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Les histoires tragiques

Publié le 23/03/2018

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Les histoires tragiques

 

Le souvenir des horreurs que la France avait connues pendant les guerres civiles, la menace de troubles qui suivit la mort d'Henri IV, favorisèrent le succès d'histoires tragiques du même genre que celles qui avaient paru au siècle précédent; les auteurs en sont Moulinet du Parc, ].-P. Camus, F. de Rosset, Cl. Malingre, etc. « Ce ne sont pas des contes de l'Antiquité fabuleuse que je te donne, º France [ ... ]. Ce sont des Histoires autant véritables que tristes et funestes B. s'écrie Rosset : véritables, contemporaines et funestes, telles sont en effet ces histoires. Il suffit de lire le titre de Rosset : Les Histoires tragiques de nostre temps où sont contenuës les morts funestes et lamentables de plusieurs personnes, arrivées par leurs ambitions, amours déreglées, sortileges, vols, rapines; et par autres accidens divers et memorables, ou les sous-titres de Camus : Evenement tragique de nostre temps, accident pitoyable de nos jours, actions tragiques de nostre temps, tragiques effets de nostre siècle, fortunes infortunées de nostre temps, etc.

L'émotion de Rosset est sincère : il est réellement surpris par la violence des actes et l'outrance des passions; son étonnement, le plus souvent réprobateur, est secrètement admiratif. Les êtres qu'il essaye de juger selon le critère du bien et du mal l'intéressent surtout parce qu'ils sortent de l'ordinaire. Amarille, assiégée avec son amant dans un château, se fait sauter la cervelle plutôt que d'être prise vivante et entraîne dans la mort Valéran qui hésitait : a Exemple rare s'il en fut jamais (s'écrie l'auteur), et d'autant plus remarquable que l'infidélité regne au siecle où nous sommes parmy le sexe féminin ». Un amant désespéré qui se réfugie au fond de la Thébaïde d'Egypte et y adore deux portraits de sa maîtresse placés de chaque côté d'un crucifix; un assassin qui abat son ennemi d'un coup de pistolet, lui passe son épée au travers du corps, se lave les mains dans son sang, arrache le cœur de sa victime; un frère et une sœur incapables de réfréner leur amour incestueux qui marchent ensemble courageusement à la mort 1 ; un prêtre qui signe un pacte avec le diable pour posséder toutes les femmes qu'il désire; un amoureux, fou furieux de jalousie, qui assassine sa maîtresse et une servante entremetteuse, et, assiégé dans sa maison, tue plus de cent personnes jusqu'au moment où les assiégeants utilisent contre lui le canon, voilà quelques personnages de Rosset. Comme il ne pénètre pas à l'intérieur de leur âme mais se contente de

« honte de publier les horribles et detestables pechés qui se commettent tous les jours au siècle où nous sommes >> ...

Mais il surmonte cette honte et cette horreur et, tout en condamnant les actions qu'il décrit, il ne décrit jamais que des actions condamn ables.

Son indignation vertueuse s'exprime en un style empesé et mono­ tone, où reviennent les adjectifs tragique, exécrable, horrible, lamentable, épouvan­ table, et s'e xhale en exclamations et en interpellations :. »

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