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L'homme peut-il renoncer à l'interrogation métaphysique ?

Publié le 12/01/2004

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En effet, les problèmes métaphysiques se posent d'eux-mêmes, suscités par les contradictions apparentes des choses (espace conçu comme limité et comme illimité ; synthèses, dans les êtres vivants en particulier, ayant des propriétés inexplicables par les éléments...). - B. De plus, il est conforme à l'esprit scientifique de ne fermer les yeux à aucun problème et à aucune explication. - C. Enfin, déclarer l'homme incapable de faire de la métaphysique, c'est se prononcer sur sa nature et donc faire de la métaphysique.III. C'est surtout au point de vue pratique que les préoccupations d'ordre métaphysique s'imposent à tout homme d'une façon incoercible. - A. Individuellement, nous avons une vie à organiser : cela suppose la connaissance de notre nature, de notre origine, de notre destinée.
La métaphysique ne semble guère intéresser de monde : qui se dit aujourd’hui métaphysicien ? Toutefois, comprend-on bien ce que le terme peut évoquer ? Faire de la métaphysique, est-ce simplement penser à vide ou se réfugier dans des formules creuses ? Si tel était le cas, il serait aisé – voire souhaitable – de renoncer à l’interrogation métaphysique. Mais la mise en question d’une telle possibilité doit nous porter à considérer attentivement la qualité de l’interrogation métaphysique. Est-elle inutile, accidentelle ou bien appelée par la nature de l’homme et de son esprit ? Si s’interroger en matière de métaphysique, c’est vouloir approfondir notre connaissance des choses ou chercher un point d’appui au-delà de tout relativisme, n’est-ce pas là ce que nous faisons tous ? En somme, si nous ne pouvons pas renoncer à l’interrogation métaphysique, est-ce parce que nous ne pouvons pas renoncer à ce que nous sommes ?

« renoncer en fait . II – Schopenhauer et le besoin métaphysique de l'humanité Dans un supplément au Monde comme volonté et représentatio n intitulé Du besoin métaphysique de l'humanité , Schopenhauer évoque le rapport des hommes à la métaphysique.

Remarquons d'abord les termesqu'emploie le philosophe.

À l'inverse de Aristote, il ne parle pas de désir , mais de besoin .

Or, à quoi renvoie le besoin ? Le besoin, à l'inverse du désir, est naturel et instinctif.

Il me constitue en tant qu'être vivant et ma vie en dépend.

Boire et manger sont ainsi desbesoins, dont l'assouvissement permet ma conservation ; à l'inverse, possédertelle ou telle chose reste un désir, dont ma vie (à distinguer de mon bonheur)ne dépend pas.

Ainsi, la métaphysique se donne comme un besoin, c'est-à-direquelque chose de nécessaire pour la vie, de vital.

Dans quelle mesure peut-ons'accorder avec cela ? Schopenhauer dit de manière très claire que « c'est la connaissance des choses de la mort et la considération de la douleur et de la misère de la vie,qui donnent la plus forte impulsion à la pensée philosophique et à l'explicationmétaphysique du monde ; car, si notre vie était infinie et sans douleur, iln'arriverait peut-être à personne de se demander pourquoi le monde existe, etpourquoi il a précisément cette nature particulière.

» Très précisément, la souffrance inhérente à la vie et la conscience de la mort, c'est-à-dire le recul que l'homme peut prendre face à l'existence – et la stupeur qui le gagne face à sa nature – exigent de l'homme unecompensation métaphysique.

Celle-ci se donnera soit de manière immédiate et irréfléchie sous forme de religion, soitsous forme de réflexion au travers d'un système métaphysique rationnellement établi. Quoi qu'il en soit, la raison qui permet à l'homme de s'arracher au cours du temps et de s'abstraire deschoses, le pousse à réfléchir sur les misères de l'existence ; la réponse, d'essence métaphysique, apparaît alorscomme une explication vitale pour supporter ce qu'il endure. III – Tillich et la préoccupation ultime La prise de position schopenhauerienne reste très forte (la vie est souffrance), mais le problème n'est paslà.

L'enjeu est de se demander pourquoi le type de réponse recherché est métaphysique ? Pourquoi les scienceselles-mêmes ne fournirait pas de réponses à ce que nous cherchons ? Sur ce point, la contribution de Tillich,théologien protestant contemporain, est très intéressante. Pour ce penseur, en effet, l'homme se caractérise par ce qu'il appelle la « préoccupation ultime » et quereprésente la religion.

La religion n'est pas ici à comprendre comme telle ou telle religion, mais comme « le fondementet la substance qui détermine toute la vie spirituelle de l'homme ».

En somme, elle exprime l'aspiration de l'homme à l'inconditionné.

En ce sens, elle recoupe la nature métaphysique de l'homme au détriment des sciences particulières. Alors que les sciences particulières (physique, mathématiques, biologie, etc.) s'intéressent à une partieprécise de la nature, à une portion bien délimitée de la matière, la métaphysique tente à la fois d'embrasser leschoses dans leur ensemble et de pénétrer leur nature intime.

Il s'agit bien, d'une part, de ce dont parlait Aristote :rechercher les principes des choses ; d'autre part, il s'agit d'aller au-delà des apparences.

Ainsi, pour Schopenhauer,si la vie est souffrance, de quoi dépend-elle (qui ne dépende de rien) pour qu'il en soit de la sorte ? L'enjeu n'est pas ici de déterminer un quelconque principe ultime, mais de reconnaître que l'esprit humainest toujours en quête d'un tel principe.

L'esprit humain est préoccupé par divers choses, mais, ultimement , il l'est par la recherche de l'inconditionné. Conclusion : Ainsi, l'interrogation métaphysique cherche à déterminer, au-delà de toute science, les conditions d'unsavoir vrai.

Elle n'est pas en ce sens une simple lubie de l'esprit humain, mais une conséquence de sa nature.Détaché du présent par la conscience de la temporalité et des choses concrètes par la faculté d'abstraction,l'homme s'interroge de manière globale sur le monde.

La nature de son esprit en fait un besoin qu'il ne peuts'empêcher d'assouvir.

Si Tillich nous parle de préoccupation ultime et d'une recherche de l'inconditionné, Kant, bienavant lui, parlait déjà de la métaphysique comme d'une tâche à laquelle l'homme ne pouvait se soustraire : sonunique recours restant de réduire la marge d'erreur dans les réponses qu'il fournit à ce type de questions.. »

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