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Un homme travaille-t-il vraiment à son humanité en travaillant ?

Publié le 28/03/2004

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  « Le besoin nous contraint au travail dont le produit apaise le besoin : le réveil toujours nouveau des besoins nous habitue au travail. Mais dans les pauses où les besoins sont apaisés et, pour ainsi dire, endormis, l'ennui vient nous surprendre. Qu'est-ce à dire ? C'est l'habitude du travail en général qui se fait à présent sentir comme un besoin nouveau, adventice : il sera d'autant plus fort que l'on est plus fort habitué à travailler, peut-être même que l'on a souffert plus fort des besoins. Pour échapper à l'ennui, l'homme travaille au-delà de la mesure de ses propres besoins ou il invente le jeu, cad le travail qui ne doit apaiser aucun autre besoin que celui du travail en général. Celui qui est saoul du jeu et qui n'a point, par de nouveaux besoins, de raison de travailler, celui-là est pris parfois du désir d'un troisième état, qui serait au jeu ce que planer est à danser, ce que danser est à marcher, d'un mouvement bienheureux et paisible : c'est la vision de bonheur des artistes et des philosophes. » Nietzsche, « Humain, trop humain », $611). A la question –apparemment provocatrice- de savoir si nous avons réellement besoin de travailler, Nietzsche répond par l'image d'un cercle vicieux qui nous mène indéfiniment, selon une régression à l'infini, du travail au besoin et du besoin au travail. C'est ce qu'exprime le premier temps du texte, qui est implicitement centré autour d'une mise en cause de la notion de besoin. Dénonçant l'illusion abstraite du besoin naturel qu'il faut bien combler par le travail, Nietzsche soupçonne le besoin d'être un résultat : l'habitude du travail produit le besoin du travail, qui répond donc à un besoin culturel (« nouveau », « adventice ») et non plus naturel.

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