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UN HOMME RAISONNABLE EST-IL UN HOMME INSENSIBLE ?

Publié le 13/03/2004

Extrait du document

  • Analyse du Sujet : Un sujet très classique. La raison exclut-elle d'éprouver des sentiments (ou peut-elle contribuer à une liberté spirituelle qui tienne compte de l'existence du sensible) ?
  • Conseils pratiques : Commencez par bien définir les mots raisonnable et insensible. Évitez les définitions trop étroites. Appuyez-vous sur des connaissances solides du cours (par exemple, ici, les trois niveaux de la connaissance selon Spinoza).

• Raison vient du latin ratio qui signifie calcul. La raison c'est la faculté de raisonner, c'est-à-dire de former des idées, de les agencer logiquement. C'est la faculté de bien juger, c'est le « bon sens « cartésien. C'est aussi la faculté de connaître rationnellement    foi, croyance). • Raisonnable signifie qui possède la raison, qui est doué de raison, mais signifie également qui se conduit sagement, qui est sensé. Insensible signifie qui ne ressent rien, qui n'a pas d'émotions, qui est égoïste, indifférent, sans pitié. • Ce sujet allie étrangement deux termes, raisonnable et insensible, sous-entendant que la possession de l'un exclut l'autre. Faut-il donc être déraisonnable (insensé, irrationnel) pour être insensible ?

« pas plus de raison que moi ! Cependant, un lecteur scrupuleux du « Discours » est assez vite désarçonné par la justification que Descartes donne de sa thèse : la preuve que la raison est égale en tout homme, c'est que si l'on désire être plus riche, ouavoir plus de mémoire, personne ne désire avoir plus de raison.

C'est notre orgueil qui fournit la preuve. En fait, ce qui intéresse Descartes , n'est pas cette égalité de la raison.

Ce thème est déjà à l'époque un lieu commun.

Ce n'est pas avec cette thèse que commence le cartésianisme, mais avec le problème suivant : « La diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres » ; ou encore, si la raison est égale en chacun, comment se fait-il que « autant de têtes autant d'avis », que certains se trompent et d'autres pas ? La vraie question est là, la véritable thèse de Descartes suit : « Ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien. » L'essentiel réside donc dans la méthode.

« Méthode » est un mot qui vient du grec et qui signifie à l'origine « chemin » : c'est la voie qu'on emprunte pour mener sa pensée, pour ne pas s'égarer.

Si tous les hommes ont une raison égale, savent également marcher, il semble clair à Descartes que certains s'égarent, se perdent, dissipent leurs forces.

Il y a une sorte d'obsession cartésienne à ne pas se perdre.

Pour un savant ou un philosophe qui,comme lui, sort des sentiers battus et balisés de la tradition, rien ne saurait être plus important que de ne pass'égarer dans les terres inconnues à découvrir. Aussi trouve-t-on chez Descartes une magnifique définition de la méthode : « Par méthode, j'entends des règles certaines etfaciles, grâce auxquelles tous ceux qui les observentexactement ne supposeront jamais vrai ce qui estfaux, et parviendront sans se fatiguer en effortsinutiles, mais en accroissant progressivement leurscience, à la connaissance vraie de tout ce qu'ilspeuvent atteindre.

» « Règles pour la direction de l'esprit » (IV). La méthode garantit donc : q La certitude (l'élimination de l'erreur) ; q La facilité et l'économie d'efforts ; q La fécondité et l'augmentation progressive des connaissances ; q La sagesse, en ce sens que l'homme qui s'y soumet atteindra la connaissance de tout ce qu'on peut humainementsavoir. Resterait à dire pourquoi Descartes ressent le besoin de créer une méthode, applicable à tous les objets de connaissance, après vingt-trois siècle de science et de philosophie.

La première partie du « Discours » en fournit l'explication, qui se présente comme une biographie intellectuelle.

Descartes y expose ce qui l'a poussé à sortir des sentiers battus, c'est une véritable crise de l'éducation qui est le signe d'une crise de civilisation.

Bon élève dans unexcellent collège, Descartes découvre avec consternation que tout ce qu'on lui propose, quelles que soient son utilité et sa richesse, n'est bâti « que sur du sable et de la boue ».

Le doute s'immisce dans son esprit : alors qu'il a été éduqué par les meilleurs maîtres, sa recherche d'une certitude échoue.

Il cherchait, et l'éducation lui promettait« la connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie », mais il se trouve « embarrassé de tant de doutes et d'erreurs, qu'il me semblait n'avoir fait aucun profit, en tâchant de m'instruire, sinon que j'avais découvertde plus en plus mon ignorance ». L'échec de la tradition pousse donc Descartes à trouver par lui-même et une connaissance vraie, et la méthode qui y conduit.

Ce faisant, Descartes réduit à néant les autorités traditionnelles, ce système de pensée qu'on nomme la scolastique et qui est l'héritage d' Aristote repensé par le christianisme.

Le cartésianisme récuse donc une autorité fondée sur le respect de la tradition, pour y substituer les droits de la raison.

En ce sens, Descartes est le père fondateur de la pensée moderne. • Rousseau n'accorde le terme d'humanité qu'à l'homme sorti de l'état de nature dans lequel il est « stupide et borné».

Le développement, l'utilisation de la raison va le rendre apte au langage, au progrès, et à la morale.• « Vivere est cogitare », vivre c'est penser disait Cicéron.

Quoi qu'on fasse l'homme diffère de l'animal parce qu'il aconscience qu'il vit, qu'il choisit sa façon de vivre.

Plus il raisonne, plus il essaie de trouver la vérité, plus il maîtrise. »

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