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L'homme est-il condamné à l'illusion ?

Publié le 05/03/2004

Extrait du document

illusion
[...] Qu'on détache l'un de ces prisonniers, qu'on le force à se dresser immédiatement, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux vers la lumière : [...] l'éblouissement l'empêchait de distinguer ces objets dont tout à l'heure il voyait les ombres. Que crois-tu donc qu'il répondra si quelqu'un vient lui dire qu'il n'a vu jusqu'alors que de vains fantômes, mais qu'à présent, plus près de la réalité et tourné vers des objets plus réels, il voit plus juste ? Platon, La République, trad. E. Chambry, Flammarion Ce que le texte défend Ce célèbre texte se situe au début du livre VII de La République de Platon, et nous présente sous une forme imagée sa conception de la vérité. Appelé parfois « mythe de la caverne «, il vaut mieux le nommer « allégorie de la caverne «, car l'allégorie est une narration dont chaque image correspond à une idée précise, traduisible terme à terme en concepts, ce qui n'est pas le cas du mythe. Socrate s'adresse dans ce passage à Adimante, l'un de ses interlocuteurs, à qui il a expliqué dans le livre précédent que l'opinion porte sur les objets du monde sensible, alors que le vrai savoir porte sur le monde intelligible. Par « monde sensible «, il faut entendre tout ce qui est connaissable par nos sens, comme la vue ou le toucher.
Comment distinguer le réel de l'illusion ? L'homme n'a aucune moyen de les distinguer. Et même s'il le pouvait, il lui faudrait encore avoir recours à l'illusion pour donner un sens à sa vie. C'est en s'accrochant à des illusions que l'homme supporte le fardeau de l'existence.
MAIS...
La raison permet de déjouer les pièges de l'illusion. En avançant dans la connaissance, l'homme perçoit de mieux en mieux la réalité.

  • I) L'homme est condamné à l'illusion.
a) Tout est illusion. b) Un besoin d'illusion. c) L'illusion est vitale.

  • II) L'homme n'est pas condamné à l'illusion.
a) Il faut sortir de la Caverne ! b) Raison versus Illusion. c) La science comme discours rationnel.
.../...


illusion

« description des processus de la vision montre qu'il n'en est rien, car nous éprouvons à tout instantl'incommunicabilité des idées visuelles et des idées tactiles.

L'illusion selon laquelle il y aurait une idéecommune à la vue et au toucher, une idée abstraite d'étendue vient de l'emploi de mots.

Le langage nous faitcroire, à tort, à l'existence d'entités abstraites, mais il n'y a pas de réalité en dehors de la perception.

Maisalors, si la matière comme substrat, comme réalité indépendante, est une pure illusion, qu'est-ce qui fait queles objets qui tombent sous nos sens demeurent là, même quand nous fermons les yeux, même quand nous nesommes plus là ? Berkeley va alors faire appel à l'existence de Dieu, c'est-à-dire un esprit qui soutient le tout,et qui permet de penser l'unité du monde. Quoique d'apparence paradoxale, l'idée de Berkeley est d'après lui, une simple question de bon sens: notrerapport aux choses est toujours un rapport de représentation.

Dire qu'une chose existe, c'est dire qu'on laperçoit, ou que l'on pourrait la percevoir. Le texte de Berkeley est exemplaire pour toute réflexion sur les rapports entre la conscience et le réel.

C'estle problème de la distance infranchissable entre les deux qu'il cherche précisément à résoudre.

En effet, si l'onpose, comme Descartes, que le corps et l'esprit sont deux réalités distinctes, on a ensuite beaucoup de mal àrésoudre la question de la possibilité de la connaissance.

Car comment l'esprit peut-il franchir la distance quile sépare du corps? Une telle difficulté favorise le scepticisme.

D'où l'idée de Berkeley que «la matière»n'existe pas: c'est une abstraction, un simple mot qui nous fait croire qu'il est le signe de quelque chose deréel, d'une substance matérielle; alors qu'en fait, il n'y a pas de substance matérielle: il n'y a que desperceptions.

L'esprit n'a donc pas de distance à franchir pour connaître le monde, puisqu'ils sont de mêmenature. La vie est une continuelle illusionNotre nature est animée d'une tendance et d'une prétention à connaître et à vouloir plus que nous nepouvons.

Chacun selon son « naturel », mélancolique et sanguin, produit les illusions dont il a besoin.

Mais ce besoin, nous n'en avons pas conscience.

Nous voulons ce à quoi nous croyons, mais nous ne croyons pas ceque nous voulons ; nous ne commandons pas à nos illusions.

Qui donc veut l'illusion ? Quelle est cette naturequi me fait obéir aux passions et me fait vivre en dupe ? C'est que l'illusion seule fait vivre, et « la connaissance de soi se paie toujours trop cher » (Cioran ).

L'homme a besoin de raisons de vivre, et la raison seule ne nous en donne pas.

Or la Nature n'a d'autre sens que sa perpétuation, ce qui se traduit chez lesespèces animales par le mécanisme de la reproduction.

Belle raison de vivre pour la belle âme humaine ! Si l'onsavait la vérité, l'espèce humaine s'éteindrait en peu de temps.

La volonté de la Nature est donc quel'individu soit la due de l'espèce.

D'où les illusions : le noble sentiment amoureux n'est qu'une ruse de l'instinctde reproduction, selon Schopenhauer : « Ainsi chaque amant se trouve-t-il leurré après l'achèvement du grand-oeuvre, car le mirage a disparu, qui faisait de l'individu la dupe de l'espèce. » La recherche du bonheur est l'illusion suprême qui résume toutes les autres : l'individu s'imagine être une fin en soi, alors qu'il n'estqu'un moyen de l'espèce.

Et le même auteur d'ajouter : « Il n'y a qu'une erreur innée : celle qui consiste à croire que nous existons pour être heureux. » Toute notre activité est soumise à cette illusion et, à travers elle, à cette volonté rusée qui anime souterrainement notre vie consciente.L'illusion est quelque chose de vitalL'illusion possède une fonction vitale.

En effet « on ne peut pas vivre avec la Vérité », car découvrir cettevérité, c'est découvrir que n'existe qu'un flux éternel des choses, un Abîme où toutes s'abîment.

La vie,expression de la Volonté de Puissance, a donc besoin de falsifier le réel, d'affirmer l'être contre le devenir,d'organiser ce flux, de le contraindre à se plier aux options vitales du sujet, c'est-à-dire aux valeurs et auxnormes définies par la Volonté de Puissance, bref .elfe a besoin de l'illusion, qu'elle érige en vérité.

C'estpourquoi, même la prétendue vérité objective de la science se réduit en fait à une croyance, une illusion quinous est nécessaire pour vivre.

Sans l'illusion, les hommes auraient bien du mal à trouver, encore et toujours,de bonnes raisons de continuer à vivre.

[La raison a toujours fini par l'emporter sur l'illusion. C'est parce que l'homme est un être conscient et intelligent qu'il peut saisir la réalité, déjouer les piègesque lui tendent ses sens et ses passions.] La raison est sortie de la «caverne»L'allégorie de la caverne de Platon, exprime que l'homme a le pouvoir de s'affranchir de l'illusion. Socrate : - Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa. »

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