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L'homme est-il prédestiné ?

Publié le 27/02/2004

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Car nous voulons dire que l'homme existe d'abord, c'est-à-dire que l'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de se projeter dans l'avenir L'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement, au lieu d'être une mousse, une pourriture ou un chou-fleur » La liberté est donc, pour Sartre, un absolu qui ne se choisit pas. L'homme ne choisit pas d'être libre, il l'est, il ne peut que l'être. Il l'est tout entier et toujours. Il ne saurait être tantôt libre, tantôt esclave. Ce que Sartre exprime sous cette formule : « L'homme est condamné à être libre. » Si l'homme est celui qui se fait, ce projet réalise pas dans l'intimité douillette d'un ego refermé sur lui-même, mais ne peut se réaliser que dans son rapport au monde et à autrui. L'homme est « en situation ». C'est-à-dire qu'il est « conditionné par sa classe », « son salaire », « la nature de son travail », conditionné jusqu'à ses sentiments et ses pensées. Mais si l'homme ne peut pas choisir sa classe sociale, il peut se choisir lui-même dans sa « manière d'être ». Sartre lui-même reconnaît en 1940 qu'il est « le produit monstrueux du capitalisme, du parlementarisme, de la centralisation et du fonctionnalisme », mais c'est à partir de cette situation familiale qui l'a constitué qu'il entreprend de se « personnaliser ».

« puisque la volonté de Dieu est elle-même Providence.

[L'idée de prédestination est irrationnelle.

L'homme est libre.] Le destin ne s'oppose pas à la libertéDieu connaît tout, de manière infaillible.

Il connaît donc tous les actes à venir de l'homme.

Mais il les connaîtcomme étant libres.

La prescience de Dieu n'implique pas que les événements futurs se produisent de manièrenécessaire.

Ainsi, l'homme est libre de se rapprocher de Dieu, ou bien de s'en détourner.

Rien n'estprédéterminé.

Pas de prédestination, écrit Bergson.

Tout doit être inventé.

L'homme s'invente continuellementdans une société qui s'invente, elle, à chaque instant. «Cette confusion est cause que les hommes peu instruits acceptent volontiers l'idée déterministe; elle répondau fatalisme, superstition bien forte et bien naturelle comme on l'a vu.

Ce sont pourtant des doctrinesopposées; l'une chasserait l'autre si l'on regardait bien.

L'idée fataliste c'est que ce qui est écrit ou prédit seréalisera quelles que soient les causes.

Au lieu que, selon le déterminisme, le plus petit changement écarte degrands malheurs, ce qui fait qu'un malheur bien clairement prédit n'arriverait point».

(Éléments de philosophie,1941.) Le texte d'Alain permet de bien comprendre comment déterminisme et liberté sont non seulement compatiblesmais nécessairement liés.

Il permet ainsi d'éviter les contradictions de la notion de liberté absolue.

Du point devue de la religion, il montre aussi que le fatalisme fondé sur l'idée que Dieu connaît à l'avance notre destin estabsurde: car si Dieu connaît notre destin, nous ne le connaissons pas: nous ne pouvons donc rien en déduiresur ce que nous devrions faire ou ne pas faire.

L'idée de la prédestination n'autorise donc pas à s'abandonner aux circonstances ni à nous débarrasser de toute responsabilité.

De même en politique: le texted'Alain est un appel à ce que chacun prenne son destin en main pour faire advenir la société qui lui paraît laplus juste, sans l'attendre d'une puissance tutélaire (à mettre en parallèle avec les textes de Tocqueville etde Marx). Pas de destin, pas de prédestination, l'homme est condamné à être libre Sartre doit son immense notoriété à la vogue de l'existentialisme(philosophie de la liberté et de la responsabilité), dont il fut considérécomme le fondateur, même si la lecture de la « Phénoménologie » deHusserl et de « L'Être et le Temps » de Heidegger l'a profondémentinfluencé.

Deux formules pourraient résumer sa conception de la liberté.La première, que l'on trouve dans « Saint Genet » (1952): « L'importantn'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous.

» La seconde, qui figure dans unopuscule intitulé « L'Existentialisme est un humanisme » (Nagel) oùSartre répond à diverses objections formulées notamment, par lescatholiques et les marxistes à sa conception existentialiste de l'homme:« L'homme est condamné à libre.

»Qu'est-ce que l'existentialisme ? C'est l'affirmation que, chez l'homme,l'existence précède l'essence.

Autrement dit, rien n'est donné d'avanceà l'homme.

N'ayant pas d'essence préalable, l'homme se trouvecondamné à choisir librement son essence :« Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ? Celasignifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde,et qu'il se définit d'abord.

L'homme tel que le conçoit l'existentialiste, s'iln'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

il ne sera qu'ensuite,et il sera tel qu'il se sera fait.

» L'homme n'est ni ceci ni cela.

Son existence n'est d'abord soutenue par rien.

C'est précisément parce quel'homme n'est d'abord rien qu'il se distingue de toute autre réalité et que son existence est liberté, ne peutqu'être liberté.

La chose qui est ceci ou cela, qui n'est que ce queue est, ne saurait être libre.

Un arbre nepeut jamais être que l'arbre qu'il est.

Un objet n'a pas à être : un coupe-papier, par exemple, est.

Tout objetmatériel est.

L'homme n'est pas.

Il n'est pas d'avance ceci ou cela, ce qu'il va devenir n'est pas décidéd'avance.

L'homme est ce qu'il se fait:« Ainsi il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir L'homme est seulement,non seulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme il seveut après cet élan vers l'existence; l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait.

». »

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