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Les hommes sont-ils des êtres à part dans la nature ?

Publié le 16/01/2004

Extrait du document

► Le sujet invite de manière évidente à réfléchir sur la place de l'homme dans la nature (est-il un être naturel?), mais aussi sur le rapport qu'entretient l'homme à l'égard de la nature. On fera donc référence aussi bien au problème de la nature humaine qu'à celui de la connaissance, de la technique... ► Le pluriel «Les hommes sont-ils...« exige d'être pris en compte, et pourra donner lieu à un questionnement sur l'originalité du rapport entre l'individu et l'espèce chez l'homme. ► Il faudra veiller à ne pas limiter la nature à l'environnement naturel. La polysémie du terme «nature« devra être prise en compte afin de ne pas restreindre la réflexion à une comparaison entre l'homme et les autres êtres vivants. ► Les hommes sont des êtres qui font partie de la nature, mais ils jouiraient d'un statut exceptionnel dans la nature. ► On peut considérer les hommes dans leur totalité comme constituant un genre à part dans la nature: ils ont des qualités communes, grâce auxquelles ils ne sont pas simplement des animaux.

« Si donc les hommes ne peuvent être réduits à leur part naturelle, c'est bienparce qu'ils n'ont pas de nature au sens où leur existence serait prévisible etexplicable, «arraisonnée» dans des principes objectifs.

Alors que la nature engénéral est un ensemble de phénomènes régis par des lois universelles etnécessaires, et donc prévisibles - on peut prévoir une éclipse de soleil -,l'homme, lui, est «principe des futurs» (Aristote).

Doué de raison et demémoire, capable d'anticipation, l'homme choisit librement ses préférences,ses valeurs mais aussi ses actes, sans pour autant pouvoir en prévoir l'issue,précisément à cause de la contingence qui caractérise le monde humain, celuide la liberté.

L'homme choisit et se choisit: son existence n'est pas une pureactualisation de possibles prédéterminés; il n'est précédé d'aucune nature,c'est-à-dire ici d'aucune essence.

L'homme est donc un être à part dans lanature car lui seul n'a pas de nature: pour lui « l'existence précède l'essence»(Sartre, L'existentialisme est un humanisme).

L'individu n'est pas seulement unexemplaire d'une espèce dont il tirerait ses caractères: chaque individu est enquelque sorte «à part» car «l'homme n'est d'abord rien», «il ne seraqu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait» (ibid.).

Cette absence de naturehumaine fonde alors non seulement l'absolue liberté de l'individu, mais garantitaussi l'égalité entre les hommes: on peut bien dire que les hommes sont desêtres à part dans la nature dans la mesure où ils échappent tous audéterminisme naturel.

Toute référence à une quelconque inégalité naturelleest donc d'emblée illégitime. Une philosophie existentialiste se définit par le fait qu'elle pose l'existence avant l'essence et de la sorte définit lacondition humaine.

Les objets matériels dérivent d'un concept, répondent à une finalité — ce à quoi l'objet va servir— et à un ensemble de règles techniques.

Pour tout ustensile, l'essence précède l'existence, et son existence nevaut que dans la mesure où elle réalise l'essence, c'est-à-dire par rapport à l'idée qui a permis de la concevoir et dela produire.

Dans la théologie traditionnelle, on voit en Dieu une sorte d'artisan supérieur qui a créé le monde et leshommes à partir d'une idée, d'un projet.

Lorsque Dieu crée, il sait au préalable ce qu'il crée.

Chaque individu réaliseun certain concept contenu dans l'entendement divin.

Au xviiie siècle, au concept de Dieu a succédé le concept denature humaine, chaque homme étant un exemplaire particulier d'un concept universel : l'Homme.

Du point de vue del'idée ou de l'essence, c'est-à-dire dans le fond, tous les hommes sont semblables, quels que soient leur culture, leurépoque ou leur statut social.

Pour l'existentialisme athée tel que l'a pensé Sartre, Dieu n'existe pas, il n'y a pasd'origine unique au monde, ni de référent suprême.

Il y a un donné d'origine : la réalité humaine, soit des individusqui d'abord existent avant de se définir par concepts.

On surgit dans le monde et l'on se pense ensuite.

Si l'hommeest a priori indéfinissable, c'est qu'a priori il n'est rien tant qu'il ne s'est pas fait lui-même par un engagement dans lemonde : "L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait." C.

Les hommes sont «comme maîtres et possesseurs» de la nature Néanmoins, cette absence de déterminisme naturel peut être pensée comme une charge, aussi bien d'un point devue théorique que pratique: si tout notre être dépend de nos seuls choix, nous devons alors en assumer la totaleresponsabilité; et là où nous devons réfléchir, l'animal n'a qu'à réagir.

La place exceptionnelle de l'homme dans lanature peut donc d'abord être perçue comme une misère.

Le mythe du Protagoras (Platon) montre bien que l'intelligence, le langage, les sciences et les arts ne sont en quelque sortequ'un lot de consolation offert à l'homme par Prométhée, parce qu'Épiméthéea attribué toutes les qualités nécessaires à la subsistance aux animaux.Ceux-ci n'ont qu'à « laisser faire» alors que les hommes ont à travailler poursatisfaire leurs besoins.

Cependant, ce recours nécessaire à lareprésentation, à l'intelligence, est cela même qui permet aux hommes deprogresser.

Les moyens nécessaires à la satisfaction des besoins sontinventés par l'homme, et en ce sens sont susceptibles de perfectionnement.Ainsi, les hommes sont bien des êtres à part parce qu'ils ne se contententpas d'être dans la nature: ils la transforment par leurs techniques (cultivent laterre, canalisent les fleuves, élèvent des animaux...), grâce à la connaissancede ses lois que leur raison leur permet d'acquérir.

Les hommes se rendent ainsi«comme maîtres et possesseurs de la nature» (Descartes, Discours de laméthode). Dans la sixième partie du « Discours de la méthode » (1637), Descartes met au jour un projet dont nous sommes les héritiers.

Il s'agit de promouvoir une nouvelle conception de lascience, de la technique et de leurs rapports, apte à nous rendre « comme maître et possesseurs de la nature ».

Descartes n'inaugure pas seulement l'ère du mécanisme, mais aussi celle du machinisme, de la domination technicienne du monde. Si Descartes marque une étape essentielle dans l'histoire de la philosophie, c'est qu'il rompt de façon radicale et essentielle avec sa compréhension antérieure.

Dans le « Discours de la méthode », Descartes polémique avec la. »

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