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L'homme est-il sociable par nature ou par discipline ?

Publié le 12/02/2004

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Quand les contemporains parlent « d'animal social », ou quand Marx déclare que l'homme est « animal politique », ce 'est pas au même sens que les Grecs. La polis n'est pas une communauté économique, au contraire : elle naît quand on peut s'affranchir de la contrainte économique et disposer de loisirs. Ainsi les esclaves ne sont-ils pas citoyens, ainsi le statut des artisans est-il difficile (Aristote dit qu'ils sont en « esclavage limité »). Le travail est ressenti comme une nécessité (vitale, économique) et la « polis » est un lieu de liberté.Enfin Aristote polémique avec Platon. Pour ce dernier, les liens d'autorité sont les mêmes pour le chef de famille, le chef politique, le maître d'esclaves. Ces types de gouvernement ne différent que par le nombre d'individus sur lesquels ils s'exercent. Or, Aristote restitue des différences, selon que l'autorité s'exerce sur un être déficient, comme est censé l'être l'esclave, des êtres libres mais inférieurs comme le seraient la femme et l'enfant, ou encore entre égaux, ce qui est le cas proprement politique.Le pouvoir politique s'exerce donc au sein d'hommes libres et égaux. Par suite, il n'a aucune mesure avec le pouvoir paternel.

Il est courant en philosophie de concevoir la faiblesse des hommes comme une cause de l’organisation sociale. Mais ce faisant ne risque-t-on pas de manquer la transformation que l’homme subit en société ? Qu’est-ce qui, dans la société, est susceptible d’affaiblir l’homme encore davantage ? L’homme n’entre-t-il pas avec l’organisation sociale dans un cercle vicieux qui l’affaiblit sans cesse et par là même rend l’organisation sociale plus nécessaire encore ?

« « Mais l'homme qui est dans l'incapacité d'être membre d'une communauté, ou qui n'en éprouve nullement le besoin,parce qu'il se suffit à lui-même, ne fait en rien partie de la cité et par conséquent est ou une brute, ou un dieu »Ne pas appartenir à la « polis », lei d'humanité, c'est être soit infra-humain, soit supra-humain.L'exposé d'Aristote reprend la conception classique de la cité au sens grec.

La cité n'est pas un Etat (forme barbarepour les Grecs), elle n'est pas liée à un territoire (comme aujourd'hui où la citoyenneté se définit d'abord parréférence au sol, à la « patrie »).

La cité est une communauté d'hommes, vivant sous les mêmes mois et adorant lesmêmes dieux.

L'idéal grec est celui d'un groupe d'hommes pouvant tous se connaître personnellement.

L'idéalpolitique est donc celui d'une communauté d'hommes libres (non asservis par le travail et les nécessités vitales,disposant de loisirs) et unis par la « philia ».Quand les contemporains parlent « d'animal social », ou quand Marx déclare que l'homme est « animal politique », ce‘est pas au même sens que les Grecs.

La polis n'est pas une communauté économique, au contraire : elle naît quandon peut s'affranchir de la contrainte économique et disposer de loisirs.

Ainsi les esclaves ne sont-ils pas citoyens,ainsi le statut des artisans est-il difficile (Aristote dit qu'ils sont en « esclavage limité »).

Le travail est ressenticomme une nécessité (vitale, économique) et la « polis » est un lieu de liberté.Enfin Aristote polémique avec Platon.

Pour ce dernier, les liens d'autorité sont les mêmes pour le chef de famille, lechef politique, le maître d'esclaves.

Ces types de gouvernement ne différent que par le nombre d'individus surlesquels ils s'exercent.

Or, Aristote restitue des différences, selon que l'autorité s'exerce sur un être déficient,comme est censé l'être l'esclave, des êtres libres mais inférieurs comme le seraient la femme et l'enfant, ou encoreentre égaux, ce qui est le cas proprement politique.Le pouvoir politique s'exerce donc au sein d'hommes libres et égaux.

Par suite, il n'a aucune mesure avec le pouvoirpaternel.

Dans une communauté politique, nul ne peut se prévaloir d'une supériorité de nature pour gouverner : ainsichaque individu sera-t-il alternativement gouvernant et gouverné.

L'idéal de la « polis » exige que chacun puisse, entant qu'homme libre, égal aux autres, prétendre au pouvoir pour un laps de temps déterminé.Les modernes renieront, en un sens, l'enseignement d'Aristote, en faisant de l'individu souverain un être autonome,indépendant, capable de décider pour lui-même de ses actions.

Toute la tradition politique dont notre monde estissu rejettera l'idée que : « La cité est antérieure à chacun de nous pris individuellement.

» 2.

La société comme artifice nécessaireÀ la conception aristotélicienne s'opposent les théories modernes du contrat.

La société n'est pas la conséquenced'une tendance naturelle, mais elle suppose l'artifice du contrat, par lequel l'homme passe de l'état de nature à l'étatde société.

La fiction de l'état de nature permet de montrer que l'homme ne peut vivre hors de la société, car il estun état sans lois ni règles où règne la violence (Hobbes, Léviathan).

Le contrat établit une société dont les loisdoivent assurer la paix. L'explication naturaliste de la politique donnée par Aristote ne saurait, estime Hobbes , que participer d'« une vaine philosophie » qui se meut dans les ténèbres de la métaphysique.

Afin de résoudre le problème de la naissance dela « chose politique », Hobbes recourt donc, tout à l'opposé, à une philosophie artificialiste dont il rattache le schème à la science mécaniste de son temps.Il n'existe de Cité (« Civitas ») ou de République (« Res publica »), explique-t- il, qu'en vertu d'une association, c'est-à-dire d'un artifice (artefact) que,selon les textes, il appelle « covenant » ou « contract », ou, en termes latins, « pactum » ou « foedus ».

Malgré les apparences, cette terminologie ne traduit aucune hésitation du concept en sa pensée.

A supposer qu'après les« Elements of Law » et le « De Cive », quelque équivoque ou quelque imprécision demeure encore, l'introduction du « Léviathan » est d'une exemplaire netteté: « C'est l'art , écrit Hobbes , qui crée ce grand Léviathan qu'on appelle « République » ou « Etat » (« Commonwealth », « Civitas »),lequel n'est qu'un homme artificiel.

».

L'art de l'homme, en l'occurrence, consiste, en imitant l'art par lequel Dieu a créé la nature, à édifier par voiecontractuelle le « pouvoir souverain » en quoi réside « l'essence de la République ». En recourant au contrat pour expliquer la génération de la République (Lév.

XVII), Hobbes use d'un concept qui n'était inconnu ni des juristes de Rome ni de la pensée médiévale.

Mais les premiers ne 1'utilisaient pas pour rendre compte de l'avènement de l'expérience politique; et même si certainsjuristes du Moyen Age avaient soutenu que la vie politique requérait, pour sa naissance, deux pactes successifs unpacte d'association (« pactum associationis ») par lequel les individus s'assemblent pour former un groupement social, et un pacte de soumission (« pactum subjectionis ») par lequel, dans ce groupe, les plus nombreux, qui sont aussi les plus faibles, promettent obéissance à un seigneur qui a charge, en retour, de les protéger -, ces deuxpactes n'étaient que des engagements interindividuels par lesquels seigneurs et vassaux, en tant que personnesprivées, se promettaient mutuellement fidélité.

Or, tirant très probablement la leçon des débats au cours desquelsles penseurs de la Renaissance tels Milton , La Boétie ou Bodin , Hotman ou Suarez ...

ont défendu avec âpreté le caractère public du pouvoir politique, Hobbes entend souligner la nature fondamentalement et essentiellement publique de la société civile ou politique. En outre, fortement influencé par la science mécaniste de son temps et, surtout, par la démarche « résolutive- compositive », c'est-à-dire analytique et synthétique de la physique copernico-galiléenne, Hobbes n'hésite pas à transporter cette procédure intellectuelle de la nature physique au monde humain afin d'ouvrir la voie à « la science. »

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