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L'homme est-il un être naturel?

Publié le 09/03/2005

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Si l'on admet, avec Lévi-Strauss, que la règle constitue le critère indiscutable de la culture et que, symétriquement, l'universalité est le signe de la nature, la prohibition de l'inceste, en tant qu'il s'agit d'une règle universellement observée, constitue une sorte de « scandale ». « Tout mariage est une rencontre dramatique entre la nature et la culture, entre l'alliance et la parenté. » Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de la parenté, 1949. « A partir du moment où je m'interdis l'usage d'une femme, qui devient ainsi disponible pour un autre homme, il y a, quelque part, un homme qui renonce à une femme quidevient, de ce fait, disponible pour moi. [...] La prohibitionn'est instaurée que pour garantir et fonder, directement ouindirectement, immédiatement ou médiatement, un échange. » Lévi-Strauss, Les Structures élémentairesde la parenté, 1949. « Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche de comportements que l'on appellerait "naturels" et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme. » Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945.

L'homme est un être dont on peut se demander quelle est sa place au sein de la nature, dans la mesure où il est le seul être capable de maîtriser la nature (Descartes, Discours de la méthode : "Se rendre comme maître et possesseur de la nature"). Par son art (au sens grec de tekhnè), l'homme sort donc de la nature pour mieux la contrôler et ainsi subvenir à ses besoins. Or, ces besoins n'ont-ils pas précisément une origine naturelle ? La volonté humaine de sortir de la nature pour mieux la connaître et la maîtriser ne pourrait-elle pas elle-même constituer un effet de la nature ? Quel lien faut-il établir entre l'homme et la nature présente en lui pour pouvoir saisir celui que l'homme instaure avec la nature environnante ?

« En l'homme, le naturel et le culturel se confondent. «Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire,en ce sens qu'il n'est pas un mot, pas une conduite, qui ne doive quelquechose à l'être simplement biologique.» Merleau-Ponty, Phénoménologie de laperception (1945). • L'idée d'une âme qui place l'homme à part de la nature a pour soubassementune conception religieuse de l'homme.

Si l'on veut conserver l'idée quel'homme malgré tout n'échappe pas à la nature, tout en conservant saspécificité absolue, on peut dire avec Merleau-Ponty que, en l'homme, lenaturel et le culturel se confondent: il n'y a aucun acte humain qui ne puisseêtre rapporté à du biologique.

Mais, de l'autre côté, le sens de ces actes,même les plus primitifs, est toujours culturel.

Tout est naturel en l'homme,mais pour l'homme, tout est culturel. « Il n'est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colèreou d'embrasser dans l'amour que d'appeler table une table.

Les sentiments etles conduites passionnelles sont inventés comme les mots.

Même ceux qui,comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain, sont en réalitédes institutions. Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche decomportements que l'on appellerait « naturels » et un monde culturel ou spirituel fabriqué.

Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire, en ce sens qu'il n'estpas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l'être simplement biologique, et qui en même temps nese dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorted'échappement et par un génie de l'équivoque qui pourraient servir à définir l'homme.

» • C'est pourquoi on ne peut parvenir à démêler les habitudes culturelles et la nature humaine.

Ainsi, il est désormaisétabli que le sourire du nouveau-né après la tétée est biologique (naturel) et n'a pas de signification particulière,sinon celle de signaler un état de bien-être.

Mais sa mère va lui donner un sens (culturel), qui invite l'enfant à entrerdans un jeu d'interactions capital pour son développement. • Il est naturel à l'homme de se reproduire, mais culturel de séduire et de faire l'amour; il est naturel de manger,mais culturel de se mettre à table et de faire la cuisine.

L'homme est culturel au point parfois d'oublier la nature enlui (en devenant par exemple anorexique).

Mais il est naturel au point parfois de ne pouvoir se «civiliser» ets'intégrer à la société (c'est le cas du névrosé qui ne parvient pas à refouler ses pulsions). « Ce passage de l'état de nature à l'état civil produit dans l'homme un changement très remarquable, ensubstituant dans sa conduite la justice à l'instinct, et en donnant à ses actions la moralité qui leur manquaitauparavant.

» Rousseau, Du contrat social, 1762. « La culture n'est ni simplement juxtaposée, ni simplement superposée à la vie.

En un sens, elle se substitue à lavie, en un autre elle l'utilise et la transforme, pour réaliser une synthèse d'un ordre nouveau.

» Lévi-Strauss, LesStructures élémentaires de la parenté, 1949. « Il n'est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d'embrasser dans l'amour qued'appeler table une table.

» Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945. « La prohibition de l'inceste présente, sans la moindre équivoque, et indissolublement réunis, les deux caractèresoù nous avons reconnu les attributs contradictoires de deux ordres exclusifs [culture et naturel : elle constitue unerègle, mais une règle qui, seule entre toutes les règles sociales, possède en même temps un caractère d'universalité.» Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de la parenté, 1949.Si l'on admet, avec Lévi-Strauss, que la règle constitue le critère indiscutable de la culture et que, symétriquement,l'universalité est le signe de la nature, la prohibition de l'inceste, en tant qu'il s'agit d'une règle universellementobservée, constitue une sorte de « scandale ».. »

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