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Qu'est-ce qu'un « homme d'expérience » ?

Publié le 11/02/2004

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), le mot «expérience» renvoie schématiquement à deux données distinctes : l'expérience vécue et l'expérience scientifique (qu'on appelle souvent expérimentation pour la différencier de la première). La réflexion sur cette différence comporte un enjeu décisif, non seulement au niveau de l'interprétation critique du vécu, mais aussi au niveau des normes sur lesquelles se règle la conduite humaine. L'interprétation non critique de l'expérience personnelle doit être problématisée au niveau des processus mentaux implicites (généralisations abusives, subjectivisme, etc.) qui la sous-tendent.Il convient donc de dépasser l'opposition apparente entre le côté actif de l'expérience que l'on fait (car tout dépend des conditions et des normes de cette expérience) et le côté passif de l'expérience que l'on subit (car la façon dont on «accueille» une expérience n'est jamais neutre; elle engage toute une personnalité).Approches suggéréesProblématisation de l'expérience vécue érigée en référence exemplaireUne expérience personnelle, qu'elle recouvre un acquis rétrospectif d'ensemble (« avoir de l'expérience ») ou un épisode vécu (« faire une expérience »), reste toujours partielle, relative et souvent contradictoire. Il faut dénoncer l'illusion selon laquelle les faits vus ou vécus «parleraient d'eux-mêmes» et définiraient leur propre intelligibilité. Il y a une certaine naïveté à croire que le vécu se suffit à lui-même, qu'une simple description permet d'en saisir le sens de façon neutre et objective. Toute perception - et a fortiori toute interprétation - est déterminée par des structures mentales définies, des a priori subjectifs (valorisations inconscientes) qui filtrent le «message de la vie ».Dans la façon dont l'expérience vécue s'organise et s'interprète, des processus mentaux implicites REFOULEMENT : Action par laquelle des pulsions ou désirs inconscients sont arrêtés, par la censure du surmoi, dans leur manifestions conscientes.

Le temps n'est pas qu'une puissance d'usure et d'amoindrissement, car je peux toujours tirer quelque chose des jours qui passent : l'expérience est alors cette sédimentation en moi d'un passé me permettant de faire mieux et plus vite ce que j'accomplissais auparavant péniblement. « C'est en forgeant qu'on devient forgeron «, disait Aristote : l'expérience me livre un savoir qui n'est pas dans les livres et qui ne s'enseigne pas. Mais cette expérience ne se réduit pas à la maîtrise technique d'un savoir-faire : un homme d'expérience, ce n'est pas seulement celui qui connaît son métier, mais aussi l'homme prudent qui s'est peu à peu instruit des affaires humaines.

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