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L'homme est il un être d'artifice ?

Publié le 20/03/2005

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Il y a tout au plus une différence de degré de technicité entre l'exploitation agricole traditionnelle et le laboratoire de chimie. La limite que nous placerions pour distinguer l'artificiel du naturel sera toujours flottante et subjective. Il semble au contraire que l'opposition ne tienne pas : tout être tient son unité d'un ensemble de processus dont il est le résultat. L'homme peut intervenir dans ces processus sans qu'il faille d'emblée l'exclure de la nature et qualifier son intervention d'artificielle. L'homme peut donc être dit « d'artifice » ou « naturel » de manière indifférenciée.  III - Qui est le créateur de l'homme ? Le créateur de l'homme n'a aucune raison d'être différent de celui des choses, ce qui nous donne une première direction de recherche. Ce créateur, a-t-on dit, est celui qui confère à l'être son unité, c'est-à-dire, en fait réellement un être.   Référence : Bergson, la pensée et le mouvant (introduction, 2ème partie) « Si, comme nous le croyons, l'apparition de l'homme, ou de quelque être de même essence, est la raison d'être de la vie sur notre planète, il faudra dire que toutes les catégories de perceptions, non seulement des hommes, mais des animaux et même des plantes (lesquelles peuvent se com­porter comme si elles avaient des perceptions) correspondent globalement au choix d'un certain ordre de grandeur pour la condensation. C'est là une simple hypothèse, mais elle nous paraît sortir tout naturellement des spéculations de la physique sur la structure de la matière.

Si l’homme n’était qu’artifice, alors il faudrait accepter que tout ce qu’on lui accorde comme mérite et comme privilège ne repose en dernière instance que sur du vent. Pis, il se pourrait que l’existence n’ait aucun sens, car dire que l’homme est artifice, c’est affirmer qu’il n’est pas capable de s’attacher à quelque chose d’essentiel. Tout cela semble difficile à soutenir. Cependant, à bien y regarder, a-t-on véritablement des preuves que tout ce que l’homme prétend être « essentiel «, « sublime « et « vrai « l’est vraiment ? N’est-on pas perpétuellement déçu par ces soi-disant devoirs humains qui semblent toujours achopper en rencontrant l’absurdité du monde ?

« même des traces de tout ce qui se passe dans l'univers, quoiqu'il n'appartienne qu'à Dieu de les reconnaîtretoutes.

» Tout homme, dans cette perspective leibnizienne, est une substance individuelle, qui possède la qualité d'unité, etest par conséquent un être. II - Qu'est ce qu'un être d'artifice ? Peut-on réduire l'artificiel à ce qui est produit par l'homme et non uniquement par la nature ? Les fruits et légumessont des produits naturels qui pourtant nécessitent une intervention humaine (ils sont plantés, récoltés, etc.).

Lachimie peut nous mettre sur la voie : une molécule de synthèse est un être d'artifice, alors que la même molécule,dont on constate seulement la présence dans un produit naturel, sera dite elle aussi naturelle.

Notre exempleprésente deux êtres matériellement identiques (deux molécules identiques) dont nous disons pourtant que l'une estartificielle et l'autre naturelle.

La différence se situe en un seul point : ce qui fait l'être de la molécule de synthèse,c'est précisément qu'elle est issue d'une synthèse chimique artificielle : l'unité qui fait son être lui a été imposée,chacun des éléments le constituant ayant été apporté par une intervention humaine. Demandons cependant : y a-t-il une différence réelle entre le fait d'intervenir ou non dans le processus de créationd'un être ? Qu'il y ait intervention ou non, l'unité est imposée de l'extérieur par une combinaison de processus : lelégume ne choisit jamais librement de pousser, il est un être qu'il le veuille ou non, son unité lui advient. De surcroît, pourquoi dire d'une intervention humaine qu'elle est artificielle ? Il y a tout au plus une différence dedegré de technicité entre l'exploitation agricole traditionnelle et le laboratoire de chimie.

La limite que nousplacerions pour distinguer l'artificiel du naturel sera toujours flottante et subjective. Il semble au contraire que l'opposition ne tienne pas : tout être tient son unité d'un ensemble de processus dont ilest le résultat.

L'homme peut intervenir dans ces processus sans qu'il faille d'emblée l'exclure de la nature et qualifierson intervention d'artificielle. L'homme peut donc être dit « d'artifice » ou « naturel » de manière indifférenciée.

III – Qui est le créateur de l'homme ? Le créateur de l'homme n'a aucune raison d'être différent de celui des choses, ce qui nous donne une premièredirection de recherche.

Ce créateur, a-t-on dit, est celui qui confère à l'être son unité, c'est-à-dire, en faitréellement un être. Référence : Bergson, la pensée et le mouvant (introduction, 2 ème partie) « Si, comme nous le croyons, l'apparition de l'homme, ou de quelque être de même essence, est la raison d'être dela vie sur notre planète, il faudra dire que toutes les catégories de perceptions, non seulement des hommes, maisdes animaux et même des plantes (lesquelles peuvent se comporter comme si elles avaient des perceptions) correspondent globalement au choix d'un certain ordre de grandeur pour la condensation.

C'est là une simple hypothèse, mais elle nous paraît sortir tout naturellement des spéculations de la physique sur la structure de lamatière.

Que deviendrait la table sur laquelle j'écris en ce moment si ma perception, et par conséquent mon action,était faite pour l'ordre de grandeur auquel correspondent les éléments, ou plutôt les événements, constitutifs de samatérialité ? Mon action serait dissoute ; ma perception embrasserait, à l'endroit où je vois ma table et dans lecourt moment où je la regarde, un univers immense et une non moins interminable histoire.

Il me serait impossible decomprendre comment cette immensité mouvante peut devenir, pour que j'agisse sur elle, un simple rectangle, immo-bile et solide.

Il en serait de même pour toutes choses et pour tous événements : le monde où nous vivons, avecles actions et réactions de ses parties les unes sur les autres, est ce qu'il est en vertu d'un certain choix dansl'échelle des grandeurs, choix déterminé lui-même par notre puissance d'agir.

» Ce qui confère son unité à un être, c'est en réalité l'homme lui-même : sa perception découpe dans le flux continudu réel des objets qu'elle isole afin de pouvoir agir dessus.

L'être est donc une illusion indispensable à notre actionsur le monde.

L'homme, qui appartient au flux continu du réel, manifeste lui-même une illusion d'unité qui nouspermet d'y voir un être.

Il n'y a donc d'être que pour l'homme qui en est le créateur. Conclusion : La perspective bergsonienne fournit une solution radicale à notre problème : l'homme est un être d'artifice puisqu'iln'est pas du tout un être.

Il se pose lui-même comme être lorsque réflexivement il voit en lui-même un tout unitaire.L'illusion perceptive qui lui fait voir des objets condensés en des êtres au lieu d'un flux continu s'opère également sur. »

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