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Les hommes doivent-ils travailler pour être humains ?

Publié le 01/09/2005

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« Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte. Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche «  (K. Marx, Le Capital, 1867). b) Ainsi, alors que le travail humain est régi par la conscience du but à atteindre, le « travail « animal est instinctif et n'est pas perfectible. * Instinctif: Bergson (dans L'Évolution créatrice, 1907) définit la conscience comme la « différence arithmétique entre l'activité réelle et l'activité virtuelle «. Dans l'instinct, poursuit-il, « la représentation est bouchée par l'action «. Au lieu que, chez l'animal intelligent (= chez l'homme), l'existence d'un déficit entre ce qui est donné naturellement et ce qui est nécessaire à la survie favorise l'invention des moyens de survivre. * Non perfectible : La perfectibilité de l'homme (sa faculté de se perfectionner) est liée à la nature même du travail humain. « Les hommes deviennent plus habiles en trouvant mille adresses nouvelles, au lieu quel les cerfs ou les lièvres de ce temps ne sont pas plus rusés que ceux du temps passé « (Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain, 1703). L'animal ne progresse pas.

Se demander si les hommes doivent travailler pour être humains revient à se demander si le travail n’est-il qu’une activité permettant la subsistance de l’homme, c’est-à-dire une annexe dans son existence, ou bien s’il représente-t-il l’activité par excellence à laquelle l’homme se livre ? Ainsi, quel rôle le travail joue-t-il pour l’humanité, autrement dit pour la définition de l’homme ?

Cela nous amène à considérer la valeur du travail en lui-même : possède-t-il une valeur positive, alors que souvent il est conçu comme pénible, voire harassant ? Cependant, il nous faut définir plus avant ce que l’humanité recouvre : qu’est-ce qu’être « humain « ? Cela s’oppose-t-il à l’idée d’un travail qui implique l’effort ? En somme, si le travail peut être perçu comme exigeant, n’offre-t-il pas toutefois les conditions mêmes de l’humanité ? Dans ces conditions, si le travail peut apparaître comme une activité dont l’homme se passerait volontiers, n’est-il pas malgré cela ce qui fonde son humanité ?

 

« tant que maître par la soumission de l'esclave, l'esclave se reconnaît comme capable en reconnaissant son esprit dans les objets qu'il fabrique ; 2° le maître est contraint de reconnaître l'esclave, puisqu'il en vient à dépendre delui ; maître et esclave sont alors sur un pied d'égalité. Le travail permet donc une double reconnaissance : celle de l'homme par lui-même et celle de l'homme par les autres.

Dans les deux cas, c'est l'esprit – la liberté de l'homme – qui s'exprime dans le fruit du travail.

Pour quel'esprit de l'homme soit libre, c'est-à-dire conscient de lui-même, il doit se reconnaître et se faire reconnaître.

Letravail accomplit donc l'essence de l'homme, il nous apporte l'humanité. III – Le double mécanisme d'aliénation du travail chez Marx L'analyse du travail par Marx emprunte beaucoup à Hegel : l'idée est reprise que le travail accomplit l'homme, à la nuance près que le systèmecapitaliste ne le permet pas.

En effet, l'homme est libre si, comme nousl'avons dit, « la nature apparaît comme son œuvre et sa réalité » (Hegel) desorte qu' « il se saisit lui-même dans un monde qu'il a créé » (il s'agit de lareconnaissance).

Dans le système capitaliste, le travail ne rend pas humain,non pas à cause de sa nature, mais à cause du système dans lequel ils'insère. Selon Marx, le travail au sein du capitalisme conduit à l'aliénation du travailleur.

Cela veut dire 1° que le travailleur est dépossédé du produit de son travail (ce qu'il fabrique ne lui appartient pas) et 2° qu'il est dépossédé de lui-même , puisqu'il travail pour un autre, celui qui lui verse un salaire.

« En conséquence, nous dit Marx, l'ouvrier n'a le sentiment d'être lui- même qu'en dehors du travail et, dans le travail, il se sent en dehors de soi.

Ilest comme chez lui quand il ne travaille pas et, quand il travaille, il ne se sentpas chez lui.

Son travail n'est donc pas volontaire, mais contraint, c'est dutravail forcé .

Il n'est donc pas la satisfaction d'un besoin, mais seulement un moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail » [1] Ainsi, le travail devient en lui-même un fait négatif.

Cela vient de ce qu'il est salarié, c'est-à-dire construit autour de la dépendance des ouvriers vis-à-vis du capital, et empêche la reconnaissance de l'individu libre et universel ainsi que celle de la richesse deson travail dans l'accomplissement de son essence. « Il [l'animal] produit seulement ce dont il a immédiatement besoin pour lui ou pour son petit ; il produitd'une façon unilatérale, tandis que l'homme produit d'une façon universelle ; il ne produit que sousl'empire du besoin physique immédiat, tandis que l'homme produit même libéré du besoin physique et neproduit vraiment que lorsqu'il en est libéré.

[…] C'est précisément dans le fait d'élaborer le monde objectif que l'homme commence donc à faireréellement ses preuves d'être générique.

Cette production est sa vie générique active.

Grâce à cetteproduction, la nature apparaît comme son œuvre et sa réalité.

L'objet du travail est donc l'objectivation dela vie générique de l'homme : car celui-ci ne se double pas lui-même d'une façon seulement intellectuelle,comme c'est le cas dans la conscience, mais activement, réellement, et il se contemple donc lui-mêmedans un monde qu'il a créé.

Donc, tandis que le travail aliéné arrache à l'homme l'objet de sa production, illui arrache sa vie générique, sa véritable objectivité générique, et il transforme l'avantage que l'homme asur l'animal en ce désavantage que son corps non organique, la nature, lui est dérobé.

De même, en dégradant au rang de moyen l'activité propre, la libre activité, le travail aliéné faitde la vie générique de l'homme le moyen de son existence physique.

» Marx, « Manuscrits de 1844 ». Dans le système capitaliste, l'ouvrier est privé de la propriété du produit de son travail.

Mais cette privation est l'expression d'une aliénation dans l'acte même de la production.

Le jeune Marx oppose ici le travail qui devrait être la réalisation de l'essence de l'homme au travail aliéné qui n'est plus qu'un moyen de satisfaire ses besoinsphysiques, et ramène l'homme au rang de l'animal.L'expression « être générique » est un terme philosophique, utilisé en particulier par Hegel.

Chaque hommeappartient au genre humain.

Le genre dépasse l'individu.

En tant qu'être « humain », chaque homme est donc lereprésentant du genre, qui dépasse son être individuel.

Le genre est l'universel qui dépasse l'individu particulier.Comment cet « être générique » peut-il se manifester ? Par la conscience que chacun a de son appartenance au genre.

Mais la conscience demeure subjective, intérieure à l'homme.

En produisant des œuvres et en transformant lanature, l'homme peut manifester « objectivement » cette humanité, à l'extérieur de lui-même.

Le monde créé parl'homme et la nature transformée par lui sont des miroirs où il se reconnaît en tant qu'homme.

Dans cetteproduction, ce n'est pas la satisfaction des besoins qui est le but.

A la différence de l'animal, l'homme ne produit passeulement pour satisfaire des besoins vitaux.

Marx dit même qu'il ne produit vraiment humainement qu'une fois le besoin vital satisfait.

L'individu qui ne travaille que pour manger ne manifeste pas son humanité par son travail.Or c'est précisément ce qui se produit dans le cas du travail aliéné.

Dans ce dernier, l'homme est privé du produit deson travail et le travail devient un moyen au lieu d'être une fin en lui-même.. »

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