ne sera plus jamais. Il n'y a donc pas de lois qui puissent être soumises à l'expérience. Nous ne disposons ainsi d'aucun moyen pour juger de la vérité du discours de l'historien, parce qu'il n'est possible de juger les autres époques qu'à travers un présent qui trouble notre connaissance.  Dans la masse des faits du passé, l'historien est obligé de faire des choix et il est obligé de reconstruire une histoire continue à travers un matériau divers et fragmentaire. C'est pour cela qu'Anatole France affirme que "l'histoire n'est pas une science, mais un art. On n'y réussit que par l'imagination." De plus, le déterminisme scientifique implique que les mêmes causes produisent le mêmes effets. Or ceci ne peut absolument pas être établi en histoire. La causalité suppose des rapports constants et les faits historiques sont uniques.

histoire

« I] L'histoire est-elle une science ? On a fait trois objections essentielles à la prétention de l'histoire de se constituer comme science : toutd'abord, dit-on, pas d'observation directe du fait en histoire, puisque l'histoire se définit comme la connaissance dupassé (et au sens strict du passé humain) et que le passé est par essence ce qui n'est plus.

Ensuite, même si une connaissance du passé est possible indirectement, cette connaissance demeurerasubjective.

L'historien est l'homme d'une époque, d'un pays, d'une classe.

Il ne donnera vie au passé qu'en seprojetant en lui avec ses valeurs et ses préoccupations contemporaines.

Enfin l'expérimentation étant impraticable en histoire, l'historien ne pourra aboutir à poser des lois.

L'historienraconte, il n'explique pas.

Examinons successivement ces objections.

1° La construction du fait historique. Le fait historique est un fait passé, donc n'est pas observable.

Mais on peut reconstruire le fait passé à partirde ses « traces » présentes, des « documents » qui subsistent (nous avons vu que même en physique il n'est pasd'observation passive du donné).

Ces documents sont d'abord les témoignages, les récits qui nous ont légués lesgénérations précédentes.

Mais ces récits, malheureusement, n'ont pas toujours été établis selon les exigences del'esprit scientifique.

Nous pouvons connaître l'histoire romaine d'après Tite-Live , mais Tite-Live n'a fait que reprendre les écrits de ses prédécesseurs Polybe ou Valérius Antias .

Et quelle garantie nous offrent les premiers témoins ? On a dit que l'historien se trouve dans la condition d'un physicien qui ne connaîtrait les faits que par lecompte rendu d'un garçon de laboratoire ignorant et menteurs.

L'historien ne peut utiliser un témoignage qu'en prenant toute une série de précautions dont l'ensembleconstitue la Critique.La Critique implique non pas un refus systématique, mais un choix éclairé (au sens étymologique grec, c'est le tri, lediscernement).

La Critique est simplement « une méthode scientifique destinée à distinguer le vrai du faux en histoire » ( Halkin in « Initiation à la critique historique »).

Dans leur ouvrage fondamental, « Introduction aux études historiques » (1897), Langlois et Seignobos observent que « de même que l'instinct naturel d'un homme à l'eau est de faire tout ce qu'il faut pour se noyer », de même c'est la crédulité naïve qui est spontanée tandis que la critique est « contre-nature ».

Mais pour être un bon historien, il faut que « cette attitude contre-nature devienne une habitude organique ».

Tout d'abord, la critique externe [1] se propose de rétablir les témoignages qui nous sont parvenus, dans leur authenticité primitive, de faire la chasse aux interpolations.

Songez que nous neconnaissons l'histoire ancienne que par les manuscrits qui sont des copies de copies.

Par exemple, considérons lagrande histoire juive de Flavius Josèphe , qui date du premier siècle de notre ère.

Cet auteur donne une foule de détails sur la Palestine de son temps et dans les manuscrits copiés que nous possédons, il y a une dizaine de lignessur Jésus conformes à l'orthodoxie chrétienne (Dieu s'est fait homme, a souffert pour la Rédemption de l'humanité,etc.).

Ces lignes sont surprenantes chez un auteur qui fut hostile aux premiers chrétiens.

Tous les historiens yvoient aujourd'hui l'interpolation de quelque moine copiste qui, scandalisé par le silence de Flavius sur Jésus , « complète » le texte à sa manière ! Une fois les interprétations reconnues (par la contradiction des idées, les différences de style) et éliminées, le témoignage rétabli doit être livré aux opérations de la critique interne [2] .

Car le témoin a pu se trouver et même mentir.Par exemple, dans ses « Mémoires », le général Marbot raconte que du 7 au 8 mai 1809 il traversa en barque les flots démontés du Danube en crue et enleva sur l'autre rive des prisonniers autrichiens.

La critique, nous dit Bloch , permet de prouver la fausseté du récit ; il n'est que de le confronter à d'autres témoignages, indépendants les unsdes autres pour mettre au jour la contradiction (les carnets de marche autrichiens montrent que les troupesn'avaient pas les positions que Marbot leur assigne ; la correspondance de Napoléon indique que la crue du Danube n'avait pas commencé le 8 mai ; le 30 juin enfin, Marbot lui-même a signé une demande de promotion où il ne faisait pas état de son exploit !).

La vérité scientifique c'est ici encore la non-contradiction, en l'espèce la non-contradiction de témoignages indépendants.

Les faux se décèlent généralement, soit par des erreurs matérielles, soit par desinvraisemblances commises par le faussaire.

Voici exemple : « au mois de juillet 1857, le mathématicien Michel Chasles communiqua à l'académie des Sciences tout un lot de lettres inédites de Pascal , que lui avait vendues le faussaire Vrain-Lucas .

Il en ressortait que l'auteur des « Provinciales » avait, avant Newton , formulé le principe de l'attraction universelle.

Un savant anglais s'étonna.

Comment expliquer, disait-il, que ces textes fassentétat de mesures astronomiques effectuées bien des années après la mort de Pascal et dont Newton lui-même n'eut connaissance qu'une fois publiées les premières éditions de son ouvrages ? » ( Boch ).

Vrain-Lucas ne s'embarrassa pas pour si peu : il fabriqua de prétendues lettres de Galilée à Pascal , où l'illustre astronome fournissait à celui-ci les mesures en question.

C'était peu vraisemblable : car, à la mort de Galilée , Pascal n'avait que 18 ans ! Mais quoi ! ce n'était qu'une raison de plus d'admirer la précocité de songénie ! Malheureusement, dans une de ces lettres, Galilée se plaignait de n'écrire qu'au prix de beaucoup de fatigue pour ses yeux.

La lettre était datée de 1641.

Or Galilée était complètement aveugle depuis 1637 ! ! !. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles