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L'homme a-t-il par nature le désir de connaître ?

Publié le 25/02/2004

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L'illusion religieuse est bien le moyen pour l'homme civilisé de supporter « le poids de la vie «, de compenser « la réalité cruelle «. Ceci est la thèse même de Freud, acceptée par son contradicteur supposé. Ce qui, de la thèse, fait l'objet du débat, c'est le caractère nécessaire, oui ou non, d'une telle illusion.   III.                La première réponse est oui. Oui absolu, de la part du contradicteur : « l'homme ne saurait absolument pas se passer de la consolation... «. Oui, aussi, de la part de Freud, mais un oui relatif : oui actuellement, oui pour l'homme qui a reçu un certain type d'éducation : « Oui [pour celui] à qui vous avez instillé dès l'enfance le doux poison «. Les termes de Freud dénoncent le crime : un empoisonnement, son caractère prémédité et lent (« instillé «), la faiblesse particulière de la victime (« dès l'enfance «) ce qui rend le  crime plus odieux encore. Mais la réponse de Freud est un non, implicite.

  • L'affirmation selon laquelle l'homme a le désir de connaître se trouve dans la première page d'un ouvrage d'Aristote : La métaphysique. A partir de là, demandez- vous aussi si parfois l'homme ne préfère pas ne pas connaître, rester dans l'ignorance plutôt que savoir.

 

  • Il ne s'agit pas de savoir si l'homme, par nature, connaîtrait "quelque chose" mais s'il en a le désir.

 

  • Connaître quoi ? Comment ? Pourquoi ? Autrement dit, si désir il y a, c'est un désir de quoi précisément et d'où peut venir "ce désir" ?

 

  • Peut-on légitimement dire que "l'homme" (en général ?) a "le désir de connaître" (en général ?)
  • Ne serait-ce pas cette affirmation implicite qui dans sa généralité (abusive ? regroupant sous le même terme des réalités diverses ?) impliquerait l'idée que c'est "par nature" que "l'homme" a "le désir" de "connaître". En d'autres termes dire que "L'homme a le désir de connaître" n'est-ce pas affirmer implicitement qu'il l'a "par nature" ?

  • I) L'homme a par nature le désir de connaître.

a) Le désir de connaissance est inné. b) Il faut connaître pour survivre.

  • II) L'homme n'a pas, par nature, le désir de connaître.

a) Lucidité et malheur b) L'homme préfère le divertissement à la connaissance.

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« noms des sciences. Þ D'autre part, l'étonnement e s'exerce pas sur des choses extraordinaires, mais tout simplementdevant ce qui est, et dont la nature nous offre chaque jour le spectacle comme la course du Soleil,les marées, etc.

La philosophie essaie, tente, de rendre compte de ce qui est.

C'est-à-dire del'expliquer.

Soit simplement en en énonçant les mécanisme, soit en essayant d'en donner le sens.On en arrivera ainsi à des questions dites métaphysiques : « Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » ( Leibniz ). Enfin, si la philosophie, selon Platon , commence par l'aveu de l'ignorance, son but est de faire cesser celle-ci. Son but est la connaissance.

Aristote insiste sur ce point essentiel, sur l'image que la science et la philosophie se font d'elles-mêmes : « Il est évident qu'ils poursuivaient la science pour savoir, et non en vue de quelque autre utilité. » Les philosophes recherchent le savoir pour le savoir et non pour une quelconque utilité pratique immédiate.Cela ne veut en aucun cas dire que la philosophie n'a aucun intérêt.

Mais d'abord, qu'elle n'a pas pour but desatisfaire un besoin, qu'il soit vital ou de confort.

C'est la preuve que donne Aristote : « Presque tous les arts qui regardent les besoins et ceux qui s'appliquent au bien-être, étaient connus déjà quand on commença àchercher les explications de ce genre.

» C'est quand les problèmes urgents de la vie sont résolus, que l'on se lance dans les sciences ou la recherche.

La philosophie n'est donc pas une discipline asservie, liée auxnécessités vitales ou à la recherche d'un confort matériel.

Elle est une activité libre, qu'on exerce pour sonpropre plaisir, pour son intérêt intrinsèque.

En clair, c'est une activité libre parce que désintéressée. « Ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit une discipline libérale, puisque seule elleest à elle-même sa propre fin.

Aussi est-ce encore à bon droit qu'on peut qualifier de plus qu'humaine sapossession. » C'est une constante de la philosophie grecque, et de la façon dont elle s'interprète : la philosophie nousarrache à la condition simplement humaine , d'être périssable et obnubilé par sa survie, pour nous faireparticiper à un plaisir divin : la compréhension pure et désintéressée. Il se peut que cette vision paraisse naïve, après que Marx a assigné comme tache à la philosophie, non plus de connaître le monde mais de le transformer, et surtout que Descartes a fait comprendre que la science se doit de viser notre bien-être.

Mais elle est aussi le rappel que l'homme ne se réduit pas à un simple êtrenaturel mais qu'il a part à un autre type de plaisir, celui de la compréhension, voire de la compréhension. Aristote nous rappelle que la philosophie naît et se nourrit d'un étonnement devant ce qui est.

Ce spectacle du monde entraîne, pour le « naturel philosophe », le désir de comprendre l'ordre du monde, la nature des choses.

En ce sens la naissance de la philosophie est contemporaine des sciences sans pourtant s'y réduire.

Enfin Aristote note qu'il existe chez tout être humain un plaisir désintéressé de comprendre, qui se manifeste aussi dans l'art, mais qui atteint son sommet dans la philosophie, laquelle nous fait participer, autant qu'il estpossible, à une vie digne des dieux. L'homme n'a pas choisi de connaîtreLe développement de la civilisation ne dépend pas de la volonté des hommes.

Aussi Edgar Morin ne se trompe-t-il pas en disant: «Ce qui s'élabore au cours de l'hominisation, c'est l'aptitude innée à acquérir et c'est ledispositif culturel d'intégration de l'acquis.

Plus encore: c'est l'aptitude naturelle à la culture et l'aptitudeculturelle à développer la nature humaine» [Le Paradigme perdu: la nature humaine). L'enfant a besoin de connaîtreOn ne peut que s'étonner de l'incessante curiosité des enfants qui se cessent questionnent le "pourquoi" deschoses.

Cette curiosité, d'abord perceptive, puis ludique, et enfin proprement intellectuelle, est spontanée.Elle n'est pas, initialement, déterminée par l'éducation.

En revanche, c'est le rôle de l'éducation de la dirigerafin d'en favoriser l'épanouissement.

[La connaissance est bien plus une malédiction qu'un bienfait.

Bien des maux auraient été épargnés àl'homme s'il avait pu continuer à vivre dans l'état d'innocence qui était initialement le sien.] Connaître, c'est être malheureuxAdam, le premier homme, a mangé la pomme de l'arbre de la connaissance.

S'il avait pu manger l'autre fruit. »

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