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Un homme sans passé est-il libre ?

Publié le 01/02/2004

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D'ordre biologique, pulsionnel, social, historique ou psychologique, le passé pèse sur l'homme dans le sens du déterminisme, mais, il structure aussi activement la personnalité sans laquelle la liberté serait impossible ou illusoire. La liberté qui peut d'ailleurs s'exercer à l'égard du passé lui-même, dans la mesure où le sens accordé au passé reste du choix de l'individu (cf. Sartre). Par sa nature même, la connaissance du passé humain reste, selon les cas, occultée, aléatoire, partielle, subjective, soumise au moment social; elle laisse ainsi souvent une marge d'indétermination propice aux illusions et à l'action de l'imaginaire. HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des homini­dés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage »).* Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique ». Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature l'aurait pourvu du langage. POUR DÉMARREREst-il possible qu'un individu ne possédant nulle saisie de son passé, dimension du temps écoulé dans son irréversibilité, ait la possibilité d'accéder à l'autonomie ? Aucune contrainte ne semble, en effet, peser sur lui. Mais qu'en est-il exactement?
  • De quel passé doit-on tenir compte pour répondre à la question: individuel ou collectif ?
  • Quelle conception de la liberté est ici en cause ? Celle du libre-arbitre ?
  • Pourrait-on trouver des avantages à être "sans passé" ? Le passé n'est-il pas un poids aliénant ? Cad inconciliable avec la notion de liberté ?

« d'être actifs.

Or la liberté est bien le pouvoir d'agir sans que rien ne vienne entraver l'action.

Le passé prend ici lafigure de l'obstacle, de la contrainte.

Pour être libre il faudrait alors que je ne pense plus à ce que je fus pour metourner vers l'avenir, il faudrait oublier. b) Le passé comme acte accompli dans la faute m'impose le remords qui obsède mes pensées. Plus encore, le passé peut prendre le sens d'un poids culpabilisant : ce que j'ai fait et mal fait, et que je ne peuxplus refaire.

Impossible de revenir en arrière pour réparer la faute commise et j'ai beau chercher à m'innocenter,impossible de « réduire au silence l'accusateur qui est en moi » (Kant).

Ici ce n'est plus seulement la liberté d'actionqui est compromise, c'est l'usage entier de mes pensées, c'est toute ma conscience qui est «malade ».

L'hommeportant le fardeau du passé honteux ne peut que « souffrir de réminiscences » et s'enfermer dans la maladie.

Si laliberté exige une conscience clairvoyante pour me garantir de diriger moi-même ma vie en sachant ce que je fais, lepassé ici m'en prive totalement pour me rendre dépendant d'un inconscient pathologique ! Pour être libre, il semblenécessaire de nier son passé en disant non à la faute commise : «je n'ai pas voulu cela » ou «je ne savais pas ceque je faisais » sont des formules idéales pour nier ainsi ce que l'on fut. c) Le passé comme donné s'impose comme sens à poursuivre, son exigence de continuité s'oppose à laliberté de choix. Mais le passé est aussi, et plus généralement, ce qui à un moment de ma vie a pris sens, ce que j'ai engagé.

À luiseul, il est déjà une histoire.

Parler de son passé, ce n'est pas parler d'un simple instant, discontinu ; c'est évoquerce qui est déjà une continuité.

Or la conscience humaine est ce qui donne à l'homme la possibilité d'exister : de sereprésenter à lui-même pour donner un sens, une orientation à sa vie, à travers des buts à poursuivre.

Ces buts nesont pas le fait d'un jour, ils s'enracinent dans le temps.

Le passé est alors ce qui symbolise l'émergence de cesbuts.

Aussi Sartre prend-il l'exemple du mariage, qui, avec la «maison achetée et meublée l'an dernier limitent) mes possibilités et me dicte(nt) ma conduite » (L'Être et le Néant).

Ainsi le passém'empêche de choisir, de décider entre deux sens, ici entre celui qu'il imposeà ma conscience et un autre.

Il demande qu'on lui soit fidèle, au sens où luiêtre infidèle reviendrait à perdre un peu de soi-même en changeant.

La libertéexigerait au contraire que je devienne un homme sans passé, c'est-à-dire queje rompe avec mon passé, que j'abandonne son sens en « refaisant ma vie »,ne serait-ce que pour prouver que je peux encore choisir. Transition : Ainsi le passé semble tellement s'imposer comme contrainte qu'il devient nécessaire de s'en défaire pour être libre, soit dans l'oubli, soit dansla négation ou l'abandon.

En même temps, la liberté exige bien que l'on soitsoi-même et donc que l'on ait un passé.

Un homme sans passé se condamnealors tôt ou tard à une liberté illusoire. 2) Un homme sans passé n'est pas vraiment libre : sa liberté estillusoire. a) Un homme qui oublie pour ne rien regretter ne peut ni progresser niagir humainement. Paradoxalement, l'homme qui ne regrette rien de ce qu'il fut vit aussi dans une forme de passivité : celle de l'homme satisfait de lui-même ne cherchant rien à accomplir dans l'avenir.

Sans se voirvieillir ou s'altérer au fil du temps, l'homme ne peut chercher à lutter contre la mort inéluctable qui l'attend.

Il nedonne aucun but à son existence pour vaincre justement l'irréversibilité du temps, ne cherche à accomplir aucuneoeuvre qu'il pourrait laisser derrière lui, se contente de vivre au jour le jour, satisfait de son existence.

Aucun désirné de cette conscience de la mort ne viendrait le détourner de la satisfaction de ses besoins.

Un homme tournéuniquement vers l'avenir ne peut tirer aucune leçon de ce qu'il a perdu ou raté pour chercher des moyens des'enrichir et de progresser.

C'est dire qu'il n'est pas libre : car la liberté est bien le pouvoir qu'a l'homme de déciderdu sens de sa vie pour l'accomplir au mieux et le plus humainement possible, en appliquant sa raison à des projets. b) Un homme qui se renie pour ne pas se sentir coupable vit dans le mensonge et la méconnaissance desoi-même. De même, un homme qui se ment à lui-même en niant ses fautes pour ne pas en subir les conséquencescontraignantes et obsédantes n'est pas capable de se construire une vie authentique.

Or la liberté est bien lepouvoir d'être soi-même en se connaissant et en se réalisant à travers ses pensées et ses actes.

Il s'agit de se«créer» soi-même, comme le montre Bergson.

Or cela est impossible pour un homme incapable d'assumer ses actesen reconnaissant : « c'est moi qui ai fait cela ».

Une vie inauthentique reste donc prisonnière et dépendante dumensonge qui la fonde, fragile au point de basculer dès que celui-ci est découvert.

La liberté est ici illusoire. c) Un homme qui rompt avec son passé au nom du choix se condamne à L'inconsistance et à uneexistence vide de sens.. »

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